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Violence du cœur. Violence de la raison (revue Peuples Méditerranéens)

Violence du cœur. Violence de la raison (revue Peuples Méditerranéens)

Publié le par Marc Escola (Source : Carole Medawar)

(English version below)

Violence du cœur. Violence de la raison.

Appel à contributions pour le numéro 82 de Peuples Méditerranéens

Revue internationale fondée par Paul Vieille en 1977.

Le cœur a ses violences que la raison ignore. La raison exerce des violences qui méconnaissent le cœur et ne font pas de sentiment. Les mouvements forcenés du cœur et de la raison s’opposent de prime abord, tendant à s’exclure l’un l’autre. Néanmoins, d’un point de vue dialectique, les deux prismes finissent par n’en faire qu’un, si bien que les arguments de la raison et du cœur se trouvent inextricablement liés. Que l’on songe à la guerre de Troie et à son origine, tel que L’Iliade nous la rapporte : l’enlèvement d’Hélène, femme du roi grec Ménélas, par le troyen Pâris, conduira à une expédition guerrière et à la destruction de la ville de Troie. L’épopée homérique comporterait le ressort quasi archétypal de tous les conflits. Une passion "jalouse" et irrépressible qui soumet et utilise la raison est leur origine commune : la rivalité pour la possession d’un objet ou l’hégémonie territoriale (Hélène de Troie, les armes d’Achille, ou, aujourd’hui, la Crimée, les ressources minières de la Centrafrique, le contrôle d’un point de deal…).

Mobiles rationnel et sentimental s’enchevêtrent sous l’emprise de l’hybris, que l’on retrouve dans le récit biblique du premier fratricide de l’humanité (Genèse 4, 1-16) : aveuglé par la jalousie, Caïn extermine impitoyablement Abel, espérant obtenir de la sorte les faveurs de l’Eternel. La convoitise renvoie à une violence mimétique essentiellement intersubjective et sociale. Cette théorie forgée par René Girard pour expliquer les gènes de l’agressivité postule que la rivalité mimétique « est responsable de la fréquence et de l’intensité des conflits humains […]. Les hommes sont exposés à une contagion violente qui débouche souvent sur des cycles de vengeance, des violences en chaîne […] toutes semblables de toute évidence parce qu’elles s’imitent toutes. » (2010, 19). Aux yeux de Girard, l’histoire des civilisations assoiffées de révolutions et de justice prend corps dans des rapports de force mimétiques, concrétisés par un déchaînement de violences lié à un territoire, à la fois noyau de l’identité et de l’adversité. Face à autrui qui « intervient très régulièrement en tant que modèle, soutien et adversaire » (Freud, 1921, 123), la raison s’effrite sous des motivations d’ordre pulsionnel ; elle dégénère en discordance et cruauté. Le Malaise dans la civilisation, dépisté par Freud, se manifeste dans la lutte permanente entre Eros et Thanatos. Sans instinct de contre-volonté, insurrection, violence révolutionnaire, dissidence, chaos, ataxie…, il n’est pas de reconstruction, d’ascension ataraxique. D’où la notion d’organisation chaordique, délivrant le diaïrétisme fondamental : draos / ordo. Archétype vital de la psychologie des profondeurs jungienne, l’Ombre, masse confuse, doit être intégrée à la conscience, afin de réaliser la coïncidence des opposés et de transformer les pulsions néfastes en germes de vie et de création. 

