Notre souhait est de prendre « forme » au sens fort et donc au sérieux, non comme une métaphore ou une simple façon de parler. Non pas bien sûr pour évaluer cette vie esthétiquement (une vie plus ou moins belle que les autres) mais pour s’en saisir par la sensorialité, soit par l’intensité affective qui la constitue. Se sentir ensemble, vivre une existence commune, participer à la communauté peut ainsi se dessiner de plusieurs manières, d’un trait ferme ou tremblant, plus ou moins brillant ou effacé, continu ou discontinu. Souvent, l’attention démesurée portée exclusivement au « contenu » de ce qui serait commun (« l’identité » !) a fait disparaître la figure que dessinent nos liens. Or les vives inquiétudes aujourd'hui quant à la supposée disparition du contenu commun de nos vies appellent sans doute à porter plus d’attention —et à accorder plus d’importance— aux formes que celui-ci peut prendre et qui font justement apparaître l’être-en-commun comme forme-de-vie.
Questions de société
Publié le par Marc Escola (Source : Rémi Astruc)