À lire sur larepubliquedeslivres.com, le blog de Pierre Assouline :
Tintin décolonial, Hergé blanchi…
"Ainsi, ils l’ont fait ! Ils ont cédé à la pression. Tintin au Congo, la deuxième des aventures de Tintin reporter, parue pour la première fois en album sous la signature de son génial créateur en 1931, vient de reparaitre colorisée, sous une nouvelle couverture et précédée d’une préface. Une réédition dont la discrétion tranche avec la communication tapageuse précédant généralement les résurrections récurrentes des classiques de la BD (Astérix, Lucky Luke, Spirou, Blake & Mortimer etc). Comme si l’éditeur et les ayants-droits avaient honte de leur forfait. Et pour cause : il y a de quoi. On a même pris soin de bien l’emballer pour mieux le cacher encore au sein d’un coffret intitulé Les colorisés (59 euros, Moulinsart/Casterman), pris en sandwich entre Tintin au pays des Soviets, l’album qui l’avait précédé, et Tintin en Amérique, celui qui lui avait succédé.
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) s’en félicite. Il y a de quoi puisque depuis 2007, il n’a cessé avec d’autres collectifs de pousser à la roue afin que Tintin au Congo soit décolonialisé à défaut d’être annulé. Ce qui eut été extravagant cet album ayant toujours été plébiscité comme l’un des préférés des enfants parmi les vingt-quatre de la série. D’autres observateurs critiques regrettent la timidité de l’entreprise et l’absence d’un co-préfacier qui aurait pu être un historien ou un écrivain africain qui aurait certainement exprimé une autre sensibilité. Sans parler de ceux pour qui rien ne pourra jamais atténuer « cette monstruosité raciste increvable »." […]