Appel à contributions pour un ouvrage collectif : Regards sur la critique littéraire contemporaine. Théories et pratiques
Université Sidi Mohammed Ben Abdellah
Faculté polydisciplinaire de Taza
Laboratoire de recherche : « Langue, Littérature et Traduction »
Appel à contributions pour un ouvrage collectif
En hommage au chercheur et critique marocain Pr Abderrahman TENKOUL
« Regards sur la critique littéraire contemporaine : Théories et pratiques »
Argumentaire
Indissociable de la théorie et de l’histoire littéraires, la critique est aussi ancienne que la littérature elle-même et ne cesse de progresser parallèlement à l’évolution de ses formes. Le renouvellement et la transformation qui l’ont caractérisée jadis et continuent de nos jours, ne sont pas en rupture de ban avec ceux qui touchent les œuvres littéraires ; lesquelles sont en perpétuels essoufflements derrière la réalité et l’Histoire. Ce rapport de filiation, parfois de paternité, entre la critique et l’écriture engendre pour chaque époque historique une critique qui est, à la manière des textes majeurs, le miroir de « sa mentalité ». Toute ère, sommes-nous enclins à dire, a sa critique comme elle a sa littérature et sa théorie littéraire.
L’histoire de la critique littéraire semble à ce propos participer d’une histoire des mentalités et des épistémès. En effet, d’Aristote à Barthes, et au-delà, pour la culture occidentale, et de la période des Abbassides (Al-Jahid, Al-Jurjani, etc.) à la critique arabo-musulmane moderne (Adonis, Abdelfattah Kilito, etc.), en passant par la critique d’Annahda (Al-Mazini, Al-Boustani, Al-Akkad, Taha Hossein, etc.), se dégage une évolution qui n’est pas exclusivement attachée à l’interaction texte-critique. Sans doute avons-nous affaire plutôt à un domaine vaste de nature à révéler les grandes articulations idéologiques, métaphysiques, épistémologiques qui font et refont l’histoire des textes et, partant, des sensibilités et des mentalités. C’est dans cette optique donc que la critique littéraire garde (et gardera sans aucun doute encore) ses lettres de noblesse en jouant, de moins en moins faut-il l’avouer, le rôle qui lui a été alloué, à savoir de déconstruire-reconstruire les textes au goût et à la lumière de l’épistémè du présent historique.
Ce que l’on appelle depuis déjà plusieurs décennies « Nouvelle critique » ou « critique postmoderne » doit énormément aux travaux pionniers de Georges Poulet, de Jean-Pierre Richard, de Jean Rousset, de Gérard Genette, de Roland Barthes, de Jean Starobinski, etc. lesquels, dès les années cinquante du siècle dernier, ont épousé la vision proustienne (dans Contre Sainte-Beuve) et révolutionné, chacun à sa manière, la critique littéraire avec des approches qui se réclament d’une critique « immanente » au texte ; une critique structuraliste et herméneutique qui, en prenant appui sur les sciences humaines et sociales, interroge le texte comme entité autonome. Ces mêmes travaux ont, par ailleurs, donné lieu à des approches contemporaines et extrême-contemporaines qui ont le mérite de chercher à comprendre l’immédiat littéraire mais le malheur de ne pouvoir se regrouper en écoles ou en mouvements. N’est-il pas, en effet, temps de réfléchir sur les liens qui rattachent les nouvelles approches critiques en Occident et en Afrique à la Nouvelle critique des années 60 et 70 du siècle dernier ? En quoi cette critique a-t-elle influencé ce qu’on appelle, à défaut d’autres appellations et à cause de leurs proximités historiques, les approches du contemporain et de l’extrême-contemporain ? Existe-t-il une Nouvelle Nouvelle critique littéraire ? Quels en sont les représentants et grands théoriciens ? Quels en sont les bases épistémologiques et théoriques ? Comment a-t-elle permis d’explorer et d’apprécier, sous un jour nouveau, le potentiel imaginaire et scriptural/formel de la littérature contemporaine ?
