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Environnement et paysage au Japon et/ou à La Réunion : vers une écocritique comparatiste (Université de la Réunion - École Supérieure d'Art de la Réunion)

Environnement et paysage au Japon et/ou à La Réunion : vers une écocritique comparatiste (Université de la Réunion - École Supérieure d'Art de la Réunion)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Élisa Huet)

Environnement et paysage au Japon et/ou à La Réunion : vers une écocritique comparatiste

Université de la Réunion - École Supérieure d'Art de la Réunion

les 7, 8 et 9 décembre 2023

Le Japon et La Réunion peuvent se définir par leur insularité. Ces deux espaces, éloignés l'un de l’autre, partagent toutefois de nombreuses problématiques. Lors d’une table ronde sur « Okinawa et La Réunion » qui s'est tenue à l'Institut franco-japonais à Tokyo, l'écrivain réunionnais Axel Gauvin « a permis de mettre en évidence les partages d’expériences, mais aussi les dissemblances qui procèdent des représentations de l’identité nationale et du traitement du passé en France et au Japon ». Ce colloque s’inscrit dans la droite ligne de cet échange et des itinéraires entre le Japon et La Réunion, en invitant les chercheurs à se pencher sur les questions relatives à l'environnement et aux paysages dans les deux territoires. Si le paysage est depuis longtemps une source d'inspiration majeure pour l'art et la littérature, à notre époque, les préoccupations spécifiquement environnementales et écologiques sont de plus en plus présentes. On trouve ainsi actuellement des rapprochements entre ces deux concepts.

Nous n'attendons pas des chercheurs systématiquement des études comparées entre le Japon et La Réunion ; sans restreindre les propositions au comparatisme, des communications qui portent sur l'un des deux territoires sont également encouragées. La volonté de faciliter les échanges, afin de créer un terrain fertile pour tendre vers une écocritique comparative, est au cœur de ce projet.

Le terme « paysage » implique une représentation esthétique de l’environnement ; il crée et transmet un imaginaire, porte une « pensée liée au lieu ». Comme le rappelle Yves Luginbhul, le paysage est « avant tout une image élaborée à partir des souvenirs, de mythes, de connaissances, bref, de culture ». Ces aspects sont autant de dimensions que ce colloque vise à explorer. La notion désignée par le terme paysage est polysémique et sa connotation peut varier en fonction des langues. En japonais, plusieurs termes constitués de différents idéogrammes peuvent signifier ce que l'on traduit en français par « paysage ». À La Réunion, la notion de paysage est à appréhender différemment. Dans cette île mue par des processus de créolisation, le vocabulaire du créole réunionnais intègre des termes malgaches, tamouls, mozambicains, chinois pour désigner les végétaux comme les animaux5. Les différentes connotations induites dans ces langues seront à interroger, notamment la façon dont elles sont impliquées dans la formulation des idées que l'on peut avoir à propos d'objets artistiques et littéraires.

Nous proposons dans le cadre de ces premières réflexions trois axes d’études :

Axe de réflexion 1 - Paysages exotiques : états d’altérité
Axe de réflexion 2 - Pensées de la fluidité et imaginaires de la mer
Axe de réflexion 3 - (In)compatibilités : la nature et la technologie

Axe de réflexion 1 - Paysages exotiques : état d’altérité

Nous interrogerons, dans ce premier axe, l'exotisme et l'altérité au sein du même territoire administré (aux limites de la notion d'Etat-nation). La citation du compte rendu de la table ronde sur « Okinawa et La Réunion » évoque pour nous l'idée d'une discontinuité entre des « métropoles » et des parties de leur territoire administré. Nous avons donc Le Japon et Okinawa d'un côté, et La France et La Réunion de l'autre. Au sein de territoires administrés selon l'idée d'une unique identité nationale, Japon et France, se révèle une discontinuité identitaire. Cette discontinuité identitaire est apparente dans la langue, le créole comme la langue d'Okinawa ne sont pas considérés comme des dialectes, des variantes d'une même langue nationale, mais comme des langues à part entière. Un même type de discontinuité dans les cultures et les langues peut être observée dans la représentation des Aïnous, une culture autochtone historiquement ancrée au nord du Japon, notamment à Hokkaido.

