Peut-on à la fois trahir les siens, en changeant de classe, en adoptant d'autres valeurs, voire une autre identité, tout en prétendant les venger, en leur offrant un espace de représentation, en leur rendant une parole publique dont ils et elles sont privées ? Tel est le principal paradoxe du discours de transfuge, qui entend porter une parole populaire mais qui peut être accusé de la confisquer. En adoptant les outils de l'analyse du discours, le livre signé par Laélia Véron avec Karine Abiven sous le titre Trahir et venger. Paradoxes des récits de transfuges de classe (La Découverte) interroge les ambitions du récit de transfuge de classe. Est-il un contre-récit, qui s'oppose aux récits dominants, ou bien est-il devenu, malgré lui, un récit mythique, récupéré par le storytelling médiatique et politique libéral ? Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…
Signalons au passage le prochain colloque organisé en juin par les deux autrices "Circulations des récits de transfuges de classe : perspectives internationales, éditoriales et médiatiques", qui s'inscrit dans la continuité du Séminaire d'approches critiques des récits de transfuge de classe lui-même issu du projet TRANSILANGUE de l'Université d'Orléans.