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Partager des savoirs au Moyen Âge/ Sharing Knowledge in the Middle Ages

Partager des savoirs au Moyen Âge/ Sharing Knowledge in the Middle Ages

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Ecaterina Lung)


Appel à communications / Call for Papers

Colloque international / International Conference

Partager des savoirs au Moyen Âge/ Sharing Knowledge in the Middle Ages

10-11 novembre 2023, Université de Bucarest – CEREFREA/

10-11 November 2023, University of Bucharest – CEREFREA

Depuis plusieurs décennies la recherche ayant pour objet les formes et la dynamique des savoirs au Moyen Âge s’appuie sur une logique binaire, visant, d’une part, l’accumulation de connaissances positives et, d’autre part, les mutations dans  le domaine du savoir, qui invitent à la révision critique des conceptions antérieures et qui finissent par attribuer une identité particulière à chaque étape de l’histoire culturelle médiévale. De ce point de vue, les études modernes reprennent les jalons de la réflexion des intellectuels du Moyen Âge, tels les efforts de classification et de mise en ordre au XIIIe siècle, lorsque la culture des universités succède à la culture des cloîtres.

Le chaînon qui relie le Haut Moyen Âge avec les derniers siècles de cette époque historique est sans doute la Renaissance du XIIe siècle , avec ses volets platonicien et aristotélicien, où l’on retrouve les germes des mutations qui ont eu lieu aux siècles suivants. Visible au niveau institutionnel ainsi que dans le contenu du savoir dispensé, ce renouveau culturel que l’Occident connaît au moment où les villes se développent, est relié à l’apparition des écoles urbaines auprès d’un chapitre local de chanoines réguliers (écoles cathédrales ou capitulaires telles que celles de Notre-Dame de Paris, de Laon), mais aussi des écoles monastiques (l’école abbatiale de Chartres, de Saint-Victor) et même des écoles privées, fondées et dirigées par des maîtres, telle l’école de la montagne Sainte-Geneviève où a enseigné Pierre Abélard, ou encore des écoles appartenant aux familles nobles. Or, cet aspect est notable pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il favorise la diversification et l’épanouissement du système d’enseignement ; ensuite, parce que l’enseignement même acquiert ainsi une certaine autonomie par rapport à l’Église . En outre, le contenu du savoir se renouvelle au XIIe siècle : les connaissances s’enrichissent par la découverte et la mise en circulation, en plus des autorités absolues, La Bible et les écrits des Pères de l’Église, des œuvres de l’Antiquité, surtout par le biais des traductions faites en Italie ou en Espagne .

Pourtant, ce moment de prise de conscience en ce qui concerne les circonstances de la configuration et de la transmission des savoirs n’est pas unique. L’étape carolingienne de la translatio studii et imperii, la culture des scriptoria, la naissance des universités et l’épanouissement des arts libéraux, la spécialisation des domaines du savoir (divisio intra et divisio extra) et du discours magistral, la découverte de l’Antiquité et les mutations dans l’éducation aux XIVe-XVe siècles suite à l’affirmation de l’individualité et du goût pour le perfectionnement du moi moral et social (conformément au concept de « self-fashioning » proposé par S. Greenblatt) constituent autant de repères pour l’exploration des paradigmes de l’histoire médiévale des savoirs, de leurs formes diverses et interdépendantes .

