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Écritures et scènes décoloniales : quelles modalités esthétiques, quels imaginaires scéniques ? (III) Perspectives intersectionnelles (Montpellier)

Écritures et scènes décoloniales : quelles modalités esthétiques, quels imaginaires scéniques ? (III) Perspectives intersectionnelles (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Pénélope Dechaufour )

Écritures et scènes décoloniales : quelles modalités esthétiques, quels imaginaires scéniques ? (III)

Perspectives intersectionnellesJournée d’étude organisée par Pénélope Dechaufour

le vendredi 8 mars 2024 en salle Caryatides du site Saint-Charles 2 de l’Université Paul-Valéry–Montpellier 3 (UPV)

Cette journée d’étude est envisagée comme le troisième temps du cycle « Écritures et scènes décoloniales » qui interroge les modalités esthétiques et les imaginaires scéniques d’œuvres qui sont chargées d’enjeux décoloniaux et qui s’inscrivent dans un dialogue avec la pensée issue de ce champ. 

De quelles esthétiques répondent les pratiques décoloniales ? Quelles sont les voies scéniques et dramaturgiques de la question décoloniale ? S’agit-il de s’emparer d’œuvres du passé, voire patrimoniale, dans une dynamique de (ré)appropriation (Une Tempête, Césaire ; Les Indes Galantes, Dembélé ; Swan Lake, Dada Masilo) ? Est-il plutôt question d’opter pour une esthétique de la reconstitution ou du théâtre documentaire afin de pallier les silences de l’histoire (Eva Doumbia, Alice Carré et Margaux Eskenasi) ? Quelles formes, quelles adresses, donner à un texte ou un spectacle qui chercherait à déjouer les assignations identitaires (Rébecca Chaillon, Latifa Laâbissi, Nadia Beugré, Habibitch), les clichés du « continent noir » (Joseph Tonda) et à promouvoir une plus grande diversité de narrations et de représentations (Penda Diouf, Marine Bachelot Nguyen) ? Comment ces œuvres s’emparent-elles des structures dramatiques, par exemple, en termes spatial et scénographique ? Comment les propositions qui permettent de faire connaître des figures importantes comme Saartjie Baartman, Nina Simone, Fela Kuti ou encore Jean-Michel Basquiat (Koffi Kwahulé, Kossi Efoui, Chantal Loïal) sont-elles constitutives de ces esthétiques de la décolonialité ? Quelle place pour les vibrations des cultures précoloniales dans ces créations contemporaines ? Peuvent-elles nous amener vers de nouvelles pratiques dramatiques ? Quel rapport au corps – qui porte les stigmates de l’histoire – proposent-elles à l’ère de la performance ? Une attention particulière est portée aux espaces afro-anglophones (Afrique anglophone, Etats-Unis, Royaume-Uni) ainsi qu’à l’Amérique latine où le courant propre des « études décoloniales » a vu le jour à l’initiative du groupe Modernité/Colonialité/Décolonialité sous le signe de la « désobéissance » (Walter Mignolo) à la fin des années 1990. 

Imaginée autour de la programmation du spectacle de Rébecca Chaillon Plutôt vomir que faillir au Théâtre Jean Vilar de Montpellier en co-accueil avec le Théâtre des 13 Vents – CDN, les 6, 7 et 8 mars 2024, la journée d’étude questionne cette année les liens entre les arts de la scène et la pensée décoloniale dans une perspective intersectionnelle. Si les actions du collectif « Décoloniser les arts » ont représenté une onde de choc pour le milieu du spectacle vivant en France il y a bientôt dix ans, ce sont des voix de femmes racisé·e·s qui se sont alors souvent élevées. Dans leur sillage, de nouvelles artistes ont émergé. Rébecca Chaillon est aujourd’hui emblématique de cette convergence. Dès 2018, elle affirme elle-même que les fondements de son geste artistique s’ancrent dans une intimité qui se situe « au croisement de plusieurs discriminations » (entretien ManifestoXXI). Dans sa contribution à l’ouvrage Décolonisons les arts ! (L’Arche, 2018) elle met aussi en avant cette dimension : « [j]’emmêle mon français dans mes souvenirs créoles en racontant boulimiquement la violence de mon monde de grosse jeune femme noire picarde bisexuelle ». Le programme de cette journée propose de partir du travail de cette artiste pour explorer les problématiques qu’il déploie et saisir les enjeux esthétiques et politiques d’autres propositions scéniques animées par des questions similaires.  

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Programme :

9h-Accueil et introduction par Pénélope Dechaufour (UPV)

9h20-10h – Seloua Luste Boulbina (Université Paris Cité) « Retrouver la saveur de soi »

10h-11h – Rencontre avec Rébecca Chaillon animée par Pénélope Dechaufour et les étudiant·e·s du M1 Théâtre et spectacle vivant (UPV)

Pause café

De la déprise au ressaisissement (Présidence de séance : Anouk Bertran Alvarez & Charlotte Nalin, M1 TSV)

11h10-11h50 - Sylvie Chalaye (Université Sorbonne Nouvelle) « Jouer, rejouer, dé-jouer la Vénus noire, figure fantomale de l’éroticolonie »

11h50-12h30 – Maria da Glória Magalhães dos Reis (Universidade de Brasília) « Dramaturgie décoloniale brésilienne dans [Vaga carne] Chair erratique de Grace Passô »

Pause déjeuner

Des stratégies de la déstabilisation (Présidence de séance : Mathéo Rase & Ljupko Milovac, M1 TSV)

14h-14h40 - Bérénice Hamidi (Université Lyon2) « Dé-stéréotyper nos imaginaires : un geste esthétique paradoxal »

14h40-15h20 – Pénélope Dechaufour (UPV) « Un théâtre qui joue cartes sur table  »

Pause café

Les entrelacs d’une constellation de voix (Présidence de séance : Sofia Hultiaieva & Margaux Rabin, M1 TSV)

15h30-16h10 - Raphaëlle Doyon (Université Paris 8) « Féminisme matérialiste décolonial et scènes de la sororité »

16h10-16h50 – Myriam Mallart Brussosa (Université de Barcelone) « Le monstrueux écoféminisme de Penda Diouf »

17h fin de la journée 

Informations pratiques :

L’entrée est libre.

Le site Saint-Charles 2 de l’Université Paul-Valéry-Montpellier 3 comprend deux entrées respectivement situées rue du Professeur Henri Serre et Place Albert Ier. En tramway, il faut descendre à l’arrêt Place Albert Ier (ligne 1, directe depuis la Gare Saint-Roch, et ligne 4).

Contact : penelope.dechaufour@univ-montp3.fr