Toutefois, force est de constater dans la plupart des cas une projection de ce côté ténébreux sur le monde, avec pour conséquence morbide : l’inflation du Moi. Désir d’hégémonie, xénophobie, fanatisme, viols, délinquances, tortures, gabegies, bavures, crimes abjects, terrorisme, etc. spolient l’humanité, qui se scinde inexorablement en « tribus planétaires » (Amin Maalouf, 2009, 29). Que dire de l’enracinement corrosif des politiques impérialistes, antisémites et racistes, des exactions des expansions coloniales et des régimes totalitaires, ainsi que les catastrophes effroyables qui en découlent ? Dans le numéro 12 de Peuples Méditerranéens, Paul Vieille souligne un processus de démoralisation au cœur de la révolution iranienne de 1979. Le passage du régime autocrate au régime théocrate sape les revendications de justice, conduisant à un abus de pouvoir : « Bonne conscience, certitude de la légitimité de leur pouvoir, et de leur supériorité de caste, absence de contrôle, loi du silence, toutes les conditions sont réunies pour un exercice arbitraire du pouvoir » (1980, 132).

La légitimation de ce déferlement inévitable de violences inhérentes à toute société est toujours problématique. Aussi les hymnes de renaissance et de salut qui accompagnent les instaurations d’ordre nouveau se heurtent-ils à l’absence de compréhension face à la dévastation et au démantèlement absurdes dont ils sont la conséquence. Une « bipolarité » que Roman Polanski met en scène dans Le Pianiste, lorsque Wladyslaw Szpilman, survivant du ghetto de Varsovie, tente de trouver refuge dans un champ de ruines. Filmée en plongée, la séquence dénonce d’une part la barbarie qui réduit la terre violée à une nécropole et, d’autre part, la vanité de l’homme, rappelé à l’humusation, écrasé par la mégalomanie destructrice des grandes puissances. « L’ombre de [la] mort […] a plané sur tout un siècle de Guerres mondiales, d’exécutions de masse et d’apocalypse nucléaire, balisé des noires figures de la barbarie : Dachau, Goulag ou Hiroshima », remarque Jean-François Mattéi dans La Barbarie intérieure. Essai sur l’immonde moderne (1999, 24). La quête de sens échoue, tout comme le discours, logos organisateur auquel la violence absolue vient mettre un terme. Dans Les damnés de la terre, Frantz Fanon vilipende le système de coercition qui strie le continent africain. Il avance l’exemple de la longue et cruelle domination de l’Algérie par les dirigeants français. Dès lors, le colon, archétype de l’homme civilisé, aliène l’autochtone, perçu à tort comme subalterne et barbare. La ségrégation raciale s’exprime notamment moyennant la politique de l’apartheid, appliquée en Afrique du Sud en 1948, et ce, durant trente ans. La violence du dominateur le dote de pouvoir et de richesses, tandis qu’elle attise une soif insatiable de vengeance chez le colonisé, qui aspire à l’émancipation et à la reconquête de sa terre outragée. Aux yeux de Fanon, « le colonisé qui décide de réaliser ce programme, de s'en faire le moteur, est préparé de tout temps à la violence. Dès sa naissance il est clair pour lui que ce monde rétréci, semé d'interdictions, ne peut être remis en question que par la violence absolue. » (1968, 41). De plus, la prolifération des disparités ethniques engendre paupérisation (violence économique), réification des individus, assujettissement des femmes (violence symbolique) et guerres sanguinaires, perpétuées par la stratégie néocoloniale.

Abus de force, la violence renvoie étymologiquement à une effraction, une transgression qui génère une dissonance, une disharmonie, voire un décalage entre la quête perpétuelle de sens et le désarroi du monde, strié par les malversations et les hostilités. Instrumentale par nature, la violence est destructrice de tout pouvoir concerté et donc des conditions de possibilité de toute communauté humaine, selon Hannah Arendt. Tel un perpetu mobile lié à la condition humaine, elle alimente une topographie manichéenne scarifiée de dommages collatéraux, un étouffoir où les victimes émissaires se débattent avec leurs bourreaux, tels que l’illustrent nombreux drames mythologiques ou œuvres littéraires et artistiques, à l’instar des Bacchantes (Euripide) ou de la tétralogie Le Sang des Promesses (Mouawad).

