La base de données collaborative « Dire l’éloquence (1750-1850) » (https://eloquence.sociodb.io) a pour vocation de recenser les textes écrits sur l’éloquence et la rhétorique entre 1750 et 1850 – et même, en réalité jusqu’à la fin du 19e siècle. Il ne s’agit pas d’une collection de discours, mais bien de métadiscours : tout ce qui, durant un siècle et demi, a été dit à propos de la rhétorique et de la notion d’éloquence, définie à la fois comme art de l’argumentation et comme performance oratoire – en somme, « l’art de penser et de s’exprimer », pour reprendre les mots écrits par Germaine de Staël précisément l’année du passage d’un siècle à l’autre, dans De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800).
Sous l’Ancien Régime, la rhétorique était le socle de la formation intellectuelle et de la culture classique, mais les contraintes pesant sur la liberté d’expression ont longtemps favorisé, dans l’espace public, une éloquence essentiellement ornementale. La Révolution française a donc représenté un nouvel âge d’or pour l’art oratoire et plus particulièrement pour l'éloquence délibérative, préparé en amont par la contestation philosophique et par le développement de la pratique oratoire dans les Parlements de justice et dans les Académies. L'intervalle allant de 1750 jusqu'au mitan du 19e siècle a donc constitué une époque unique, où l’éloquence fut constamment au cœur de l’action politique et de la littérature, grâce à ses chambres d’écho que furent les assemblées révolutionnaires, les clubs, les journaux, les théâtres. La littérature, tournant le dos aux séductions de la culture aristocratique, paraissait désormais se confondre avec le meilleur de l’éloquence. Ce pacte unissant la littérature et politique caractérise toute la littérature du 19e siècle, du moins jusqu’à l’échec de l’« illusion lyrique », après la révolution de 1848. Il définit presque à lui seul le romantisme, qui fut, selon le mot de Zola, une « émeute de rhéteurs » : la formule, évidemment critique, n’en réunit pas moins les trois composantes de cette culture de l’après-1789 : la politique, l’éloquence, la littérature. Cette phase oratoire de l’histoire intellectuelle et littéraire a été depuis longtemps décrite et racontée selon différents points de vue : à partir de la philosophie des Lumières, de l’histoire politique de la Révolution, de la poétique du romantisme. Mais il manquait à ces diverses perspectives une exploration systématique et exhaustive des représentations de l’éloquence, c'est-à-dire de tous les discours explicitement tenus sur elle, qu’ils viennent des milieux intellectuels, littéraires, politiques, ou religieux. C’est ce manque que cette base de données entend contribuer à combler, tout en fournissant un outil aux futur(e)s chercheurs et chercheuses qui s'intéresseraient à la question de l'éloquence et de ses représentations.
Le site comprend plusieurs entrées, pour accéder aux ouvrages recensés : par auteur ; par genre oratoire (l’éloquence académique ; l’éloquence et l’école ; l’éloquence judiciaire ; l’éloquence littéraire ; l’éloquence politique ; l’éloquence professorale ; l’éloquence sacrée) ; par période (1750-1789 ; 1789-1815 ; 1815-1830 ; 1830-1850 ; après 1850). Chaque auteur est doté d’une fiche biographique plus ou moins détaillée, et le site est conçu pour pouvoir accueillir un résumé de chaque ouvrage ainsi que des extraits significatifs, par rapport au sujet de l’éloquence. Lorsque l’ouvrage est numérisé, le visiteur trouvera un lien vers l’exemplaire numérique de Gallica, et/ou une commande pour accéder directement au fichier PDF. Enfin, la base de données est collaborative : il est possible d’y ajouter une fiche auteur, une œuvre et un résumé, avec ou sans extrait(s). Pour obtenir les codes, merci de contacter les responsables scientifiques aux adresses suivantes : Hélène Parent (hparent1404@gmail.com) ; Alain Vaillant (alaingp.vaillant@gmail.com)
Responsables scientifiques : Hélène Parent & Alain Vaillant
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