Poétiques francophones et écritures (im)migrantes. Mélanges en l’honneur de Catherine Mazauric
Appel à contributions
Poétiques francophones et écritures (im)migrantes
Mélanges en l’honneur de Catherine Mazauric
Professeure émérite de littérature contemporaine d’expression française, Catherine Mazauric a commencé sa carrière dans l’enseignement secondaire en France au début des années 1980. Elle s’installe ensuite en Afrique de l’Ouest où elle exerce dans la formation des enseignant.e.s dans des instituts de plusieurs pays de la sous-région (Mali, Sénégal, Cap-Vert) de 1982 à 1999. Après une première partie de sa carrière consacrée à la didactique, elle revient en France en tant que PRAG à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès, où elle soutient une thèse intitulée « Le lecteur d'Afriques : contribution à une didactique transculturelle de la lecture littéraire », en 2004, sous la direction de Guy Larroux. Durant sa carrière universitaire, elle a dirigé de nombreuses thèses, a été membre de plusieurs réseaux et groupes de recherche (GREL, APELA…), et a occupé plusieurs postes à responsabilité dont celui de Directrice du CIELAM (Centre Interdisciplinaire d’Études des Littératures d’Aix-Marseille) de 2017 jusqu’à son départ à la retraite en 2022. Ses travaux, axés sur la francophonie littéraire, embrassent plusieurs thématiques et ses corpus d’étude sont variés.
Qu’il s’agisse de la recherche, qu’elle poursuit actuellement ou de l’enseignement, Catherine Mazauric œuvre depuis le début de sa carrière pour une meilleure connaissance des littératures francophones, avec une préférence pour celles d’Afrique, « la base de son identité[1] » de chercheuse, et des Caraïbes françaises. En somme, des écritures que l’on pourrait qualifier de postcoloniales. Ces mélanges, à l’initiative de quatre de ses ancien∙ne∙s doctorant∙e∙s, souhaitent rendre hommage à son investissement dans la recherche et la diffusion des littératures africaines et des territoires dits d’Outre-Mer françaises. Nous avons retenu les thèmes de « Poétiques francophones » et « d’écritures (im)migrantes », car ceux-ci nous semblent regrouper l’ensemble des travaux de l’enseignante-chercheuse, qui a toujours pensé la littérature non comme « un ensemble fermé de textes, mais comme un enjeu de circulation[2] », de mise en relation et de passage de frontières. Ainsi, sa bibliographie fait figurer des auteur∙rices important∙e∙s de la littérature africaine et caribéenne de ces deux derniers siècles tels que Sony Labou Tansy, Tierno Monénembo, Sembène Ousmane, Patrick Chamoiseau, Ahmadou Kourouma, Léonora Miano, Maïssa Bey, Fatou Diome, Abdourahman Waberi, Frédéric Valabrègue…
Héritage de la colonisation, la création littéraire des espaces dits de la francophonie est encore relativement assujettie à la validation de Paris. Fort heureusement, le processus d’autonomisation (Josias Semujanga, 268, 1991) engagé depuis plusieurs années a donné lieu à l’émergence de maisons d’édition périphériques, permettant une explosion des publications. Des prix littéraires sont organisés aujourd’hui ailleurs qu’à Paris, idem pour les salons littéraires, etc., et cela tend à forcer les institutions académiques françaises à leur faire une place plus importante. Dans certaines Universités, les dénominations comme « littérature française » ont laissé la place à celles de « littératures d’expression française », qui incluent les productions de la métropole. Elles mettent ainsi un terme à la vieille tradition coloniale qui consistait à considérer comme accessoire les œuvres issues des anciens espaces conquis, et à les différencier de la littérature dite « française ». La dynamique des recherches autour de la pluralité de ces littératures aboutit à une approche comparatiste des textes dans un cadre inclusif. Par conséquent, le pluriel dans « poétiques francophones » consiste à souligner la diversité des créations qui ont certes le français en commun, mais qui se nourrissent aussi des spécificités de leurs espaces culturels. De plus, la circulation des auteur·rice·s de ces différents espaces incite la critique à développer des ensembles au sein du vaste champ qu’est celui des littératures dites « francophones ». À l’exemple des écritures (im)migrantes qui permettent de lire « les transferts culturels en contexte migratoire et conduisent inévitablement à des échanges discursifs complexes, voire à des formes d’hybridation. » Lesquelles hybridations « engagent les genres, les langues, les topographies ou les postures d’énonciation » (E. Declercq, 301, 2011). Ces déplacements physiques ou imaginaires des auteur·rice·s créent une littérature transnationale et soulèvent des problématiques liées à l’altérité, l’hybridité et la « fabrication des identités » nouvelles (Mazauric, 2012).