Circonscrit à la vaste thématique de la diffusion des savoirs, qui fut une préoccupation constante tout au long du Moyen Âge, le colloque que le Centre d’études médiévales organisera en 2023 vise à prolonger celui qu’on a consacré, en 2019, « aux déclinaisons médiévales de l’intellectuel ». En tant que tel, le présent colloque veut encourager les historiens, littéraires, théologiens, historiens de l’art et philosophes à approfondir les directions antérieurement explorées, tout en privilégiant une perspective plus large, censée valoriser l’aspect dynamique, relationnel, dont on dispense les connaissances à l’époque médiévale. On pourra donc s’intéresser aux textes et à la fois aux sources iconographiques qui mettent au premier plan les acteurs assumant le rôle de passeurs de savoirs dans un cadre institutionnel ou dans le cadre de la vie privée. Nous nous proposons également de relever la manière dont ces acteurs se rapportent à la mission de diffuser le savoir intellectuel et culturel de leur temps, les enjeux qu’ils envisagent lorsqu’ils s’emploient à partager les connaissances acquises. Enfin, la réception des savoirs et des savoir-faire, y compris les formes de coopération ou, par contre, de contestation, que tout processus de transmission suppose, est une autre direction à explorer, puisqu’elle permet de se pencher sur les relations qui se s’établissent entre les différentes couches de la société médiévale, autant que sur les rapports entre individus (par exemple entre maître et disciple) ou entre individu et communauté, voire sur les premières marques de l’individualité.

Les propositions de communications pourront s’inscrire dans les axes mentionnés ci-dessus, l’objectif de ce colloque étant de faciliter des échanges entre spécialistes issus de différentes disciplines universitaires :

1. Contenus et codifications des savoirs
- connaissances positives (philosophie naturelle) et spéculatives (théologie) ; 
- savoir et sagesse ;
- codifications et expressions psychologiques de la quête de savoirs ;
- savoirs pratiques et savoir-faire artistique ;
- connaissance symbolique : allégorie, image, registres discursifs.

2. Réseaux et contextes de diffusion des savoirs
- objectifs et moyens, maîtres et disciples, cadres formels et informels de la configuration des contenus et de la transmission des savoirs ;
- scriptoria, bibliothèques et communautés monastiques ;
- écoles capitulaires et universités ;
- disciplines et cursus scolaire ;
- l’accès au savoir pour les femmes et les marginaux ;
- maîtres, compétences et compétitions ;
- connaissance, autorité et méritocratie.

3. Formes et avatars de la diffusion des savoirs 
- encyclopédies, traités, livres sapientiels, répertoires, compilations et leur évolution historique ; traduction et vulgarisation ;
- classifications, taxinomies, le métadiscours de la connaissance et de la communication ;
- herméneutique biblique : tradition, révélation et édition de textes ;
- historia magistrae vitae : du discours sur le passé à la légitimation morale de l’action politique ;
- poésie et connaissance.

4. Savoir et esprit critique
- le renouvellement des instruments du savoir à la fin  du Moyen Âge ;
- connaissance et vérité ; 
-connaissance et prédication ;
- les rapports entre raison et foi dans la quête de la vérité ;
- la question de l’autonomie intellectuelle ;
- les vecteurs du savoir et les implications morales, politiques et religieuses de sa diffusion ; 
- censure et liberté, victimes et martyrs de la quête des savoirs ;
- réception, coopération et contestation de l’autorité du savoir ou des acteurs qui dispensent des savoirs.

Soumission des propositions :

Les propositions de 300 mots maximum, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer aux adresses suivantes :
corina.anton@lls.unibuc.ro
mianda.cioba@lls.unibuc.ro
luminita.diaconu@lls.unibuc.ro
ecaterina.lung@istorie.unibuc.ro

Merci de préciser, dans le corps du message, le titre de la communication, le nom de l’auteur/ des auteurs et l’institution (les institutions) de rattachement. 

Date limite d’envoi des propositions : le 30 septembre 2023.

Notification d’acceptation des propositions : une réponse sera adressée aux contributeurs au plus tard le 15 octobre 2023.

Pour les collègues qui ont besoin de plus de temps pour obtenir un financement, des réponses plus rapides sont également possibles, après évaluation par le Comité scientifique, si la proposition de communication est soumise  avant la date-butoir.

Durée prévue des communications : 20 minutes (suivies par 10 minutes de discussions).

Langues de communication : français, anglais, espagnol, italien.