Directe ou indirecte, érotisée, perverse, la violence infligée à autrui ou à soi-même peut prendre un versant sadique et / ou masochiste, comme le corroborent les œuvres du marquis de Sade, Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Trans-Europ-Express de Robbe-Grillet, Orange mécanique de Kubrick, Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pasolini, Un chien andalou de Buñuel, La Prisonnière de Clouzot, Cube de Natali, Dessins au sang d’Orlan, etc. Renvoyant à la profanation de soi, d’autrui, de la terre, la violence porte atteinte au corps féminin que le pouvoir androcentrique opprime et réifie. Dans son essai intitulé Des femmes, des hommes et la guerre, Evelyne Accad constate que la guerre du Liban était liée à la violence sexuelle : « La plupart des personnages [qu’elle analyse dans les œuvres de Etel Adanan, Tawfiq Awwad, Andrée Chédid, Halim Barakat, etc.] sont frappés d’un destin tragique dû à la guerre, mais ce sont les femmes […] qui paient le plus lourd tribut de la violence politique et sociale. Par exemple, l’héroïne de Mort à Beyrouth de Tawfiq Awwad, est séduite, violée, battue, son visage tailladé, ses ambitions écrasées, alors qu’elle tente de gagner une certaine autonomie et éducation au milieu de la crise sociale et politique de son pays. » (1993, 19). 

Participant de l’effet papillon ou de la théorie du chaos, omniprésente dans toutes les sociétés, la violence ravage l’écosystème et révèle sa dimension foncièrement suicidaire. À titre d’exemple, l’ultralibéralisme, générateur d’iniquités, mais aussi de crises environnementales (réchauffement climatique, pollution, séismes, raz-de-marée, etc.). Les prédateurs de la nature agissent avec avidité, sans égard pour autrui, ni pour la nature, dont ils exploitent les ressources jusqu’à l’Écocide, comme le dénonce le poète touareg Chekib Abdessalam dans son essai éponyme : « […] le rapport de force entre l’homme vil et la nature est en sa défaveur. Il est dolosif. S’il veut la combattre, il n’en sortira pas vainqueur. La nature sait se défendre » (2020, 21). L’écrivain blâme les « prédateurs voraces et leurs associés en prédation » (2020, 84-85). Machiavéliques, avides de forage et d’or noir, les « pillards du patrimoine archéologique » (2020, 51) dépossèdent les populations des pays sahariens de leurs ressources naturelles et polluent l’atmosphère, exploitant, entre autres, le gaz de schiste insalubre. 

Comment remédier à ces maux et obvier au chaos de l’anthropocène, « rouleau compresseur qui détruit toute la planète » (Abdessalam, 2020,   21) ?

Au vu de plusieurs catastrophes, parmi lesquelles nous pouvons citer l’explosion tragique du port de Beyrouth, le 4 août 2020, la pandémie, l’inflation et l’augmentation du taux d’extrême pauvreté dans le monde, la guerre en Ukraine, les séismes en Turquie et en Syrie, le numéro 82 de la revue internationale Peuples Méditerranéens se propose de réfléchir aux violences du cœur et de la raison, et ce, à travers les axes de recherche suivants (à titre informatif) :

-       Visages de la violence dans la littérature, les mythes et les arts (roman, théâtre, poésie, contes, peintures, cinéma, etc.) ; l’acte artistique comme violence.

-       Dimensions philosophiques de la barbarie et ses corrélats.

-       Économie de la violence et violence de l’économie.

-       Engrenage des violences dans l’histoire, les sociétés et / ou les religions. Dynamique sociale.

-       Regards anthropologique / éthologique / écologique & stratégies pour parer aux violences.

-       Perception et étude des comportements agressifs (voies de fait, délits, infractions, harcèlements, violences conjugales, crimes, perversités, etc.) en psychologie et / ou en droit pénal.

-      Dérives de la violence éducative.

