La réception contemporaine des textes narratifs à la lumière des séries
A l'Université de Pau et des Pays de l’Adour – Bayonne, les 12 et 13 décembre 2024
Propositions de communication à envoyer d’ici le 15 février 2024
Les enseignants de lettres, les critiques et autres commentateurs de la littérature ont commencé à prendre en compte le fait que, pour reprendre l’expression de Nic Pizzolatto (créateur de True Detective), « les séries sont la nouvelle littérature populaire ». Elles sont, à ce titre, devenues l’objet d’une attention soutenue chez les universitaires et suscitent toujours plus de travaux. Maintes occasions nous sont données aujourd’hui de constater que la culture sérielle, si l’on peut l’appeler ainsi, supplante la culture filmique dans de nombreuses couches de la population. En même temps, ce genre narratif dominant, voire cannibale, ne cesse de se nourrir de figures, univers, intrigues etc. aussi bien de films célèbres que de romans, contes ou pièces de théâtre (qu’ils appartiennent ou non à un canon constitué de notre littérature). On peut continuer à commenter les textes, en particulier les « grands classiques », en faisant abstraction d’un tel phénomène. On peut aussi chercher à mieux comprendre quelles conséquences il a pour la réception des œuvres romanesques du patrimoine et pour celle des textes narratifs en général. Beaucoup de publications relatives au rapport entre ces deux médias (parmi elles Transcréation n°3 "Séries télévisées et adaptation ", 2023) se concentrent sur la part du modèle littéraire dans telle ou telle séries, l’identification des sources, l’étude des mécanismes d’adaptation des textes. Dans sa présentation du numéro de la revue TV series de décembre 2017 intitulé « Littérature et séries télévisées » Shannon Wells-Lassagne indique qu’il s’agit là d’« explorer les différentes façons dont les textes influencent le petit écran [on peut supposer qu’elle pense aussi aux « petits » écrans des ordinateurs et des téléphones] ou subvertit les attentes concernant ce que peut être cette influence ». Nous proposons, au cours de ces journées, d’envisager le rapport inverse en suivant la voie esquissée par Ronan Ludot-Vlasak dans un article (« Les séries télévisées au prisme de l’intertextualité ») de la même revue lorsqu’il prétend « explorer quelques modalités de ce que les séries télévisées font à la littérature ». Un besoin urgent se fait sentir aujourd’hui de savoir en quoi exactement leur consommation (en incluant les mini-séries) par les jeunes et les moins jeunes lecteurs conditionne la réception des textes narratifs. Dans cette perspective, les recherches pourront prendre deux directions principales :
-étudier l’éclairage que telle ou telle série projette sur l’œuvre littéraire dont elle est inspirée, en particulier mais pas exclusivement lorsqu’il s’agit d’un « grand classique » de la littérature théâtrale ou romanesque (par exemple, la mini-série TV Germinal sur le roman de Zola). Le champ d’exploration inclut les séries qui, au lieu d’adapter directement tel ou tel roman d’un auteur, s’inspirent des figures ou de l’univers de son œuvre (comme celle de Jane Austen dans Bridgerton), ressortissent au spin-off et exploitent les possibilités de la transfictionnalité.
-étudier en quoi la structuration du récit (le morcellement en épisodes, l’organisation en saisons etc.), les stratégie et procédés narratifs (pas seulement, bien entendu, les fameux cliffhangers) favorisés par ce genre audio-visuel et déjà bien étudiés, sa « complexité narrative » mais aussi les manières dont ces structures constituent un univers fictionnel, avec ses lieux, ses figures, ses objets etc., orientent les attentes et donc les réactions des lecteurs de roman ou spectateurs de pièces de théâtre. S’il est difficile (et non, peut-être, impossible) d’établir un lien statistique pertinent entre ces réactions et une conception « sérielle » prédominante du récit, on pourra du moins envisager, par exemple, de comparer la structuration, les stratégies et/ou les procédés narratifs de telle série à succès (qu’elle soit ou non inspirée par un texte littéraire) avec ceux de tel type de roman (sans exclure nécessairement les textes qui furent d’abord publiés en feuilletons au XIXe siècle) afin de comprendre en quoi la conception à l’œuvre dans la première peut entraver ou au contraire favoriser la réception du second.
Les communications, données en français ou en anglais, feront l’objet d’une publication. Les textes de proposition, sous forme d’une demi-page (comportant notamment l’indication d’une problématique et d’une courte notice biographique) doivent être envoyés à ces trois adresses : yves.landerouin@univ-pau.fr ; sylvain.dreyer@univ-pau.fr ; laurence.comut@univ-pau.fr.
Date limite : 15 février 2024