La revue Roman 20-50 consacre une livraison à "Édouard Levé" (1965-2007), dont la trajectoire fut placée sous le signe d’une activité intense, ramassée sur moins d’une décennie. Le temps en révèle les contours fulgurants et éblouissants sur un fond enténébré par une mort volontaire que l’écrivain-plasticien a minutieusement organisée à la manière d’une performance. Cette forme de clôture contraint naturellement les lecteurs à une réception toute particulière d’une œuvre conçue de façon programmatique, totale et symétrique. Ainsi, Levé laisse d’une part quatre grands recueils de séries photographiques (Angoisse, Reconstitutions, Fictions et Amérique, auxquels font face (ou écho) quatre textes (Œuvres, Journal, Autoportrait et Suicide , tous publiés aux éditions P.O.L. Tandis que les séries photographiques ont été exposées dans les plus grandes institutions muséales, la part littéraire de l’œuvre d’Édouard Levé appelle a suscité un intérêt critique un peu moindre – nonobstant les essais de Nicolas Bouyssi et de Stéphane Girard. Ce sommaire vient montrer que les quatre livres de Levé suivent un cheminement, à chaque fois inédit, qui interroge les rapports entre les sphères artistique et littéraire, jouant, déjouant, neutralisant parfois même leurs différences. Fabula donne à lire ce sommaire, directement accessible en ligne via Cairn…
(Photo.: La Blessure (série Transferts), Edouard Levé, 2004 © Galerie Loevenbruck)