Concernant les champs littéraires maghrébin et africain, peut-on parler, surtout depuis les indépendances économiques et idéologiques qui ont fait suite à la chute du mur de Berlin, d’études critiques postcoloniales ; autrement, y a-t-il lieu de s’interroger sur les différentes approches et méthodes critiques des pays anciennement colonisés pour approcher les œuvres issues de leurs cultures ? Comment est-ce que les pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne ont-ils exploré et approfondi leurs littératures ? Enfin y a-t-il une critique contemporaine produite par des critiques nationaux sur les œuvres produites dans les cultures du Sud ?
Ce colloque international invite les chercheurs à examiner les fondements et les caractéristiques de la critique littéraire contemporaine dans ses différentes facettes tout en déployant le panorama de l’ensemble des approches critiques qui s’en réclament. Les contributeurs seront invités également, dans une perspective poético-esthétique, à faire des allers-retours entre théorie littéraire et pratique d’analyse textuelle, tous genres confondus, afin de mieux appréhender les avatars de la critique littéraire contemporaine. Ce colloque sera enfin l’occasion de faire l’état des lieux de la critique du texte littéraire francophone sous le prisme de la critique littéraire contemporaine. Le chercheur et critique marocain Abderrahman Tenkoul, qui sera à l’honneur dans ce colloque international, avait le grand mérite de contribuer, avec Marc Gontard, Bernoussi Saltani, Lahcen Mouzouni, et autres, à introduire la Nouvelle critique dans l’arène du texte littéraire marocain francophone en vue d’en tracer les contours et mettre en lumière ses spécificités.
Voici, à titre indicatif, quelques axes de réflexion qui ne se veulent nullement exhaustifs :
- La dialectique « théorie littéraire » vs « pratiques scripturales » ;
- Les nouvelles théories de la réception, etc.
- La critique interventionniste ou l’Ecole de Minuit (P. Bayard) ;
- L’après-Deleuze : la critique des littératures mineures écrites dans les langues majeures (les littératures francophones, arabophones, amazighophones, etc.) ;
- La place des critiques de la périphérie par rapport au centre parisien ;
- La critique génétique des textes maghrébins et africains.
- L’épistémocritique (la place du savoir dans le texte littéraire) ; l’écocritique (les rapports de la littérature et de la nature), la poéthique (littérature et vie) ; etc.
- La critique et le roman extrême-contemporain ;
- La critique littéraire contemporaine et les sciences humaines et sociales ;
- La critique littéraire contemporaine et les sciences du langage ;
- La critique de la critique littéraire contemporaine ;
- Le texte littéraire francophone à l’épreuve de la nouvelle Nouvelle critique ;
- La traduction de la Nouvelle critique occidentale ;
- La Nouvelle critique littéraire occidentale vs la Nouvelle critique littéraire arabe (Abdellatif Kilito, Mohammed Meftah, etc.) ;
- Les tendances actuelles de la critique littéraire marocaine.
Important :
- Langues de rédaction : français, arabe, amazigh.
- Les articles dans leurs versions finales sont à envoyer avant le 30 novembre 2024.
- Critères typographiques de rédaction des articles : Police Times New Roman ; Taille 12 ; interligne 1,15 ; Texte justifié sans alinéa ; Espacement de paragraphes avant et après : 6pt ; Références en bas de page (Nom et prénom, Titre en italique, Ville, Maison d’édition, Année, page.) ; 35000 mots au maximum (espaces compris).
- Après évaluation par le comité scientifique, les articles retenus seront publiés dans un ouvrage collectif Regards sur la critique littéraire contemporaine : théorie et pratique, dont la sortie est prévue vers novembre 2024.
- Les articles publiés dans l’ouvrage collectif feront la matière du colloque international « Regards sur la critique littéraire contemporaine : théorie et pratique » qui se tiendra à la Faculté polydisciplinaire de Taza en décembre 2024.
À adresser conjointement avant le 30 novembre 2024 à :
Mohamed LACHKAR (FPT, USMBA) : mohamed.lachkar8@usmba.ac.ma
Younès EZ-ZOUAINE (FPT, USMBA) : younes.ezzouaine@usmba.ac.ma