Éthique queer / Corporalités queer
Colloque international
Université de Sherbrooke, Campus de Longueuil
Québec, Canada
7, 8, 9 mars 2024
Cet appel à contribution sur l’Éthique queer et les corporalités queer invite des chercheur.e.s universitaires à présenter leurs réflexions et leurs analyses sur les intersections entre, d’une part, l’éthique et la corporalité queer et, d’autre part, l’épistémologie du care. Une réflexion sur ces intersections peut mener à une première trajectoire historique à partir de l’ouvrage précurseur de Michel Foucault Le souci de soi (1984), où il souligne que même si les codes « […] concernant l’économie des plaisirs, la fidélité conjugale, les rapports entre les hommes pourront bien demeurer analogues», à l’avenir ceux-ci « […] relèveront alors d’une éthique profondément remaniée et d’une autre manière de se constituer soi-même comme sujet moral de ses conduites sexuelles. » (274) Comme les livres d’Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Michael Warner, José Esteban Muñoz, Jack Halberstam, Ann Cvetkovich, Heather Love, Sara Ahmed, Roderick A. Ferguson, Elizabeth Grosz et d’autres l’ont exploré ces dernières années, les constructions queer du soi – qui sont situées de manières diverses, qui prennent des formes discursives variées, qui sont dynamiques, qui perturbent et recomposent les subjectivités reçues et les limites de la normativité, du sexe, du genre, des classes et des races – présentent aussi des préoccupations profondément éthiques en ce qui concerne l’intersection du soi et de la société, les formes de parenté, de famille et du care.
Inspiré de la Phénoménologie queer (2006) de Sara Ahmed, le livre le plus récent de Judith Butler, What World Is This? A Pandemic Phenomenology (2022), soulève plusieurs questions à propos de ce que signifie l’orientation d’un corps — au sens queer et aussi dans d’autres sens — dans un contexte spatial, social, et même planétaire, et ce, comme la pandémie l’a prouvé, dans un monde où les frontières entre l’humain et le non-humain sont de plus en plus brouillées et où la précarité, la pauvreté, le racisme, la transphobie et le sexisme, sous toutes leurs formes, s’accroissent. Dans ces conditions, Butler demande — comme elle le fait à travers plusieurs de ses publications — « qu’est-ce qui rend une vie vivable? […] combien de temps puis-je vivre ainsi? » (29) Ces questions évoquent des principes centraux de la réflexion planétaire d’un point de vue éthique.
La démarche visant à créer un « monde habitable » pour tous doit tenir compte à la fois du soi et du social, et ce, en termes fondamentalement éthiques. En effet, d’une part, comme le défend Butler, « [ê]tre un corps à part entière, c’est être lié aux autres » (37) et, d’autre part, cela signifie que nous devons « considérer le fait “d’être lié aux autres” comme une caractéristique fondamentale de la personne que je suis » (39). Comment pouvons-nous analyser et articuler le queer, le genre et les orientations sexuelles dans les espaces du pouvoir et de la résistance qui sont quant à eux désorientés et en constante évolution? Voici certaines questions auxquelles ce colloque cherche à répondre.
Ce colloque international explore les multiples possibilités éthiques qui sont ouvertes par les réflexions et analyses queer, et ce, à partir de plusieurs points de vue. Nous proposons d’aborder la constitution du soi en tant que sujet queer et éthique en incluant des questions liées à la biopolitique, à la géopolitique et à la nécropolitique. Ces questions sont portées par des discours sociaux sur les individus et les communautés dans un contexte où ces derniers font face à des contraintes sociales, politiques et culturelles. Nous pouvons ainsi réfléchir à l’impact de la subjectivité, de l’assujettissement, de l’intersubjectivité, du pouvoir, de la domination, de la soumission et de la résistance sur la formation des existences, des subjectivités et des éthiques queer. Ce colloque cherche à favoriser les échanges sur les points d’intersection variés de l’éthique queer, de la corporalité et du care, parce que à partir de ces trois perspectives nous pouvons remettre en question les normes, la normativité, la normalisation ainsi que les limites de leur représentation. En analysant la corporalité à partir de la théorie et de l’éthique queer, et vice-versa, le colloque cherche à explorer les manières dont les constructions individuelles et sociales de l’identité de genre, de l’expression et de la performance du genre — dans l’intimité, dans l’espace public et de manière plus globale dans le monde — ainsi que les expériences et les pratiques sexuelles au sein de divers contextes culturels perturbent et façonnent les manières émergentes d’habiter le monde (Butler).
Les sujets d’analyse peuvent inclure, sans s’y limiter, les champs suivants :
· Éthique
· Corporalités
· Études de genre
· Études queer
· Études LGBTQ2+
· Éthique du care
· Constitution du soi
· Subjectivité, assujettissement et intersubjectivité
· Intersectionnalité (sexe, genre, classe sociale, race, etc.)
· Parenté et famille
· Phénoménologie
· Planétarité
· Humain et non-humain
· Sexualité, orientation sexuelle et pratiques sexuelles
· Pouvoir, domination, soumission et résistance
· Biopolitique, géopolitique et nécropolitique
· Littérature, cinéma, médias, art action, discours sociaux
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Pour ce colloque, nous acceptons des propositions de communication, de sessions, de tables rondes et d’ateliers en français et en anglais. Les propositions, d’une longueur maximale de 250 mots, doivent indiquer le nom du/de la chercheur.e, son affiliation institutionnelle et son courriel.
Les propositions sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2023 par courriel aux membres du comité organisateur :
Domenico Beneventi < domenico.beneventi@usherbrooke.ca >
Jorge Calderón < calderon@sfu.ca >
Ce colloque est organisé dans le cadre des activités de recherche du groupe « Corporalité et sexualité queer au Canada et au Québec » qui est subventionné par le FRQSC. Le groupe est formé par des professeur.e.s de l’Université de Sherbrooke, de l’Université de Montréal, de l’Université d’Ottawa, de l’Université de Victoria et de l’Université Simon Fraser.