Questions de société
Didier Fassin, Anne-Claire Defossez, L'Exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière

Didier Fassin, Anne-Claire Defossez, L'Exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière

Publié le par Marc Escola

Fuyant les violences politiques, les persécutions religieuses ou la pauvreté, des hommes, des femmes, des enfants d’Afghanistan, d’Iran, du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, se mettent en route pour des voyages de plusieurs années au cours desquels ils affrontent les rackets des bandes armées, les brutalités des polices, les camps d’enfermement, les murs de barbelés, les rigueurs du désert, les périls de la mer. Beaucoup y perdent la vie.

Cinq années durant, été comme hiver, Didier Fassin et Anne-Claire Defossez ont mené une recherche à la frontière entre l’Italie et la France, dans les Alpes, auprès de nombre de ces exilés, pour reconstituer leur périple en l’inscrivant dans le contexte géopolitique des bouleversements du monde. Ils ont pris part aux activités menées pour leur porter assistance. Ils ont rencontré les multiples acteurs de ce territoire de migrations millénaires.

Leur enquête donne ainsi à comprendre l’expérience des exilés, l’engagement des volontaires et même le désarroi des forces de l’ordre, conscientes de la vanité de leur mission. Elle dévoile l’inefficacité d’une militarisation de la frontière qui rend plus dangereuse la traversée de la montagne et d’une politique qui nie les droits de personnes en quête de protection.

Anthropologue et médecin, Didier Fassin est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines, et directeur d’études à l’EHESS. Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheure à l’Institute for Advanced Study de Princeton.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Enquête critique sur l’exil", par Paul Bernard-Nouraud (en ligne le 23 janvier 2024).

Entre 2019 et 2023, la sociologue Anne-Claire Defossez et l’anthropologue Didier Fassin ont adopté pour terrain de leurs recherches la frontière franco-italienne dans le Briançonnais. Afin de mener à bien cette « étude de cas élargie », comme ils la nomment, ils en ont interrogé tous les acteurs – « exilés, policiers et gendarmes, bénévoles et associations » – dans l’espoir de « produire, à partir d’une somme de subjectivités, une certaine objectivation des faits ». Le fait est qu’avec L’exil, toujours recommencé, ils y sont parvenus.