Traduction Claudie Weill, Gilbert Badia, Irène Petit, Muriel Pic
Édition établie et préfacée par Muriel Pic
" C’est un chant d’amour à l’endroit du moindre brin d’herbe disparu, une plainte saisissant la vie dans son évanouissement, un poème qui connaît le secret du bonheur en dépit de tout." — Muriel Pic
Quoi de plus iconoclaste qu’un herbier composé entre quatre murs, sans l’étendue de la nature ? Au-delà des quelques fleurs et mauvaises herbes glanée dans la cour de la prison, Rosa Luxemburg reçoit par lettres de ses amies intimes des spécimens séchés ou des bouquets de fleurs fraîches qu’elle-même pressait. Aux planches de l’herbier répond ainsi tout une correspondance où il est question de botanique, de nature, de romantisme allemand, d’amour de toutes créatures, et cela, « en dépit de l’humanité ». Rosa Luxemburg ne cesse d’encourager ses proches à garder leur joie de vivre et leur gaieté alors que les nuages qu’elle entraperçoit par une fenêtre à barreaux se chargent des couleurs de la guerre et de l’acier.
L’herbier de Rosa Luxemburg est une archive sans équivalent. Composé de sept cahiers, datés d’avril 1915 à octobre 1918, sa fragilité et son histoire en font un témoignage de résistance et d’évasion, une fabrique de formes et de joie, un document sur le sentiment politique de la nature, fondement de toute écologie.
Herbier de prison est constitué de 133 planches botaniques accompagnées de la traduction des légendes manuscrites de celles-ci. Cet ouvrage recueille également une soixantaine de lettres, dans lesquelles la révolutionnaire évoque sa passion pour les plantes, ainsi que pour les animaux. Des documents inédits en français complètent le volume, notamment un journal où Rosa Luxemburg consigne les faits et gestes de sa vie d’incarcérée.
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Herbier de prison a reçu le soutien de la Fondation Leenaards, de la Fondation Jan Michalski et de la République et canton de Genève.
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Le jardin secret de Rosa Luxemburg", par Jean-Luc Tiesset (en ligne le 18 mars 2024.
On croyait tout savoir sur Rosa Luxemburg, assassinée le 15 janvier 1919 à Berlin en même temps que son ami Karl Liebknecht. Cet Herbier de prison vient à propos nous démontrer qu’il n’en était rien : celle que l’histoire a figée dans sa posture d’icône révolutionnaire avait aussi d’autres passions et d’autres talents, occultés par son activité militante. Si elles transparaissaient déjà dans divers extraits de sa correspondance, publiés en France par Gilbert Badia, et dont une traduction complète est en cours aux éditions Agone, cet ouvrage édité par Muriel Pic apporte une preuve supplémentaire (et illustrée) que son engagement politique n’a jamais tout à fait tué en elle la femme de science amoureuse de la vie et de la nature.