L’œuvre de Julien Gracq et le cinéma : quelques possibilités de partenariat
NeMLA's 55th Annual Convention
March 7-10, 2024, Boston, Massachusetts / USA
Dès les débuts du cinéma, transposer des œuvres littéraires à l’écran parait discutable voire polémique dans la mesure où comment le cinéma pourrait-il traduire un langage aussi différent de lui que celui de la littérature sans le dénaturer ? Jamais l’adaptation cinématographique ne saurait égaler la saveur d’une œuvre originale. La pratique de l’adaptation est immédiatement soupçonnée de bloquer l’imaginaire du lecteur et d’en figer la représentation mentale en « donnant vie » aux personnages romanesques. Ainsi, on trouve chez Julien Gracq la conviction que le film limite le rêve par une somme quasi infinie d’informations instantanées que nous livre l’image alors que la parcimonie, la pauvreté même des notations de la phrase romanesque correspondante ouvrent à l’imagination le champ infini des possibles. Selon Gracq, le cinéma échoue le plus souvent lorsqu’il entreprend de transcrire selon ses moyens les très grands romans, ceux où la langue est utilisée selon sa capacité d’évocation, non d’information. Ici les images qu’il impose sans possibilité de choix font trop souvenir du pouvoir fâcheusement réducteur - pour l’imagination - qui est le sien par rapport à la fiction écrite. En revanche, il a magnifié nombre de romans de gare, écrits en pur style d’information, grâce à la présence inégalable de l’image : cela fait équilibre. En effet, évoquer le langage cinématographique c’est soumettre les textes littéraires à l’épreuve de la langue parlée, avec ses hésitations, ses intermittences, ses silences, ses répétitions. Les dialogues n’ont pas simplement vocation à faire passer un message mais à exprimer un aspect du comportement. Cela dit, l’adaptation de l’œuvre gracquienne au cinéma pourrait être effectuée sans problème ? Sachons que Gracq défend souvent le cheminement naturel quant à la création de l’œuvre littéraire par contre le cinéma est tout à fait artificiel : c’est une industrie de l’image. Sommes-nous devant une vraie incompatibilité cinéma/ littérature ?
Ce panel se veut une discussion sur l’adaptation cinématographique des livres de Julien Gracq. Nous invitons les chercheurs à répondre à des questions comme : est-ce que le paysage Gracquien a besoin d’un texte ? Puisque Gracq choisit le paysage naturel qui se parle. Le cinéma muet pourrait-il bien interpréter les textes de Gracq ? Le cinéma a-t-il réussit à adapter les œuvres de Gracq ? Y-a-t’il des possibilités de partenariat entre les livres de Gracq et le cinéma ?
Veuillez soumettre votre proposition sur le site de NeMLA avant le 30 septembre 2023 : https://www.cfplist.com/nemla/Home/S/20715