On pourrait dire que cette discontinuité est aussi dans la manière dont est représentée la relation à la culture dominante et au paysage, notamment dans plusieurs œuvres cinématographiques et artistiques. Ainsi, nous avons le mal du pays des personnages d'Érika Étangsalé et d'Emmanuel Parraud se déplaçant entre La Réunion et la «métropole», pris dans des logiques socio-économiques qui les écrasent. Ainsi, le dépaysement et l'évasion des tokyoïtes qui se rendent à Okinawa, Sonatine (1993, Takeshi Kitano), All about Lily Chouchou (2001, Shunji Iwai), Une sœur pour l'été (1973, Nagisa Oshima), My extreme private eros (1971, Kazuo Hara). Entre Okinawa et sa « métropole » et La Réunion et sa « métropole », il y a une altérité, un exotisme qui se fait voir.

 
Axe de réflexion 2 - Pensées de la fluidité et imaginaires de la mer

Ce deuxième axe se subdivise en deux mouvements marqués par la mer et les courants océaniques.

Le premier souhaite attirer l’attention sur l’étude de l’entité protéiforme de la mer. Tantôt signe de rupture pour l’île et ses habitants, tantôt signe de connexions à d’autres espaces et à d’autres mondes, cet axe tend à cerner la place centrale de cette mer en attirant, notamment, l’attention sur le « seascape » qui constitue également l’horizon du regard de ces îles (traversées de la mer, thalassophobie, créatures des abysses, désir du rivage...). L’imaginaire de la mer est à envisager tel qu’il peut se présenter au Japon et à La Réunion. L'insularité se définit, en effet, par la présence inéluctable de la mer dans le paysage, dans les pratiques et l’ethos des habitants de l’île. Dans ce sens, la mer – terme usité en créole réunionnais pour évoquer l’entité océanique – est un élément indissociable de l’imaginaire réunionnais. Au Japon, au-delà de la question d'Okinawa, elle est une menace constante : en témoigne les violents tsunamis qui ont marqué l'histoire de ce pays. Ces catastrophes, qui peuvent potentiellement faire disparaître des mondes, deviennent dans l'ère de l'anthropocène une préoccupation planétaire. La Réunion, si elle aussi fait bien face aux remous de la mer, propose d’envisager cette dernière à l’aune du passé et de la mémoire insulaire : celle liée à l’océan, celle des traversées à l’origine du peuplement de l’île. Si Bruno Fuligni note une peur « traditionnelle » de « la disparition de l'archipel dans les catastrophes » qui peut s’appliquer au Japon, dans le cas de La Réunion l’attention se porte plutôt sur ce qui sort de la mer, ce qui en surgit, allant vers l’émergence plus que la submersion.

Dans le sillage de ces premières réflexions, le second pan de cet axe, plus épistémologique, souhaite envisager les passages et échanges transocéaniques de notions et d’idées entre le Japon et La Réunion. Dans son article « Creole Japan » Michaël Ferrier note que dans les années quatre-vingt certains chercheurs japonais ont employé la notion de créolisation dans un sens élargi, en soulignant ses aspects politiques, dimension que l’on retrouve surtout à partir des années soixante-dix à La Réunion8. Lors de la rencontre entre Edouard Glissant et Shuichi Katô en 2001 à la maison franco-japonaise à Tokyo, les notions de « créolisation » et d' « archipel » ont été discutées. Or, si les phénomènes de créolisation caribéens sont davantage connus au Japon, comme en témoigne la traduction de nombreux ouvrages d’auteurs antillais en japonais, qu’en est-il des processus de créolisation dans l’océan Indien ? Quid de cette créolisation que Carpanin Marimoutou et Françoise Vergès qualifient d’india-océane ? À partir de ces premières questions et sur le modèle de la fluidité des eaux océaniques, nous invitons à interroger la façon dont la notion de créolisation peut circuler dans les discours et entre les deux espaces à l’étude (le Japon et La Réunion). Il s’agit donc à la fois de questionner la plasticité de cette notion et ses implications et applications en fonction du contexte.