Lieu de la manifestation : Université de Bucarest

Le colloque aura lieu en format hybride. Les frais de voyage et de logement seront à la charge des participants. Les communications retenues feront l’objet d’une publication en 2024, après l’évaluation des textes définitifs par le comité scientifique.

Frais de participation :

Enseignants-chercheurs : 50 euros (participation en présentiel) / 35 euros (participation en ligne).

Doctorants, étudiants en master : 30 euros (participation en présentiel) / 20 euros (participation en ligne).

Organisateurs : Le Centre d’Études Médiévales, Université de Bucarest, CEREFREA.

Comité scientifique :

Corina Anton (Université de Bucarest)
Béatrice Charlet-Mesdjian (Université d'Aix-Marseille)
Mianda Cioba (Université de Bucarest)
Luminița Diaconu (Université de Bucarest)
Ecaterina Lung (Université de Bucarest)
Lorenzo Mainini (Università Sapienza, Roma)
Bogdan Tătaru-Cazaban (Institut d’Histoire des Religions de l’Académie roumaine, Bucarest)
Mihaela Voicu (Université de Bucarest)
Barbara Wahlen (Université de Lausanne)

Pour plus de détails, voir :  http://csm.hypotheses.org

English version

For several decades, research on the forms and the dynamics of knowledge in the Middle Ages has been based on a binary logic, aiming both at the accumulation of positive knowledge and at the changes in the field of knowledge which invite to the critical revision of the previous conceptions and which end up attributing a particular identity to each stage of medieval cultural history. From this point of view, modern studies resume the landmarks of the thought of medieval intellectuals, such as the 13th century efforts to classify and to order, in a time when the culture of the cloisters was followed by the culture of the universities.

The link that connects the High Middle Ages with the last centuries of this historical period is undoubtedly the 12th century Renaissance , with its Platonic and Aristotelian aspects, where the seeds of the changes that took place in the following centuries are to be found. This cultural revival experienced by the West at a time when cities were developing, which is visible at the institutional level as well as in the content of the shared knowledge, is connected to the foundation of urban schools by clergymen (cathedral o capitular schools such as those of Notre-Dame de Paris and Laon) as well as monastic schools (the abbey schools of Chartres and Saint-Victor) or even private schools founded and run by professors, such as the school of Montagne Sainte-Geneviève where Pierre Abélard taught, or even schools belonging to noble families. This aspect is notable for several reasons: firstly, because it promotes the diversification and the development of the education system; secondly, because teaching acquires a certain autonomy from the Church . Moreover, in the 12th century the content of knowledge is renewed: in addition to absolute authorities such as the Bible and the writings of the Fathers of the Church, knowledge is enriched by the discovery and the circulation of the works of the Antiquity, especially through translations made in Italy or Spain .
However, this moment of awareness regarding the circumstances of the configuration and the transmission of knowledge is not unique. The Carolingian stage of translatio studii et imperii, the culture of the scriptoria, the birth of universities and the flourishing of the liberal arts, the specialization of the fields of knowledge (divisio intra et divisio extra) and of the academic discourse, the discovery of the Antiquity and the changes in education in the 14th – 15th centuries following the affirmation of individuality and of the taste for the improvement of the moral and social self (in accordance with the concept of “self-fashioning” advanced by S. Greenblatt) constitute benchmarks for the exploration of the paradigms of the medieval history of knowledge and of its various interdependent forms .

The conference organized in 2023 by the Centre for Medieval Studies on the vast topic of dissemination of knowledge, which had been a constant concern throughout the Middle Ages, aims to extend the 2019 conference dedicated to the medieval intellectuals. Therefore, the present conference aims to encourage medievalists - historians, literary scholars, theologians, art historians and philosophers - to deepen the directions previously explored while favouring a broader perspective and focusing on the dynamic relational aspect of sharing knowledge in medieval times. Researchers are invited to discuss texts and iconographic sources on the actors assuming the role of transmitters of knowledge in an institutional framework or in the context of private life. One may also discuss the way in which these actors relate to the mission of sharing the intellectual and cultural knowledge of their time and the issues they consider when they strive to share the acquired knowledge. The reception of knowledge and of the know-how, including the forms of cooperation or contestation involved by any process of transmission is another direction to explore, since it enables researchers to look into the relations which are established between the different layers of medieval society, as well as into the relationships between individuals (for example between professor and disciple) or between the individual and the community and on the first manifestations of individuality.
Since the objective of this conference is to facilitate exchanges between specialists from different academic fields, possible topics include:

1. Contents and codifications of knowledge
- positive knowledge (natural philosophy) and speculative knowledge (theology);
- knowledge and wisdom;
- codifications and psychological expressions of the quest for knowledge;
- practical knowledge and artistic know-how;
- symbolic knowledge: allegory, image, registers of discourse.

2. Networks and contexts for the dissemination of knowledge
- objectives and means, professors and disciples, formal and informal frameworks for the configuration of contents and for the transmission of knowledge;
- scriptoria, libraries and monastic communities;
- ecclesiastical schools and universities;
- disciplines and school curricula;
- access to knowledge for women and for the marginalized;
- professors, skills and competitions;
- knowledge, authority and meritocracy.

3. Forms and avatars of the dissemination of knowledge
- encyclopaedias, treatises, sapiential books, repertoires, compilations and their historical evolution; translation and popularization;
- classifications, taxonomies, the metadiscourse of knowledge and communication;
- biblical hermeneutics: tradition, revelation and edition of texts;
- historia magistrae vitae: from the discourse on the past to the moral legitimation of political action;
- poetry and knowledge.

4. Knowledge and critical thinking
- the renewal of the instruments of knowledge at the end of the Middle Ages;
- knowledge and truth;
- knowledge and preaching;
- the relationship between reason and faith in the quest for truth;
- the question of intellectual autonomy;
- the vectors of knowledge and the moral, political and religious implications of its dissemination;
- censorship and freedom, victims and martyrs of the quest for knowledge;
- reception, cooperation and contestation of the authority of knowledge or of the actors who share knowledge.

Submission of proposals :

Proposals (maximum 300 words) accompanied by a brief bio-bibliographic presentation are to be sent to the following addresses:
corina.anton@lls.unibuc.ro

mianda.cioba@lls.unibuc.ro
luminita.diaconu@lls.unibuc.ro
ecaterina.lung@istorie.unibuc.ro

Please specify in the body of the message the title of the communication, the name of the author(s) and the host institution(s). If the proposal is submitted before the deadline, colleagues who need time to obtain funding will be answered sooner after evaluation by the Scientific Committee.

Deadline: 5 October 2023.

Acceptance of proposals: contributors will be notified no later than 15 octobre 2023.

Expected length of presentations: 20 minutes (followed by 10 minutes of discussions).

Languages: French, English, Spanish, Italian.

Place : University of Bucharest

The conference will take place in a hybrid format. Travel and accommodation costs are in charge of the participants. The selected papers will be published in 2024, after the evaluation of the final texts by the scientific committee.

Participation fee:

Academics, researchers: 50 euros (face-to-face participation) / 35 euros (on ine participation).

PhD candidates, students pursuing a master’s degree: 30 euros (face-to-face participation) / 20 euros (online participation).

Organizers: The Centre for Mediaeval Studies, University of Bucharest, CEREFREA.

Scientific committee:

Corina Anton (University of Bucarest)
Béatrice Charlet-Mesdjian (Université d'Aix-Marseille)
Mianda Cioba (University of Bucarest)
Luminița Diaconu (University of Bucarest)
Ecaterina Lung (University of Bucarest)
Lorenzo Mainini (Università Sapienza, Roma)
Bogdan Tătaru-Cazaban (Institut of the History of Religions, Romanian Academy, Bucharest)
Mihaela Voicu (University of Bucarest)
Barbara Wahlen (Université de Lausanne)
More information: http://csm.hypotheses.org