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Colloque international du Centre Cesairien d'Etudes et de Recherches :

Colloque international du Centre Cesairien d'Etudes et de Recherches : "Le caractère multidimensionnel de la poésie d'Aimé Césaire" (Fort-de-France)

Colloque internationnal du Centre Cesairien d'Etudes et de Recherches 

"Le caractère mutidimensionnel de la poésie d'Aimé Césaire"

Lieu de déroulement du colloque : Fort-de-France, 97 200 - Martinique.

Date du colloque : Entre le 22 et le 27 juin 2024.

Date ouverture de l’appel à communication : 22 juin 2023.

Date de clôture de l’appel à communication : 30 septembre 2023.

ARGUMENTAIRE

Aimé Césaire est tout à la fois poète, dramaturge et essayiste.  Sa poésie à elle seule constitue déjà un champ immense d’exploration. Une mine inépuisable d’études, d’investigations ou de recherches, mais dans le cadre de ce colloque, comment entrer dans ses arcanes sans se garder d’établir une dichotomie nette entre l’homme de Culture et l’homme Politique, l’homme d’enracinement et l’homme d’ouverture, entre les genres qui composent son œuvre ? Par la qualité de cette œuvre, sa stature d’écrivain noir de langue française auquel la négritude doit avant tout sa force, mieux que tous les autres écrivains noirs de la néo-littérature, c’est aussi à lui principalement que s’est faite la désaliénation de l’expression littéraire noire. Poète hors-pair, par sa grandeur, son rayonnement international voire mondial, Aimé Césaire représente dans la littérature négro-africaine, ce que Homère représente dans la littérature grecque, Dante dans la littérature italienne, Shakespeare dans la littérature anglaise, Goethe dans la littérature allemande, Hugo dans la littérature française.

Pour l’instant, pour ne nous cantonner qu’à l’objet même du colloque, qu’est-ce à dire de sa poésie ? Quelle en est sa conception ? Quelle est la définition qu’il en donne ainsi que du poète ? Sont-ce là deux questions fondamentales et tout à fait légitimes tout au long de ce colloque auxquelles les contributeurs tenteront de répondre, certes à travers leurs communications, mais aussi le public dans le cadre des échanges qui seront prévus.

De la poésie césairienne, certains ont souvent dit qu’elle est péléenne. D’autres préfèrent la qualifier de surréaliste sinon de surréalisante. En 1941, de passage à la Martinique, découvrant le  « Cahier d’un retour au pays natal », André Breton Pape du surréalisme est non seulement surpris agréablement du caractère tout à la fois surréaliste ou surréalisant, avant-gardiste, anti-conformiste du poème à sa rencontre avec son auteur Aimé Césaire, dès l’abord, qu’il est enchanté, ravi de faire la connaissance d’un tel homme en qui il a vu « un signe des temps», un homme dont « du plus simple au plus rare, tous les mots  passés par sa langue étaient nus. D’où chez lui cette culmination dans le concret, cette qualité sans cesse majeure du ton qui permettent de distinguer si aisément les grands poètes des petits. » ( p13 ) « … un Noir qui manie la langue française comme il n’est pas aujourd’hui un Blanc pour la manier …un Noir celui qui nous guide aujourd’hui dans l’inexploré…un Noir qui est non seulement un Noir mais tout l’homme, qui en exprime toutes les interrogations, toutes les angoisses, tous les espoirs et toutes les extases et qui s’imposera »  selon ses propres mots «  de plus en plus à moi comme le prototype de la dignité. » (P. 15).

Dans « Mais pourquoi la poésie ? » « Nouvelle somme de poésie du monde noir », Présence Africaine, Paris, P.3 1966, à propos de sa conception de la poésie Aimé Césaire écrit : « Tous les rêves, tous les désirs, toutes les rancunes accumulées comme refoulées pendant un siècle de domination colonialiste, tout cela avait besoin de sortir. Et quand cela sort, et que cela s’exprime et que cela gicle, charriant indistinctement l’individuel et le collectif, le conscient et l’inconscient, le vécu et le prophétique, cela s’appelle poésie. »  (Présence Africaine, Paris, P.3 1966, cité par Dr S.Okechukwu Mézu, in L.S. Senghor et la défense et l’illustration de la négritude » Editions Didier, P.148. )