Axe de réflexion 3 - (In)compatibilités : la nature et la technologie

En Occident, la nature et la technologie sont souvent conçues dans une relation dichotomique. La révolution industrielle, qui a commencé en Angleterre, a été critiquée dès le début comme étant destructrice du paysage. Ce paradigme oppositionnel peut être considéré en partie comme une réponse inévitable aux effets écologiques néfastes des industries capitalistes, mais il peut également être perçu comme une variation de la dichotomie Homme/Nature. On observe, dans l'écologisme occidental, des manières diverses de répondre aux défis posés par des millénaires de traditions religieuses anthropocentriques. En revanche, la religion traditionnelle japonaise du shintoïsme ne connaît pas de démarcations strictes entre l'homme, l'animal, la nature ou les dieux, ce qui permet un concept plus fluide de l'anima. Il n'y a donc pas eu le même niveau de réaction contre un anthropocentrisme avoué. Au contraire, comme l'écrit Yuki Masami, « une tendance à considérer l'appréciation japonaise de l'harmonie avec la nature comme écologique est devenue visible dans les années 1980. D’autre part, le rapport du Japon aux avancées technologiques reconnaît le rôle que la technologie a joué dans la reprise économique d'après-guerre. On trouve, ainsi, une abondance de techno-animisme : l'anthropomorphisation traditionnelle des objets naturels est appliquée aux objets technologiques. Au Japon, ces traditions différentes permettent une relation plus poreuse entre le paysage et l'humain, la nature et la technologie.

Néanmoins, les attitudes écologiques japonaises sont variées et ne peuvent être résumées comme étant simplement à la fois plus en harmonie avec la nature et moins hostiles envers la technologie que celles de l’Occident. Comme le soulignent Ursula K. Heise et David Bialock, la crise environnementale est un thème majeur de la littérature et des arts japonais, tout autant que l'harmonie avec la nature. De plus, les critiques japonaises de la technologie moderne et de la géopolitique à la suite des catastrophes nucléaires ont attiré une grande attention.

Comment ces attitudes différentes se manifestent-elles dans l'art et la culture du Japon et de l'Occident ? Et La Réunion, qui se trouve dans un espace liminal entre l'Est et l'Ouest et qui est riche en traditions présentant des parallèles avec l’animisme japonais, a-t-elle une spécificité dans ses attitudes envers la nature et la technologie ?

Veuillez envoyer des propositions d'environ 250 mots à colloquejaponreunion@gmail.com. La date limite est fixée au 25 juin 2023. Les communications seront d'une durée de 20 minutes chacune et pourront être données en français ou en anglais.

Comité d’organisation :

Mounir Allaoui (École Supérieure d'Art de La Réunion, APILab, labo DIRE) Élisa Huet (Université de La Réunion, labo LCF)
Kit Kumiko Toda (Université de La Réunion, labo DIRE)

Comité scientifique :

Carpanin Marimoutou (Université de La Réunion, labo LCF) Jean-Michel Frodon (École d’Affaires Publiques - Sciences Po Paris -) John Solt (Chercheur indépendant, japonologue)
Corinne Le Neün (École Nationale Supérieure d’Art de Paris Cergy) Élise Domenach (Institut d’Asie Orientale)
Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo (Université de La Réunion, labo LCF)
Cédric Mong-Hy (École Supérieure d’Art de La Réunion, APILab)
Bénédicte Letellier (Université de La Réunion, labo DIRE)
Mounir Allaoui (École Supérieure d’Art de La Réunion, APILab, chercheur associé au labo DIRE) Élisa Huet (Chercheuse associée au labo LCF, Université de La Réunion)
Kit Kumiko Toda (Université de La Réunion, labo DIRE)