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Modalités de soumission

Pour ce numéro dont la publication est prévue en décembre 2023, les propositions d’articles – inédits, en français ou en anglais – devront contenir le titre de l’article, un résumé (Times New Roman ; 12 ; simple) n’excédant pas une demi-page et une brève notice bio-bibliographique de l’auteur. Elles devront être adressées, avant le 2 octobre 2023, en un seul document Word, à : contact@peuplesmediterraneens.com

La rédaction communiquera les résultats de la sélection au plus tard le 9 octobre 2023.

Les articles, accompagné d’un résumé en français et en anglais, devront être remis avant le 4 décembre 2023 et seront soumis à une double expertise anonyme (double aveugle) après validation du comité de rédaction.

Les articles incomplets ne seront pas examinés par le comité scientifique.

La date prévue pour la publication de ce numéro (électronique et papier) est la fin décembre 2023.

Rédactrice en chef

Carole MEDAWAR (Professeure, Université Libanaise, Section 1, Beyrouth, Liban)

Comité de rédaction

Evelyne ACCAD (Professeure émérite, Université de l'Illinois, Urbana-Champaign, États-Unis d’Amérique)

Marc FENOLI (Docteur en philosophie, Chercheur indépendant, France)

John IRELAND (Professeur, Université de l'Illinois, Chicago, États-Unis d’Amérique)

Guy Kokou MISSODEY (Professeur, Université de Lomé,Togo)

Peuples Méditerranéens

ISSN: 0399-1253

B.P. 53 rue Ganneron – Paris 75018

contact@peuplesmediterraneens.com

www.peuplesmediterraneens.com

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Version anglaise 

Violence of the heart. Violence of reason.

Call for Papers for issue 82 of Mediterranean Peoples

International Journal founded by Paul Vieille in 1977.

The heart has its violence that reason ignores. Reason exerts violence that ignores the heart and doesn’t know feelings. The frenzied movements of the heart and reason are opposed at first sight, tending to exclude each other. Nevertheless, from a dialectical point of view, the two prisms end up becoming one, so that the arguments of reason and of heart are inextricably linked. Consider the Trojan War and its origin as recounted in the Iliad: the abduction of Helen, wife of the Greek king Menelaus by the Trojan Paris will lead to a warlike expedition and the destruction of the city of Troy. Homer’s epic poem contains the almost archetypal spring of all conflicts. A "jealous" and irrepressible passion that subdues and uses reason is their common origin: the rivalry for the possession of an object or territorial hegemony (Helen of Troy, Achilles’s weapons, or, today, the Crimea, the mineral resources of the Central African Republic, the control of a deal point…).

Rational and sentimental motives intertwine under the influence of hubris, found in the biblical story of mankind's first fratricide (Genesis 4, 1-16): blinded by jealousy, Cain ruthlessly exterminates Abel, hoping to obtain the Eternal’s favor. Covetousness refers to an essentially intersubjective and social mimetic violence. This theory forged by René Girard to explain the genes of aggression postulates that mimetic rivalry “is responsible for the frequency and intensity of human conflicts” (2001, 19). Thus, men are exposed to a violent contagion that often leads to cycles of revenge, chain violence, all similar, obviously, because they all imitate each other. According to Girard, the history of civilizations thirsting for revolutions and justice takes shape in mimetic power relations, embodied in an outburst of violence linked to a territory, at once the core of identity and adversity. Faced with others who are "invariably involved, as a model, as an object, as a helper, as an opponent" (Freud, 1922, 123), reason crumbles under drive-based motivations, degenerating into discord and cruelty. The Uneasiness in Civilization detected by Freud manifests itself in the permanent struggle between Eros and Thanatos. Without counter-will instinct, insurrection, revolutionary violence, dissidence, chaos, ataxia…, there is no reconstruction, no ataraxic ascent. Hence, the notion of chaordic organization, delivering the fundamental diairetism: draos/ordo. A vital archetype in Jungian depth psychology, the Shadow, a confused mass, must be integrated into consciousness in order to realize the coincidence of opposites and transform harmful impulses into seeds of life and creation.

