Les oubliés de l'histoire littéraire africaine. Écrivains, textes et thèmes du non-canon (revue Sociotexte)
Sociotexte. Revue de sociologie de l'Afrique littéraire - Numéro thématique 13
Le présupposé de cet appel à contribution repose sur la chose désormais attestée qu'il n'existe rien de plus aléatoire, de plus discriminatoire que l'écriture de l'histoire. C'est ainsi que Paul Veyne1, relisant l'historiographie initiée par Michel Foucault remet en cause la prétendue rigueur méthodologique de l'historien classique. Il la substitue à la logique de l'imagination, de la narration voire de l'invention. En littérature africaine, l'arbitraire de l'historigraphie a particulièrement compartimenté l'espace littéraire en deux blocs. Il y a ainsi, d'un côté, ceux de l'institution, avec tout le label canonique portant fonction d'approbation et donc de légitimation. D'un autre côté résident les auteurs du "non-canon". Leurs textes, tout comme leurs identités d'écrivains sont frappés d'invisibilité, voire d'illégitimité. Ils sont tributaires d'une sorte d'univers parallèle qui montrerait ce qu'aurait pu être l'histoire. Ils ne figurent presque jamais dans les lieux de reconnaissance (anthologie, manuels d'histoire, textes au programme, citations, etc...). Ainsi par exemple, de Paulette Nargal, tenue loin de l'histoire de la Négritude, à Angèle Rawiri, pionnière de la littérature gabonaise, en passant par Germain Coffi Gadeau et Simone Kaya en Côte d'Ivoire, on constate que des pionniers, des auteurs, des textes et des thèmes sont souvent dotés d'une présence déficitaire en histoire littéraire africaine.
Quelles peuvent en être les raisons explicatives ? Quels sont les cas méconnus qu'on pourrait faire remonter à la surface ? Quels canaux s'offrent à l'histoire littéraire pour un rattrapage ? Comment la critique littéraire actuelle pourrait-elle problématiser cette réalité d'une contre-histoire de la littérature africaine ?
Sans présumer des résultats des études qui seront rassemblées ici, peut-être pourrait-on dire des coupures arbitraires du canon et du non-canon, de la reconnaissance et de l'oubli qu'elles participent de l'histoire même de la littérature.
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Notes de fin
Paul Veyne, 1979, Comment on écrit l'histoire, suivi de Foucault révolutionne l'histoire
Bibliographie indicative
Béhar Henri, Fayolle Roger, L'histoire littéraire aujourd'hui, Paris, Armand Colin, 1990
Certeau (De) Michel, L'Absent de l'histoire, Paris, Mame, 1973
Delfau Gérard, Roche Anne, Histoire, littérature. Histoire et interprètation du fait littéraire, Paris, Seuil, 1977
Fayolle Roger, Comment la littérature nous arrive, Paris, Presse Sorbonne Nouvelle, 2009
Fraisse, Les fondements de l'histoire littéraire. De Saint-René Taillandier à Lanson, Paris, Champion, 2002
Reid Martine, Des femmes en littératutre, Paris, Belin, 2010
Reid Martine, Femmes et littérature. Une histoire culturelle, Paris, Gallimard, 2020
Resweber Jean-Paul, "L'écriture de l'histoire. Michel Foucault et Michel de Certeau", Le Portique, 13-14, 2004, [en ligne] http://journals.openedition.org/leportique/637; DOI : https://doi.org/10.4000/leportique.637
Vaillant Alain, L'histoire littéraire, Paris, Armand Colin, Collection U, 2017
Veyne Paul, Faire l'histoire, Paris, Seuil, 1971
Veyne Paul, Comment on écrit l'histoire, suivi de Foucault révolutionne l'histoire, Paris, Editions du Seuil, 1979.
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Les articles sont reçus simultanément aux adresses suivantes: abi3christ@gmail.com / kouassiabflore@gmail.com
La date de tombée est fixé au 15 Janvier 2024
Retour d'instruction : 20 février 2024
Réception des articles corrigés : 20 mars 2024
Publication : Avril 2024.