Bibliographie

-  BERQUE,Augustin, Médiance de milieux en paysages, Montpellier, Reclus, coll.«Géographiques»,1991
-  -----------, Les Raisons du paysage de la Chine antique aux environnements de synthèse, Paris, Hazan,1995
-  BERNARDIE-TAHIR, Nathalie, L’Usage de l’île, Paris, Éditions Pétra,2011
-  BESSE,Jean-Marc, La nécessité du paysage, Paris, Parenthèses, 2018
-  BLANC, Nathalie, Denis Chartier et Thomas Pughe. « Littérature et écologie: Vers une écopoétique », Écologie & Politique 36.2 (2008): 17–28
-  BRINCKERHOFF JACKSON, John, À la découverte du paysage vernaculaire. (Discovering the vernacular landscape).Traduit de l’américain par Xavier Carrère, Arles, Actes Sud/ENSP, 2003
-  CAPEL, Mathieu, Evasion du Japon : cinéma japonais des années 1960, Les Prairies ordinaires, 2015
-  DELOUGHREY, Elizabeth, and George B. HANDLEY, Postcolonial Ecologies. Literatures of the Environment, Oxford, Oxford UP, 2011
-  DOMENACH,Élise, Le paradigme Fukushima au cinéma : ce que voir veut dire, Mimésis,2022
-  FERRIER, Michael, « Comptes rendus divers : Axel Gauvin au Japon », Revue Japonaise de didactique du français, Vol 1, numéro 2, Etudes francophones, Juillet 2006, p.136-137
-  ---,« Creole Japan; or The Vagaries of Creolization », Small Axe 1 November 2010,14(3(33)),pp.33–44
-  FULIGNI, Bruno, L’île à éclipses - Apparitions et disparitions d’une terre française, CNRS, 2017
-  GHOSH, Amitav, Le grand dérangement. D’autres récits à l’ère de la crise climatique [2016] Marseille, Wildproject, coll. « le monde qui vient », 2020
-  GLOTFELTY, Cheryll. « Introduction: Literary Studies in an Age of Environmental Crisis. » The Ecocriticism Reader: Landmarks in Literary Ecology. Ed. Cheryll Glotfelty and Harold Fromm. Athens: U of Georgia P, 1996, xv-xxxvii.
-  LUGINBUHL, Yves, Paysages. Textes et représentations du paysage du siècle des Lumières à nos jours, La manufacture, coll. » Les beaux livres de La Manufacture », 1989
-  MARIMOUTOU, Carpanin, Françoise, Vergés, Amarres. Créolisations india-océanes, Paris,L’Harmattan,2005
-  MARUYAMA, Masao, Essais sur l'histoire de la pensée politique au Japon, Les Belles Lettres,2018
-  NAKAI,Masakazu, Introduction à l'esthétique, Presses du réel,2021
-  NORINAGA, Motoori, Le fou à la cangue, Kimé, 2017
-  STEINBERG, Philippe E., « The Maritime Mystique : Sustainable Development, Capital Mobility, and Nostalgia in the World Ocean », in Environment and Planning D: Society and Space, vol. 17, no. 4, Aug. 1999, pp. 403–426
-  SUBERCHICOT,Alain, Littérature et environnement.Pour une écocritique comparée. Paris:HonoréChampion,2012
-  VERGÈS, Françoise « L’océan Indien, un territoire de recherche multiculturelle », CNRS Éditions | Hermès, La Revue, 2002/1 n° 32-33, pp. 447-456)
-  WAKE, Hisaaki, SUGA, Keijiro e tMASAMI, Yuki(éd.) Ecocriticismin, Japan, Lanham, LexingtonBooks, 2018
-  WATSUJI, Tetsurô, Fûdo le milieu humain, CNRS éditions, 2011
-  YOMOTA, Inuhiko, Okinawaeigaron, Sakuhinsha, 2008
-  ZAPF, Hubert, « Ecocriticism, Cultural Ecology, and Literary Studies », in Ecozon@ : European Journal of Literature, Culture and Environment, Vol 1, No 1 (2010) : New Ecocritical Perspectives: European and Transnational Ecocriticism


