En 1992, Guy Scarpetta entreprenait de dresser le portrait d’un « art du trouble », dont il repérait la présence en littérature depuis une vingtaine d’années, et appelait à son plein déploiement. Le trouble était alors décrit par le critique comme ce qui « introduit dans le champ de l’art (et de sa perception) un coefficient d’impureté ou de déstabilisation, ce qui triche avec les codes, ce qui perturbe les orthodoxies, ce qui fissure les conformismes […], ce qui ne vise pas la destruction mais l’ambiguïté, le malaise, le vertige ». Cet art du trouble « méconnaît les frontières, brouille les classifications, perturbe les découpages établis ». Il tend « à explorer des zônes [sic] hybrides, ambiguës, [...] en somme à déséquilibrer tout ce qu’il touche (les sujets, leur image, leur intégrité, mais aussi les représentations, les conceptions du monde, les consensus collectifs).
Tout à la fois regard diagnostic jeté sur une époque et manifeste resté sans suite, l’article de Guy Scarpetta définit ainsi une « esthétique » du trouble dont nous souhaitons aujourd’hui reprendre l’analyse. En déplaçant, en amont comme en aval, les bornes temporelles qu’il proposait, il s’agira, lors de cette journée d’étude, de définir les formes, les enjeux et les effets d’un « art du trouble » dans la littérature française des XXe et XXIe siècles. Les communications qui s’y tiendront s’intéresseront à la représentation des expériences du trouble comme à celui ressenti par le lecteur, aux poétiques du trouble comme aux hybridité et ambiguïté génériques. La journée s’achèvera sur une discussion collective.
Programme prévisionnel
9h – Accueil des participants
9h30 – Ouverture de la journée d’étude
9h45 – Session 1
- L’irrésistible aspiration à la fugue dans la littérature moderniste (B. Mouchet)
- La recherche du trouble, une quête romanesque et ontologique : Le Procès-verbal de J.-M. G. Le Clézio (1963) (N. Lesman- Théry)
+ Discussion
10h40 – Pause
10h55 – Session 2
- Troubles de l’identité auctoriale. La lecture des romans du Giono « nouvelle manière » : une expérience déstabilisante (A. Marion)
- Trouble dans le genre romanesque : Le cas de Taher Ben Jelloun et de Mohamed Leftah (A. A. Houdzi)
- Trouble essayiste dans l’extrême contemporain (M. Aubry-Maurici)
+ Discussion
12h10 – Pause déjeuner
13h30 – Session 3
- Écrire avec le trouble de la mémoire, lire et chercher avec l'opacité : en-quête et vacillement chez Fabienne Kanor (L. Combreau)
- « Explorer le trouble » : enjeux poétiques, esthétiques, narratifs et identitaires dans les romans d’Emmanuelle Bayamack-Tam. (A. Gournay)
+ Discussion
14h25 – Pause
14h40 – Session 4
- « Cette inénarrable voie » : fictions du trouble chez Georges Bataille. (R. Perez)
- Marie NDiaye et le « trouble alimentaire » (A. Salonen)
+ discussion
15h45 – Discussion collective.