Visiblement une telle conception de la poésie est bien nouvelle et ne se confond nullement avec la versification dont se réclamaient les auteurs classiques du XVIIème siècle tels que Molière, Corneille, Racine, les versificateurs par excellence, au sens où Nicolas Boileau pouvait l’entendre, qui exhortait tout écrivain à revenir sur son métier, à polir sans cesse son ouvrage, à le repolir. En ce cas, il va de soi que la poésie ne pouvait être un cri du cœur ou de l’âme, mais l’expression de la raison raisonnante, c’est-à-dire au sens où René Descartes l’entendait dans son « Discours de la Méthode. » En la regardant de plus près, cette définition de la poésie abonde en termes et expressions chers à Freud comme le témoignent : « tous les rêves », « tous les désirs », « toutes les rancunes accumulées comme refoulées », « l’inconscient et le conscient. »

« Quoi qu’il en soit, comme s’il était animé du désir profond de retrouver ce que son peuple a de plus succulent et de plus précieux sa culture authentique demeurée pendant longtemps ensevelie sous les gravats de l’histoire, comme asphyxiée, du coup,  comme une obligation de se souvenir, il tâcha de l’exhumer et ce faisant, explora sa géographie et paysages intérieurs, mieux, ce qu’il convient d’appeler  « son archéologie », c’est-à-dire tout ce qui s’est fossilisé ou sédimenté en lui à travers ses ancêtres et les siècles  passés.

Telle qu’elle se présente, la démarche d’Aimé Césaire poète, a certes quelque chose de surréalisant, mais aussi, singulièrement de volcanique, est et reste profondément péléenne. « Dès lors, l’analogie entre lui et le volcan est claire. Ce qui sort, se libère au grand jour, « charriant indistinctement le l’individuel et le collectif, le conscient et l’inconscient, le vécu et le prophétique », si ce n’est son moi, c’est assurément son surmoi. Sa démarche : « une démarche de naturation qui s’opère sous l’impulsion démentielle de l’imagination. » Dès lors où le volcan péléen crache des matériaux divers issus des entrailles de la terre puis retombe ça et là pêle-mêle, le poète crache « des mots qui selon ses propres termes ou expressions « des mots de sang frais », des mots qui sont des laves sortis de ses profondeurs du poète, en somme, ce qu’il appelle dans son recueil « moi laminaire », « ses pains de mots et ses minerais secrets » qu’il  se complaisait à désigner par le terme « Noria », l’intitulé de son dernier recueil de poèmes ; ses fantômes et ses fantasmes » : «  Noria » terme d’un de ces derniers recueil de poésie, de ses œuvres complètes publiées aux Editions Désormeaux, terme espagnol qui désigne ici métaphoriquement une machine hydraulique formée de godets attachés à une chaîne sans fin, plongeant renversés et remontant pleins après avoir râclé les profondeurs comme le mot Noria  utilisé ici dans ce contexte, permet à Césaire de râcler les profondeurs du poète  qu’il est et qui ne va pas sans faire penser à la SONDE : cet instrument qui recherche plus loin que la couche superficielle des strates de la géologie du poète. Qui permet de découvrir sa constitution psychique, son cadastre et ses paysages intérieurs, les couches sédimentaires déposées en lui et à travers le temps. Qui à la manière du sismographe, du scanner, et du centre météorologique, capte les moindres frémissements, les plus légers et les plus forts mouvements sismiques ou cataclysmes intérieurs du poète, nous livre la radiographie et radioscopie complètes de son état, de son histoire intérieure, au passé, au présent et au futur.  Enfin, une idée précise du temps qu’il fait en lui. Située dans cette perspective, il va de soi que la conception qu’il a du poète rompt radicalement avec celle de la tradition. Ainsi, selon la conception césairienne, « Le poète est cet être très vieux et très neuf, très complexe et très simple qui aux confins vécus du rêve et du réel, du jour et de la nuit, entre absence et présence, cherche et reçoit dans le déclenchement soudain des cataclysmes intérieurs le mot de passe de la connivence et de la puissance. » (« Propositions poétique », in la revue tropiques, tome 2, Année 1943 - 1945. 

Certes, une telle définition est avant-gardiste, mais aussi, anti-conformiste, parce qu’à l’image du personnage central de sa pièce de théâtre « Et les chiens se taisaient », Le REBELLE,  il est profondément un poète subversif,  un poète-prophète et démiurge d’un monde en devenir : le monde de son désir, un monde qui contrairement à celui dans lequel nous vivons, est un monde fondé sur  la discrimination raciale et sociale, un monde fondé sur des inégalités et des injustices, où il ne fait pas bon vivre ; un monde pourri ou en putréfaction  qu’il convient de détruire  pour le recréer et  ainsi  faire en sorte qu’il soit un monde  plus juste, plus humain et plus fraternel.  Ainsi, « Changer la vie », en fait, ce mot d’ordre d’Arthur Rimbaud, au fond, n’est-il pas le même et ne fait-il pas parfaitement écho avec celui de Karl Marx : « Transformer le monde », enfin celui d’Aimé Césaire : « Recréer le monde » ? Certes la réponse est affirmative.