Environment and landscape in Japan and/or Reunion Island: towards a comparative ecocriticism

Japan and Reunion Island can both be defined by their island status. These two spaces, so remote from each other, nevertheless share many parallel issues. During a roundtable discussion on “Okinawa and Reunion” held at the Franco-Japanese Institute in Tokyo, the Reunionese writer Axel Gauvin “highlighted the parallel experiences, but also the dissimilarities that arise from the representations of national identity and the treatment of the past in France and Japan”. Taking this and other interchanges as a starting point, this conference invites researchers to explore questions relating to the environment and landscape in both places. While the landscape has long been a major source of inspiration for art and literature, in the current climate, specifically environmental and ecological concerns are increasingly present, leading to a growing overlap between these two concepts.

We do not expect researchers to necessarily present comparative studies between Japan and La Réunion; while comparative papers would be very welcome, those that focus on one of the two territories are also encouraged. The wish to facilitate exchanges, in order to create a fertile ground for comparative ecocriticism, is at the heart of this project .

The term “landscape” implies an aesthetic representation of the environment; it creates and transmits an imaginary, holding a “thought linked to the place”.3 As Yves Luginbhul reminds us, the landscape is “above all an image elaborated from memories, myths, knowledge, in short, from culture.”4 These aspects are all dimensions that this conference aims to explore. The notion designated by the term landscape is polysemous and its connotation can vary according to the language. In Japanese, several terms made up of different ideograms can mean what is translated into English as “landscape”, into French as “paysage”. In Reunion Island, the notion of landscape can be understood differently. On this island, which is undergoing a process of creolisation, the vocabulary of Reunionese Creole incorporates Malagasy, Tamil, Mozambican and Chinese terms to designate both plants and animals.5 The different connotations in these languages may be a rich subject for investigation, particularly the way in which they are involved in the formulation of ideas about artistic and literary objects.

In the context of these initial reflections, we propose three lines of enquiry:

Topic 1 - Exotic Landscapes: States of Otherness

Topic 2 - Fluid Thoughts and Imaginaries of the Sea

Topic 3 - (In)compatibilities: Nature and Technology



Topic 1 – Exotic Landscapes: States of Otherness

We invite reflections on exoticism and otherness particularly within one country, at the limits of the notion of the Nation-State. The quotation from the roundtable on “Okinawa and Reunion” evokes the idea of a discontinuity between the mainland (or metropole) and other parts of the territory: Japan/Okinawa, or France/Reunion. A discontinuity begins to emerge within these territories administered according to the idea of a single national identity. This is also apparent in the language, as both Creole and Okinawan are not considered dialects, variants of the same national language, but a separate language. A similar discontinuity can be observed in the representation of the indigenous Ainu, a people historically rooted in the north of Japan, notably Hokkaido.

This discontinuity is also found in the way the relationship to the dominant culture and the landscape is represented, notably in several cinematographic and artistic works: Erika Etangsalé and Emmanuel Parraud both depict the homesickness of characters moving between Reunion and the métropole, trapped in overwhelming socio-economic circumstances; or the drastic change of scenery for Tokyoites who “escape” to Okinawa in Sonatine (1993, Takeshi Kitano), All about Lily Chouchou (2001, Shunji Iwai), A Sister for Summer (1973, Nagisa Oshima), My extreme private eros (1971, Kazuo Hara). Between Okinawa and the Japanese mainland, between Reunion and the métropole, there is an othering, an exoticizing regard.


