Actualité
Appels à contributions
Fantasy flora / Flore imaginaire (revue Fantasy Art and Studies)

Fantasy flora / Flore imaginaire (revue Fantasy Art and Studies)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Viviane Bergue)

(English version below)

Branchiflore, athelas, feainnewedd ou rougeoyeur : tels sont les noms de quelques végétaux imaginaires qui croissent dans des mondes de Fantasy[1]. Qu’elle soit merveilleuse ou non, inventée de toutes pièces ou empruntée à notre réalité, la flore participe à la création d’univers. En tant qu’élément constitutif de la xéno-encyclopédie (Saint-Gelais, 1999) d’une œuvre, elle  enrichit un monde fictif, lui donne une profondeur et permet au lectorat de mieux imaginer l’espace dans lequel il plonge. 

En ce que la Fantasy médiévaliste occidentale met régulièrement en scène des environnements naturels, il n’est guère étonnant de trouver des descriptions de forêts et d’arbres. Quelques auteurs, à l’image de J. R. R. Tolkien, offrent une grande place aux plantes dans leurs textes. Le professeur d’Oxford représente d’ailleurs volontiers arbres, fleurs et motifs végétaux dans ses illustrations. 

Le paratexte de certains romans ou bandes dessinées fait parfois la part belle à la flore. Non seulement celle-ci peut apparaître sur les illustrations de couverture, mais elle peut également être détaillée dans des glossaires ou des herbiers. Le Jardin des Fées (Audrey Alwett et Nora Moretti, 2022-…) hérite par exemple de ce type de recueil. Ainsi, les pages de garde de la bande dessinée renseignent les lecteurs sur les propriétés des fleurs qui apparaîtront, pour quelques-unes d’entre elles, dans l’espace diégétique. 

Au demeurant, le végétal tient-il un unique rôle ornemental ? Se réduit-il à un décor ? Certes non. Dans quelques œuvres, il peut être investi d’une fonction narrative ou symbolique.

Réduites en poudre, coupées, équeutées, les plantes entrent régulièrement, en Fantasy, dans la composition de potions ou d’onguents divers préparés par des initiés. Le végétal est alors investi d’un pouvoir. Bénéfiques ou néfastes, salvatrices ou délétères, les plantes ont bien souvent partie liée avec la magie et permettent mille prodiges. Il en va ainsi de la zoopipelette permettant de parler le langage des animaux dans L’Herboriste de Hoteforais (Nathalie Somers, 2021) ou de la mandragore qui soigne la mère d’Ofelia dans Le Labyrinthe de Pan (Guillermo Del Toro, 2006). Différentes essences d’arbres sont aussi régulièrement utilisées dans la création d’objets merveilleux : balais volants en branches de sapin, baguettes magiques en bois de houx, d’if ou d’aubépine et autres bâtons de sorbier. Peut-on établir un lien entre la personnalité des magiciens et leurs accessoires végétaux ? Les plantes font-elles le sorcier ? 

En effet, la flore est aussi signifiante : dans Le Seigneur des Anneaux, plus qu’un végétal, l’Arbre Blanc est notamment à lire comme un emblème[2]. Et que dire des personnages, en particulier des sorcières, qui portent dans leurs noms mêmes une symbolique végétale, à l’instar de Dame Mélisse dans Magic Charly (Audrey Alwett, 2019-2022) ou des piquantes Ortie, Ronce et Épine dans Mille pertuis (Julia Thévenot, 2023) ? De temps à autre, la flore donne d’ailleurs naissance à des créatures hybrides semi végétales comme l’illustrent notamment les trolls et gobelins de Brian Froud.

Les œuvres de Fantasy qui mettent à l’honneur le végétal sont aussi parfois porteuses d’un discours écologique : valorisation du monde sauvage, sensibilisation à l’éphémère de la nature, invitation à sa protection, etc. Ce phénomène apparaît-il plus fréquemment dans la production contemporaine et, en particulier, dans la production destinée à la jeunesse ? Dès lors, la flore acquiert-elle une fonction didactique ?

Si la faune qui peuple les mondes imaginaires a fréquemment été étudiée – le bestiaire récurrent du genre comme celui d’un auteur en particulier –, les analyses portant sur la flore sont, en revanche, bien plus rares. Le 17e numéro de Fantasy Art and Studies propose donc de l’explorer en interrogeant le végétal dans les œuvres de Fantasy

Les articles pourront, entre autres, aborder les thèmes suivants : 

  • les fonctions ornementale, narrative et symbolique du végétal, 
  • l’invention de la flore et les herbiers de Fantasy : sources d’inspiration, onomastique, croquis…
  • les personnages en relation avec le végétal : jardiniers, botanistes, herboristes, fleuristes…
  • les frontières du végétal et l’hybridation (végétal/animal, végétal/humain)
  • la perspective écocritique des œuvres à travers les plantes

 Les propositions d’articles en français ou en anglais, d’environ 2000 signes, seront accompagnées d’une brève présentation bio-bibliographique, et devront être envoyées au format .doc ou .docx au plus tard le 10 juin 2024 30 juin 2024 à l’adresse suivante : fantasyartandstudies@outlook.com

Après acceptation par le comité de lecture de la revue, les articles complets, d’une longueur de 30.000 signes maximum (espaces et notes comprises), en français ou en anglais, seront attendus pour le 9 septembre 2024.  

