Questions de société
Anatole Lucet, Communauté et révolution chez Gustav Landauer

Anatole Lucet, Communauté et révolution chez Gustav Landauer

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Considéré un temps par la police de l’Empire allemand comme « l’agitateur le plus important du mouvement révolutionnaire radical », Gustav Landauer (1870-1919) est une figure insaisissable, qui déjoue toutes les tentatives de catégorisation : anarchiste, il se méfiait des connotations trop négatives du mot en lui préférant celui de socialiste ; penseur du politique, il se définissait comme « antipolitique » en concevant le renouveau de la communauté libre à petite échelle, au sein même de la société existante ; révolutionnaire, il récusait l’attente d’un grand soir et marquait sa réserve à l’égard de l’action violente ; penseur de la communauté, il affirmait que la recomposition des rapports sociaux passait, avant tout, par la transformation intérieure des individus ; théoricien de la rupture et de la nouveauté, il estimait que celle-ci tirait sa vitalité du passé ; utopiste, il considérait que l’utopie devait s’expérimenter au présent et refusait toute représentation abstraite de la société idéale ; philosophe de l’action et « agitateur », il s’est interrogé sur le type de discours le plus à apte à nourrir cette action.

Cet essai est le premier à présenter, à partir des textes et de leur contexte, une lecture synthétique et complète de la pensée de Gustav Landauer, qui continue d’inspirer la réflexion politique contemporaine.

Lire un extrait…

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"L’échelle de la révolution", par Jacques Le Rider (en ligne le 19 janvier 2024).

Gustav Landauer (1870-1919) voulait changer la société hic et nunc, à petite échelle, sans attendre l’aboutissement de « la révolution » à grande échelle. Pour lui, c’est dans la pluralité des petites communautés dissidentes qui se multipliaient autour de 1900, mélangeant végétariens, naturistes, pédagogues utopistes et partisans des coopératives de production et de consommation, que pouvait s’expérimenter et se concrétiser un socialisme affranchi de l’État.

Table des matières

Remarques préliminaires
Introduction
Une philosophie de l’action
Faire communauté dans l’Allemagne wilhelmienne
« L’inclassable Landauer » : un anarchiste hétérodoxe
Éclatement du corpus, dispersion des recherches
De la communauté à la révolution, et retour
Lire Landauer

COMMUNAUTÉ

Chapitre I – L’individu et son ontologie sociale
L’individu dans la communauté
Antériorité de la société
Le contrat social n’a pas eu lieu
Les illusions du moi
L’individualisme n’est pas un atomisme
Le philistinisme de l’homme de masse
Le génie : symptôme et remède
De la singularité vers l’harmonie
Philosophie de l’esprit
Le Geist : un concept fuyant
Un esprit fédérateur
Esprit, es-tu là ?
Le retour de la transcendance ?
Esprit agissant, esprit agi
Ce que l’individu doit à la société. 


Chapitre II – Les formes contempora ines de communauté.
De l’État substance à l’État relation
L’État comme réalisation de l’artifice
Organisation de la violence
La société malgré l’État
Sortir de l’État ?
« Une singulière disposition de l’âme »
Un nationalisme anarchiste ?
Extraire la nation de l’État
Un nationalisme pluriel
Langue, culture et économie
Le rôle des nations
Le peuple et les conceptions völkisch
Un peuple en devenir
Interpréter le Volk après le nazisme 
Landauer, penseur völkisch ?
Les classes en lutte
Conformisme et déterminisme de classe
L’incapacité de la classe ouvrière
Société de classes contre société de strates
Famille et sexualité
L’« amour libre »
Variations autour du mariage.
Débat sur la nature de l’homosexualité
Une affaire privée ou publique ?
Les femmes et le féminin
Le critère du lien


Chapitre III – Reconfigurer la vie commune.
Communauté et religion
Judaïsme, christianisme et protestantisme
La tradition des hérésies
L’athéisme mystique
Les expériences communautaires de Landauer
Communauté culturelle et communauté économique
Des liens qui libèrent : l’alliance (Bund)
Fédérer dans la révolution

RÉVOLUTION

Chapitre IV – La révolution, moteur de l’histoire
Début et fin de l’histoire
Origines et commencements
Le passé vivant
Un conservatisme révolutionnaire ? 
La marche de l’histoire et l’impulsion de l’esprit
L’extériorité des obstacles.
Idoles du progrès et succédanés de l’esprit
Contre l’attentisme marxiste, il y a bien une alternative
Une historiographie utopiste et révolutionnaire
La succession des topies et utopies
Le statut de l’échec
Un utopisme du temps présent


Chapitre V – L’action : possibilité et modalités. 273
Nécessité et liberté
Du déterminisme à la détermination
Volontarisme et idéal
Contre le messianisme, une politique non événementielle
« Destruam et ædificabo »
« Réforme ou révolution ? »
Introduire la rupture : anarchisme et violence
La positivité du travail
Ici et maintenant
Commencer par soi-même : la préfiguration
Une concession pour la révolution : l’accès à la terre
L’éducation à la liberté


Chapitre VI – Science, poésie et révolution
Les sciences et la liberté humaine
L’émancipation par le savoir
L’objectivité scientifique contre l’expérience vécue
Critique du langage et langage de la révolution
Par-delà les concepts : l’insurrection nominaliste
Exprimer l’indicible par l’exemple
Professeurs, prophètes et poètes
Conclusion
Gustav Landauer et la philosophie
Landauer anarchiste
Et maintenant ?
Note bibliogra phique
Index des noms.