In most cases, however, this dark side is projected onto the world, with the morbid consequence of ego inflation. Desire for hegemony, xenophobia, fanaticism, rape, delinquency, torture, mismanagement, blunders, despicable crimes, terrorism, etc. plunder humanity, which is inexorably splitting into "planetary tribes" (Amin Maalouf, 2009, 29). What about the corrosive entrenchment of imperialist, anti-Semitic and racist policies, the exactions of colonial expansions and totalitarian regimes, and the appalling catastrophes that ensue? In issue 12 of Mediterranean Peoples, Paul Vieille highlights a process of demoralization at the heart of the Iranian revolution of 1979. The transition from an autocratic to a theocratic regime undermines demands for justice, leading to an abuse of power: “Good conscience, certainty of the legitimacy of their power and of their caste superiority, absence of control, the law of silence, all conditions are met for the arbitrary exercise of power” (1980, 132).

Legitimizing the inevitable outpouring of violence inherent in any society is always problematic. The hymns of rebirth and salvation that accompany the establishment of a new order come up against a lack of understanding of the absurd devastation and dismantling of which they are the consequence. A “bipolarity” that Roman Polanski dramatizes in The Pianist, when Warsaw ghetto survivor Wladyslaw Szpilman seeks refuge in a field of ruins. Filmed from a bird’s-eye view, the sequence denounces both the barbarity that reduces the violated land to a necropolis, and the vanity of man, recalled to humusation, crushed by the destructive megalomania of the great powers. The shadow of death has hovered over an entire century of World Wars, mass executions and nuclear apocalypse, marked with black figures of barbarism: Dachau, Gulag or Hiroshima, remarks Jean-François Mattéi in La Barbarie intérieure. Essai sur l’immonde moderne (1999, 24). The quest for meaning fails, as does the discourse, the organizing logos that is brought to an end by absolute violence. In The Wretched of the Earth, Frantz Fanon vilifies the system of coercion that streaks the African continent. He puts forward the example of the long and cruel domination of Algeria by the French rulers. From then on, the settler, archetype of the civilized man, alienates the native, wrongly perceived as subordinate and barbaric. Racial segregation is expressed in particular through the policy of apartheid applied in South Africa in 1948 for thirty years. The dominator’s violence endows him with power and wealth, while it stirs up an insatiable thirst for revenge in the colonized, who aspire to emancipation and the reconquest of their outraged land. “Concerning violence”, Fanon explains that “the colonized, who have made up their mind to make such an agenda into a driving force, have been prepared for violence from time immemorial. As soon as they are born it is obvious to them that their cramped world, riddled with taboos, can only be challenged by out and out violence.” (2004, 3). Moreover, the proliferation of ethnic disparities engenders impoverishment (economic violence), commodification of individuals, subjugation of women (symbolic violence) and bloody wars, perpetuated by neocolonial strategy.

Defined as an abuse of power, violence etymologically refers to an intrusion, a transgression that generates dissonance, disharmony, even a discrepancy between the perpetual quest for meaning and the disarray of the world, streaked by embezzlement and hostilities. Instrumental by nature, violence destroys all concerted power, and therefore, the conditions of possibility of any human community, according to Hannah Arendt. Like a perpetu mobile linked to the human condition, it feeds a manichaean topography scarified with collateral damage, a suffocating space where the emissary victims struggle with their tormentors, as illustrated by numerous works, like The Bacchae (Euripides) and Blood Promises tetralogy (Mouawad). 