Merci de consulter les consignes détaillées de mise en forme avant tout envoi.

Branchiflora, athelas, feainnewedd or rougeoyeur: these are the names of some of the imaginary plants that grow in fantasy worlds. Whether marvellous or not, invented from scratch or borrowed from our reality, flora plays a part in the world-building process. As a constituent element of the xeno-encyclopaedia (Saint-Gelais, 1999) of a work, it enriches a fictional world, giving it depth and enabling readers to better imagine the space in which they are immersed. 

Since Western medieval fantasy regularly features natural environments, it’s hardly surprising to find descriptions of forests and trees. Some authors, such as J. R. R. Tolkien, give plants a prominent place in their texts. The Oxford professor also liked to depict trees, flowers and plant motifs in his illustrations.

The paratext of certain novels or comics sometimes has a special focus on flora. Not only may it appear on the cover illustrations, but it may also be detailed in glossaries or herbariums. Le Jardin des Fées (Audrey Alwett and Nora Moretti, 2022-...), for example, inherits from this type of collection. The title pages of this comic tell readers about the properties of the flowers, some of which will appear in the diegetic space. 

But does the vegetation play a purely ornamental role? Is it just decoration? Of course not. In some works, it can be given a narrative or symbolic function.

Ground into powder, chopped and stemmed, plants are regularly used in Fantasy to make potions or various ointments prepared by initiates. The plant is then invested with a power. Beneficial or harmful, salutary or deleterious, plants are often linked to magic and can perform a thousand wonders. Such is the case with the zoopipelette that allows you to speak the language of animals in L’Herboriste de Hoteforais (Nathalie Somers, 2021) or the mandrake that cures Ofelia’s mother in Pan’s Labyrinth (Guillermo Del Toro, 2006). Different tree species are also regularly used in the creation of marvellous objects: flying brooms made from fir branches, magic wands made from holly, yew or hawthorn and rowan sticks. Is there a link between the personalities of magicians and their plant accessories? Do plants make the sorcerer?

In The Lord of the Rings, the White Tree is more than a plant: it is an emblem. And what can we say about the characters, especially the witches, whose very names carry a plant symbolism, like Dame Mélisse in Magic Charly (Audrey Alwett, 2019-2022) or the stinging Ortie (Nettle), Ronce (Bramble) and Épine (Thorn) in Mille pertuis (Julia Thévenot, 2023)? From time to time, flora also gives rise to hybrid semi-plant creatures, as illustrated by Brian Froud’s trolls and goblins.

Fantasy works that feature plants also sometimes have an ecological message: valuing the wild world, raising awareness of the ephemeral aspect of nature, encouraging people to protect it, and so on. Does this phenomenon appear more frequently in contemporary production and, more specifically, in that aimed at young people? Does flora acquire a didactic function?

While the fauna that populates imaginary worlds has frequently been studied – the recurring bestiary of the genre as well as that of a particular author – analyses of flora, on the other hand, are much more scarce. The 17th issue of Fantasy Art and Studies therefore aims to explore the flora in fantasy works.

Articles may address the following themes, among others:

  • the ornamental, narrative and symbolic functions of plants, 
  • the invention of flora and fantasy herbariums: sources of inspiration, names, sketches, etc.,
  • characters associated with plants: gardeners, botanists, herbalists, florists, etc.,
  • the boundaries of plants and hybridisation (plant/animal, plant/human),
  • the ecocritical perspective of works through plants. 

Abstracts of approximately 2,000 characters, written in English or French, should be accompanied by short biographical presentation, and sent in .doc or .docx format by 10 June 2024 30 June 2024 to: fantasyartandstudies@outlook.com

 After acceptance by the journal's editorial board, full papers of no more than 30,000 characters (including spaces and notes), in French or English, will be due by 9 September 2024. 

Please check the detailed formatting instructions before forwarding your paper.

Bibliographie indicative / Reference list : 

Bouvet Rachel, Posthumus Stéphanie (dir.), « Études végétales / Plant Studies », L’Esprit créateur, vol. 60-4, Johns Hopkins University Press, 2021.

Maurin Florie, « Des femmes, des plantes et de la magie. Les herboristes en fantasy jeunesse », Fantasy jeunesse, 2022, https://fantasyjeune.hypotheses.org/2836 

Prince Nathalie, Thiltges Sébastian (dir.), Éco-graphies. Écologie et littératures pour la jeunesse, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018. 

Trivisani-Moreau Isabelle, Postel Philippe (dir.), Natura in fabula. Topiques romanesques de l’environnement, Leyde, Brill, 2019.

Ueltschi Karin, Verdon Flore (dir.), Grandes et petites mythologies II. Mythe et conte, faune et flore, Reims, Épure, 2022.

[1] Nous faisons ici référence aux végétaux de Harry Potter (J.K. Rowling, 1997-2007), The Lord of the Rings (J.R.R. Tolkien, 1954-1955), Le Sorceleur (Andrzej Sapkowski, 1994-1999) et Le Pacte des Marchombres (Pierre Bottero, 2006-2008).

[2] Cf. Gabrielle Lafitte, « Arbres et plantes », dans Vincent Ferré (dir.), Dictionnaire Tolkien, Paris, Bragelonne, 2019, p. 114-118.