Construction et diffusion des savoirs féminins dans l’Europe Moderne : entre méfiance et fascination (Le Mans)
La revue en ligne Quaïna publiera prochainement un numéro consacré à « Construction et diffusion des savoirs féminins dans l’Europe Moderne : entre méfiance et fascination ».
La publication se fera sous la direction de Jennifer Haraguchi (Provo University-Utah), Anne-Rachel Hermetet (Angers Université), Patricia Lojkine (Le Mans Université), Sophie Soccard (Le Mans Université) et Isabelle Trivisani (Angers Université). Ce projet de parution fait suite à une journée d’études qui s’est tenue au Mans en avril 2022.
Afin de compléter le numéro, nous recherchons quelques propositions d’articles.
La proposition de contribution devra être accompagnée d’une bio-biblio rédigée et sera envoyée avant le 10 septembre 2023 à l’adresse suivante :
Les contributeurs seront notifiés dès le 25 septembre, voire plus tôt si la proposition de contribution devait nous parvenir en avance.
Les articles seront rédigés en français, en anglais ou en espagnol et n’excéderont pas 30 000 signes (espaces et notes comprises). Ils seront à remettre pour le 1er février 2024.
Argumentaire
Les débats fortement médiatisés sur le genre montrent que la constitution du rapport au savoir des hommes et des femmes repose encore sur une hiérarchisation des capacités supposées et sur un maillage social rigide servant à justifier un ordre sexué. Dans son ouvrage de 2017, De la croyance à la différence des sexes, Nicole Mosconi, démontre comment un système inégalitaire s’est bâti sur une illusion. Fondé sur la transmission d’un inconscient collectif de normes sexuées et de rapports de pouvoir, un ordre réputé immuable s’est installé, s’adossant à des rapports de pouvoirs dictés par des croyances sociales, linguistiques, politiques. Les habits, les jouets, les livres, les pratiques éducatives et familiales, mais aussi l’appropriation de l’espace, intérieur et extérieur, sont autant de paramètres qui n’échappent pas à la croyance à la différence des sexes.
Le caractère genré des espaces dédiés à l’éducation interroge aussi les modalités d’exercice du pouvoir intellectuel. Que nous apprennent les lois (saliques ou fondamentales) mais aussi les contes de fées, les romans sur les filles et les femmes qui en savent « trop » ? A quel moment apparaissent ces stéréotypes et à quelle réalité veulent-ils faire allusion ? La figure de l’érudite, de l’intellectuelle sont-ils des motifs récurrents dans la littérature de cette époque ?
Ce numéro de QUAÏNA se propose d’examiner les conditions de la construction et de la diffusion du savoir féminin dans l’Europe moderne. Comment ces filles et ces femmes ont-elles tenté de s’insérer dans des systèmes normatifs qui avaient déjà pensé leur place dans la société. ? Comment certaines sont-elles parvenues à suppléer aux lacunes délibérées d’une éducation pensée pour elles, destinée à les insérer dans une structure patriarcale préconçue ? Quelle réception a-t-on réservé à leurs prétentions scientifiques, médicales, juridiques, religieuses, philosophiques ? Comment ces filles devenues femmes sont-elles parvenues à s’exprimer dans la vie publique ? En recevaient-elles une reconnaissance et si oui, de quelle nature ? Quelles initiatives et quelles stratégies développaient-elles pour parvenir à leurs fins ?
Il faudrait identifier les lieux et les milieux propices à la prise de parole des femmes, à l’expression de leurs convictions intellectuelles ou spirituelles, à la mise en œuvre de leurs pratiques. Entre acception et exclusion, la validation de leur production était-elle toujours soumise à la mise en perspective de leur identité sexuelle ? Enfin, il sera sans doute nécessaire d’évoquer les savoirs intuitifs, spécifiquement détenus par les femmes, transmis entre elles de façon orale pour finalement constituer un corps de croyances qui auront pu les desservir au moment où le savoir s’est rationalisé.