Ce projet se propose de mener une réflexion sur la situation des poétiques francophones et des écritures (im)migrantes contemporaines. Les différentes contributions pourront aborder ces questions suivant les axes non exhaustifs ci-dessous.
- Jeux et enjeux des récits francophones et postcoloniaux
- Littérature et (im)migration, exil et identité
- Récits de frontières et de passages, Errance, brûleurs (Harraga)
- Défis climatiques et écopoétique dans le roman francophone
- Littératures et études de genres
- Intermédialité et hybridations artistiques
- Plurilinguismes
- Sujet lecteur, rapport à l’œuvre et questions de réception.
Idéalement, nous souhaiterions qu’une place soit accordée aux articles et travaux de recherche de Catherine Mazauric dans les bibliographies théoriques. Les contributions sous forme de témoignages des collègues et collaborateurs∙rices sont aussi les bienvenues.
Les propositions de contribution en français de 250 à 300 mots et une courte notice bibliographique sont à envoyer au plus tard le 30 octobre 2023 à melanges2025@gmail.com. Les articles ne devront pas excéder 6000 mots.
Calendrier :
- date limite de réception des propositions : le 30 octobre 2023
- réponses aux contributeurs∙rice.s : le 20 décembre 2023
- réception des articles rédigés : le 15 avril 2024
- dépôt du volume : le 30 septembre 2024
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Comité scientifique
- Cécile Canut, Université de Paris Cité
- Odile Gannier, Université Côte d’Azur
- Elara Bertho, CNRS / LAM
- Christine Le Quellec Cottier, Université de Lausanne
- Cheryl Toman, Université de l’Alabama
- Pierre Halen, Université de Lorraine
- Romuald Fonkoua, Université Paris-Sorbonne
- Alexis Nouss, Université d’Aix-Marseille
- Markus Arnold, Université du Cap
- Patrick Suter, Université de Berne
- Mounira Chatti, Université Bordeaux Montaigne
- Jean-Marc Moura, Université Paris Nanterre
- Xavier Garnier, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
- Sylvère Mbondobari, Université Bordeaux Montaigne
- Cécile Van den Avenne, EHESS Marseille
- Marie-José Fourtanier, Université Toulouse II Jean Jaurès
- Christiane Fioupou, Université Toulouse 2 Jean Jaurès.
- Adama Coulibaly, Université Houphouët-Boigny/Abidjan
- Yolaine Parisot, Université Paris-Est Créteil
- Susanne Gerhmann, Université Humboldt de Berlin.
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Comité de lecture :
- A. Stevellia Moussavou Nyama, docteure en littérature comparée, Aix-Marseille Université
- Romuald Valentin Nkouda, docteur en littérature comparée, Université de Maroua
- Nicolas Treiber, docteur en littératures africaines, conseiller littéraire
- Marjolaine Unter Ecker, docteure en littératures francophones, Aix-Marseille Université
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Bibliographie indicative
- ARNOLD, Markus, Corinne, DUBOIN, et al., (éds.) Borders and ecotones in the Indian Ocean. Cultural and Literary Perspectives, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2021.
- COULIBALY, Adama, et Yao Louis, KONAN, (dir.), Les écritures migrantes. De l’exil à la migrance littéraire dans le roman francophone, Paris, L’Harmattan, 2015.
- DECLERCQ, Elien, « Écriture migrante », « littérature (im)migrante », « migration littérature » : réflexions sur un concept aux contours imprécis », Revue de littérature comparée, vol. 339, no. 3, 2011, pp. 301-310.