Poète-prophète, poète-démiurge, quel en est l’objectif ? A l’instar du Dieu-créateur de l’univers ? A son commandement sans limite » : « Fonder un nouveau ciel et une nouvelle terre pour qu’on ne pense plus à ce qui était avant. » Ordonner ou prescrire au monde ce qu’il doit être. Cela dit, en guise de conclusion de l’argumentaire de notre prochain colloque, nous voudrions dire trois choses :

- La première est que, contrairement à ce que certains pourraient penser, à la lumière de ce qui précède, Aimé Césaire n’est pas seulement un homme du verbe ou de plume, mais aussi, profondément un homme d’action.

- La deuxième, c’est que son action d’homme de culture est et reste inextricablement liée à celle de l’homme politique qu’il fut, qu’est-ce que la Culture sinon « l’Alpha et l’Oméga de la politique, non seulement son fondement, mais son but » selon les mots de L. Sédar Senghor dans son ouvrage intitulé : « Paroles. »

-Enfin la troisième, c’est que dans le cadre de ce colloque, tous ceux et toutes celles qui voudraient faire une communication peuvent se référer au thème générique ou s’inspirer des diverses déclinaisons qu’il ( le thème générique ) engendre et qu’ils ou qu’elles trouveront en annexe.

 DECLINAISONS POSSIBLES DU THEME GENERIQUE DU COLLOQUE DE 2024

  • De la parole poétique D’Aimé Césaire.
  • La poésie d’Aimé Césaire comme moyen de connaissance et de co-naissance.
  • Le caractère épique du « Cahier d’un retour au pays natal » d’Aimé Césaire.
  • Aimé Césaire : « Cahier d’un retour au pays natal », Odyssée ou Epopée ?
  • Aimé Césaire : « Cahier d’un retour au pays natal» ou le passage de l’ombre à la lumière.
  • Le caractère multidimensionnel de « Cahier d’un retour au pays natal.»
  • Aimé Césaire : « Cahier d’un retour au pays natal » poème péléen, manifeste littéraire surréalisant ou surréaliste ?
  • « Cahier d’un retour au pays natal »  œuvre de jeunesse d’Aimé  Césaire, pourtant, véritable chef-d’œuvre. Pourquoi ?
  • La place du « Cahier de retour au pays natal » dans l’œuvre littéraire d’Aimé Césaire.
  • « Cahier d’un retour au pays natal », centre ou noyau de l’oeuvre littéraire d’Aimé Césaire.
  • « Cahier d’un retour au pays natal » l’Alpha et l’Oméga ou le début et la fin de l’oeuvre d’Aimé Césaire.
  • « Cahier d’un retour au pays natal » ou la graine dans laquelle sont contenues en germe toutes les autres œuvres d’Aimé Césaire postérieures à lui.
  • « Cahier d’un retour au pays natal » ou le conflit intérieur du poète.
  • « Au bout du petit matin » à propos du vers qui rythme le poème : le passage de l’ombre à la lumière.
  • De «  Nox à Lux » le parallélisme entre le « Cahier… » de Césaire et «  Les Châtiments de Victor Hugo.
  • « Etude comparative entre « Cahier d’un retour au pays natal » de Césaire et « Les Châtiments » de Victor Hugo.
  • L’influence manifeste d’Homère et de Hugo sur Aimé Césaire à travers : « Cahier d’un retour au pays natal. »
  • La symbolique de Césaire à travers « Cahier d’un retour au pays natal. »
  • La thématique césairienne à travers « Cahier d’un retour au pays natal. »
  • Thèmes et thèses dans « Cahier d’un retour au pays natal. »
  • Réflexions sur la préface d’André Breton à « Cahier d’un retour au pays natal. »
  • « 2 et deux font 5
    La forêt miaule
    L’arbre tire les marrons du feu
    Le ciel se lisse la barbe ». Quelles réflexions ces vers vous inspirent-ils sur ce que Césaire appelle « la folie flamboyante » et la logique de l’image ou de l’absurde ?
  • Le caractère polyphonique, polysémique et polyrythmique de la parole poétique d’Aimé Césaire.

CONTACTS

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Mail/ heros.aime@wanadoo.fr

Sarah RASCAR:
Membre du CCER
Portable : + 596 696 01 54 10
Mail : sarah.rascar@gmail.com