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Fiction et réalité : appel à participation à une école thématique

Fiction et réalité : appel à participation à une école thématique

Publié le par Alexandre Gefen

Sorbonne Alliance

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne & Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle

École thématique philosophie et littérature


« Fiction et réalité »

27-30 mai 2024

Appel à participation

 

Cette école de formation et de recherche vise à rapprocher la réflexion philosophique contemporaine et la théorie littéraire autour des approches et des pratiques contemporaines de la fiction. L’objectif est de former des doctorants en philosophie et en littérature travaillant sur les rapports entre réel et fiction en les guidant à travers les théories et les pratiques contemporaines et de mener une réflexion interdisciplinaire devenue indispensable sur ces questions.

Depuis le début du XXIe siècle, la question de la fiction a été en effet relancée à la fois par la philosophie, la théorie littéraire et des pratiques littéraires originales. Du côté de la philosophie, les approches pluralistes nées de l’influence de Bruno Latour et son concept de « pluriréalisme », et le Nouveau Réalisme de Markus Gabriel tendent à faire participer la fiction du réel et à l’intégrer dans des ontologies plus accueillantes, avec des significations et des enjeux différents dans chaque cas. Si, d’un côté, un certain type de critique philosophique de la fiction a pu faire retour au motif des risques, réels ou supposés, du panfictionnalisme, on ne peut qu’être frappé, dans l’autre sens, par la faveur nouvellement rencontrée par diverses formes de libéralisme voire d’ultralibéralisme ontologique, qui trouvent dans les objets de la fiction le modèle d’un être qui ne se réduirait pas au réel. Ainsi la fiction est-elle plus que jamais, pour les philosophes, chargée d’un enjeu spéculatif. Cet usage philosophique de la référence à la fiction soulève inévitablement le problème du rapport entre les théories développées quant au statut, ontologique ou non, des êtres de fiction et la réalité des discours ou des dispositifs fictionnels et de leurs usages.

Du côté de la théorie littéraire, depuis le bilan de Françoise Lavocat, Fait et fiction, on a volontiers souligné l’agentivité de la fiction et son action sociale et politique sur le monde, en en faisant à travers son action de symbolisation et de représentation un acteur à part entière du réel. Cette approche pragmatique a été également nourrie des poétiques cognitives, qui mesurent pleinement les effets de l’immersion fictionnelles sur les individus. Dans ces approches, la fiction est considérée comme une « attitude épistémique » dans les derniers travaux de Jean-Marie Schaeffer et non comme une propriété du texte.

L’heure est à parler des pouvoirs de la fiction, en soulignant sa capacité à participer du jeu démocratique par l’empathie et la capacité à saisir par projection l’altérité des formes de vie les plus diverses et en lui accordant des effets de prémonition ou de préfiguration (utopies et dystopies). L’écocritique a par exemple fait de la fiction un outil permettant de dépasser par l’imagination projective les divisions entre humain et non humain, artificiel et naturel.

Simultanément, des pratiques littéraires réalistes se sont multipliées brouillant les frontières, dans une conjoncture où la littérature est tentée par le document et l’enquête, qu’il s’agisse d’attester du réel à travers des dispositifs néo-balzaciens à la Houellebecq, de travailler des terrains littéraires en adoptant la posture d’ethnographes ou de journalistes comme Florence Aubenas, ou de recourir à une autobiographie crue et hyper réaliste (Annie Ernaux). L’étiquette « fiction » se découple des textes que nous avions l’habitude de considérer comme relevant de ce régime. Ces solutions qui tendent à évacuer la fictionnalité au profit de la « non fiction » et constituent aujourd’hui au moins l’un des visages du réalisme ne sont pas les seules. Dans un régime culturel où la notion de réalité est fragilisée par le déluge informationnel et la conversion du monde en données, le réel étant donné à profusion sans plus être attesté par l’expérience, il est parasité de fake news ou d’une stupéfaction par rapport à un déluge d’événements extrêmes, entrainant une réaction littéraire qui va chercher l’attestation et la stabilisation du réel par des pratiques en dehors du pacte fictionnel réaliste traditionnel, ce qui permet de parler de « néo-réalisme » littéraire. Par les écrivains de la génération des Incultes, ou encore pour des auteurs comme François Bon ou Laurent Mauvignier, c’est de l’incohérence du monde, conçu comme polyphonie, discordante hétérogénéité, que la littérature doit témoigner. Il s’agit bien de produire, comme l’écrit Mathieu Larnaudie, un « tremblement qui perturbe, affine, ouvre le sens » et « supprime le message stabilisé, pour au contraire, faire jaillir la pluralité et la polyvocité du réel ». La littérature contemporaine se plait à l’introduction de matériaux bruts et d’inserts accidentels, cherche la sérendipidité plutôt que la téléologie, brouille les frontières entre l’information et la fiction, entre le récit et l’analyse, la haute culture et le monde ordinaire, le monde matériel et l’espace numérique. Ces fictions contemporaines néo-réalistes ne se définissent plus par référence au régime du roman réaliste et par là-même, sans doute, conduisent à reformuler la question des rapports possibles entre fiction et réalité d’une façon qui ne peut laisser la philosophie indifférente. En effet, toutes ces expérimentations laissent entrevoir, au-delà de l’opposition première entre fiction et réalité, d’autres formes de combinaison possible, de l’une à l’autre, que celle de la représentation du réel. À cet égard, les mutations contemporaines de la signification possible d’une « fiction réaliste » ne sont pas sans conséquence pour une réflexion philosophique sur le sens même de la réalité et la variété de nos rapports à celle-ci.

Responsables : 

·      Jocelyn Benoist (Panthéon Sorbonne)

·      Alexandre Gefen (CNRS-Sorbonne Nouvelle

Programme des conférences (en français et en anglais) :

Lundi 27 mai :

·      Atelier thématique : Fiction et existence

·      Conférences de Michela Summa (U. de Würzburg), Michael Lackey (University of Minnesota), Jean Marie Schaeffer (CNRS).

Mardi 28 mai :

·      Atelier thématique : le discours fictionnel

·      Conférences de Françoise Lavocat (Sorbonne-Nouvelle), Valérie Favre (Paris Panthéon Sorbonne)

·      Table ronde autour d’un écrivain : Aurélien Bellanger

Mercredi 29 mai :

·      Atelier thématique : Fiction et croyance

·      Conférences de Marco Caracciolo (U. Gandt), Carola Barbero (U. Turin), André Charrak (Paris Panthéon Sorbonne) 

Jeudi 30 mai :

·      Atelier thématique : les effets de la fiction

·      Conférences d’Alison James (U. Chicago), Markus Gabriel (U. Bonn), Maurizio Ferraris (U. Turin).

·      Cocktail de clôture.

 

Modalités d’inscription :

L’école thématique est ouverte aux doctorants, postdoctorants et jeunes chercheurs sur candidature uniquement. L’inscription à l’école thématique implique la participation aux quatre journées.

Elle aura lieu en Sorbonne. 

L’inscription à l’école thématique est gratuite. Les frais occasionnés (venue à Paris, etc.) ne peuvent être pris en charge.

Faire parvenir à alexandre.gefen@sorbonne-nouvelle.fr et jocelyn.Benoist@univ-paris1.fr un CV et une lettre de motivation.

Date limite : 1er mars 2024, les candidats seront informés de l’acceptation de la candidature 15 mars 2024.