- GARNIER, Xavier, Écopoétiques africaines. Une expérience décoloniale des lieux, Paris, Karthala, 2022.
- MAZAURIC, Catherine, Marie-José FOURTANIER, Gérard LANGLADE (dir.), Le texte du lecteur, Bruxelles, Peter Lang, 2011.
— Mobilités d’Afrique en Europe. Récits et figures de l’aventure, Paris, Éditions Karthala, coll. « Lettres du sud », 2012.
— Marie-José, FOURTANIER, Pierre, SOUBIAS, et al. (éds.), Patrick Chamoiseau et la mer des récits, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Collection Littératures des Afriques » n° 3, 2017.
— Cécile, CANUT, (dir.), La Migration prise aux mots. Mises en récits et en images des migrations transafricaines, Paris, Le Cavalier Bleu, 2014.
— Anne, ROCHE, Ghyslain, LEVY, (dir.), L’Algérie, traversées, Paris, Hermann, 2018.
— Marjolaine, UNTER ECKER, (dir.), « Léonora Miano. Déranger les genres », Études littéraires africaines, n° 47, 2019.
— « Routes de la migration irrégulière : épreuves et récits (1974-2019) », La Revue des lettres modernes, série Voyages contemporains, 2021.
— « Débords musicaux du texte. Vers des pratiques transartistiques de la désappartenance (Léonora Miano, Dieudonné Niangouna) » [en ligne], Nouvelles Études Francophones, vol. 27, n° 1, 2012, URL : http://muse.jhu.edu/content/crossref/journals/nouvelles_tudes_francophones/v027/27.1.mazauric.html, consulté le 14 octobre 2022.
- MOUSSAVOU NYAMA, A. Stevellia, David, SIERRA, et al. (dir.), Recherche et action : Regards croisés sur les mobilités et l’altérité, Presses Universitaires de Provence, 2022, pp. 232.
— Sarah, VOKE, « Les mots pour se dire et nommer la perte : écriture et partage », in Recherche et action : Regards croisés sur les mobilités et l’altérité, Presses Universitaires de Provence 2022, pp.21-33.
— « Le migrant ou la métaphore du conquistador : le cas de Shrapnel dans Tels des astres éteints de L. Miano », Éthiopiques, Dakar, n° 102, 1er semestre 2019, pp.81-92.
— « La représentation de l’expérience inénarrable de la migration », Cahiers d’études romanes, Aix-en-Provence, [En ligne], 36 | 2018, mis en ligne le 02 octobre 2018, URL : http://journals.openedition.org/etudesromanes/7405.
- FIOUPOU, Christiane, La route : réalité et représentation dans l’œuvre de Wole Soyinka, Amsterdam Atlanta, Rodopi, 1994.
- MOURA, Jean-Marc, Espace méditerranéen : écriture de l’exil, migrances et discours postcolonial, avec Vassilki Lalagianni, Amsterdam, Rodopi, 2013, 208 p.
— Littératures francophones et théorie postcoloniale, Presses Universitaires de France, 2013[1999].
- NOUSS, Alexis, « Portrait du migrant en arrivant. Ou : Le migrant comme sujet politique », Lignes, vol. 60, no. 3, 2019, pp. 77-90.
- SEMUJANGA, Josias, « Problématique des littératures francophones », in Culture française d'Amérique ; pp. 251-270.
- SUTER, Patrick, et FOURNIER KISS, Corinne (dir.), Poétique des frontières. Une approche transversale des littératures de langue française (XXe-XXIe siècles), Genève, MētisPresses, coll. « Collection Voltiges », 2021.
- THOMAS, Dominic, Noirs d’encre : colonialisme, immigration et identité au cœur de la littérature afro-française, Paris, La découverte, 2013.
- UNTER ECKER, Marjolaine, Questions identitaires dans les récits afropéens de Léonora Miano, Toulouse, PUM, 2016.
[1] https://www.lemondedarthur.fr/personne/catherine-mazauric/865576/
[2] Idem.