Direct or indirect, eroticized, perverse, the violence inflicted on others or on oneself can take on a sadistic and/or masochistic slant, as corroborated by the works of the Marquis de Sade, Baudelaire’s Flowers of Evil, Robbe-Grillet’s Trans-Europ-Express, Kubrick’s dystopian movie A Clockwork Orange, Pasolini’s Salò, or the 120 Days of Sodom, Buñuel’s An Andalusian Dog, Clouzot’s La Prisonnière, Natali’s Cube, Orlan’s Drawing done in blood, etc. Referring to the profanation of oneself, others and the earth, violence is an attack on the female body, oppressed and reified by androcentric power. In her essay Sexuality and War: Literary Masks of the Middle East, Evelyne Accad observes that “war and violence have roots in sexuality and in the treatment of women in that part of the world. Most of the characters [that she analyzes in the works of Etel Adanan, Tawfiq Awwad, Andrée Chédid, Halim Barakat, etc.] meet a tragic fate due to the war, but women are the principal victims of both political and social violence. For example, as she tries to gain autonomy and education in the midst of her country’s social and political unrest, the heroine of Death in Beirut [by Tawfiq Awwad], is seduced, raped, beaten, her face is slashed, her ambitions are smashed.”(1990, 20).

Part of the butterfly effect or chaos theory, violence, omnipresent in all societies, ravages the ecosystem and reveals its fundamentally suicidal dimension. For example, ultra-liberalism generates inequities, but also environmental crises such as global warming, pollution, earthquakes, tidal waves, etc. Nature’s predators act greedily, exploiting up environment resources. The Tuareg poet Chekib Abdessalam denounces this Ecocide in his eponymous essay: "[...] the balance of power between vile man and nature is against him. He is fraudulent. If he wants to fight it, he won't come out victorious. Nature knows how to defend itself.” (2020, 21). The writer blames “voracious predators and their predatory associates” (2020, 84-85). Machiavellian, eager for drilling, the “plunderers of archaeological heritage” (2020, 51) dispossess the populations of Saharan countries of their natural resources and pollute the atmosphere, exploiting unhealthy shale gas, among other things.

How can we remedy these evils and avoid the chaos of the Anthropocene, the “steamroller that is destroying the entire planet” (Abdessalam, 2020, 21)?

In the light of several disasters, including the tragedy of the Beirut port explosion on August 4 2020, the pandemic, the inflation and the increase in extreme poverty worldwide, the war in Ukraine, the earthquakes in Turkey and Syria, issue 82 of the international journal Mediterranean Peoples proposes to reflect on the violence of the heart and the violence of reason, through the following lines of research (the list is indicative only and non-exhaustive):

- Faces of violence in literature, myths and arts (novels, theater, poetry, paintings, cinema, etc.); the artistic act as violence.

- Philosophical dimensions of barbarism and its correlates.

- The economy of violence and the violence of the economy.

- The spiral of violence in history, societies, religions. Social dynamics.

- Anthropological/ethological/ecological perspectives & strategies for dealing with violence.

- Perception and study of aggressive behavior (assaults, misdemeanors, infractions, harassment, domestic violence, crimes, perversities, etc.) in psychology, criminal law, etc.

- Excesses of educational violence.

Procedures for submission

For this edition, whose publication is projected in December 2023, submissions – unpublished, accepted in French or English – must include the article title, an abstract not to exceed 250 words, and a brief bio-bibliography (all in a single document using Times New Roman, 12 point font) and should be sent no later than October 2 2023 to the following address:  contact@peuplesmediterraneens.com 

The editorial board will communicate selection results no later than October 9 2023, with complete articles due by December 4 2023, accompanied by a summary in French and English; they will be submitted to a double-blind review following their acceptance by the editorial committee.

Incomplete articles will not be examined by the scientific committee.

Publication of this edition (electronic and hard copy) is expected by the end of December 2023.  
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Editor in Chief

Carole MEDAWAR (Professor, Lebanese University, Branch 1, Beirut, Lebanon)

Editorial Board

Evelyne ACCAD (Professor Emerita, University of Illinois Urbana-Champaign, United States of America)

Marc FENOLI (Doctor of Philosophy, Independant researcher, France)

John IRELAND (Professor, University of Illinois Chicago, United States of America)

Guy Kokou MISSODEY (Professor, University of Lomé, Togo)
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Mediterranean Peoples

ISSN : 0399-1253

B.P. 53 rue Ganneron - Paris 75018

contact@peuplesmediterraneens.com

www.peuplesmediterraneens.com