Topic 2 – Fluid Thoughts and Imaginaries of the Sea

This second line of enquiry is subdivided into two movements marked by the sea and ocean currents.

The first aims to draw attention to the study of the protean entity that is the sea. Sometimes a sign of rupture for the island and its inhabitants, sometimes a sign of connections to other spaces and other worlds, this panel takes the imaginary of the sea in Japan and Reunion Island as its central focus. We particularly draw attention to the “seascape” which also constitutes the horizon of the gaze for these islands (sea-crossings, thalassophobia, creatures of the abyss, desire for the shore...). Insularity is defined by the inescapable presence of the sea in the landscape, in the practices and ethos of the islanders. In this sense, the sea is an inseparable element of the Reunionese imaginary. (La mèr is used in Reunionese Creole to evoke the oceanic entity.) In Japan, beyond the matter of Okinawa, the sea is a constant threat, as shown by the violent tsunamis that have marked the history of this country. These disasters, which can potentially make worlds disappear, are becoming a global concern in the Anthropocene era. Reunion Island, while also facing the upheavals of the sea, tends to consider the latter in the light of the past and the island's memory: that linked to the ocean, that of the crossings at the origin of the island's settlement. While Bruno Fuligni notes that in Japan there is a “traditional” fear of “the disappearance of the archipelago in disasters”, in the case of Reunion Island, the focus is rather on what surfaces from the sea, what rises from it, moving towards emergence rather than submersion.

In the wake of these initial reflections, the second part of this theme, which is more epistemological, considers the transoceanic passages, and exchanges of notions and ideas between Japan and Reunion. In his article “Creole Japan” Michaël Ferrier notes that in the 1980s some Japanese researchers used the notion of creolisation in a broader sense, emphasising its political aspects, a dimension that is found especially from the 1970s onwards in La Réunion. During the meeting between Edouard Glissant and Shuichi Katô in 2001 at the Franco-Japanese House in Tokyo, the notions of “creolisation” and “archipelago” were discussed. While the phenomena of Caribbean creolisations are better known in Japan (as shown by the translation of numerous works by West Indian authors into Japanese), what about the processes of creolisation in the Indian Ocean? More specifically, what about the creolisation that Carpanin Marimoutou and Françoise Vergès describe as Indian-Oceanic? Based on these initial questions and on the model of the fluidity of oceanic waters, we invite you to question the way in which the notion of creolisation can circulate in the discourses and between the two spaces under study (Japan and Reunion). The plasticity of this notion may be questioned, as well as its possible implications and applications.

Topic 3 – (In)compatibilities: Nature and Technology

In the West, nature and technology are often conceived in a dichotomous relationship. The Industrial Revolution, which began in England, was criticised from the outset as destructive of the landscape. This oppositional paradigm can be seen in part as an inevitable response to the harmful ecological effects of capitalist industries, but it can also be seen as a variation of the Man/Nature dichotomy. There are diverse ways in which Western environmentalist thought has responded to the challenges posed by millennia of anthropocentric religious traditions. In contrast, the traditional Japanese religion of Shintoism does not have strict demarcations between man, animal, nature or gods, allowing for a more fluid concept of anima. Thus, we do not see the same level of reaction against an avowed anthropocentrism. On the contrary, as Yuki Masami writes, “a tendency to view the Japanese appreciation of harmony with nature as ecological became visible in the 1980s”.13 On the other hand, Japan's relationship to technological advances recognises the role that technology played in the post-war economic recovery. Thus, there is an abundance of techno-animism: the traditional anthropomorphising of natural objects is applied to technological objects. In Japan, these different traditions allow for a more porous relationship between landscape and human, nature and technology.

Nevertheless, Japanese ecological attitudes are varied and cannot simply be summarised as being both more harmonious with nature and less inimical to technology than those of the West. As Ursula K. Heise and David Bialock point out, environmental crisis is a major theme in Japanese literature and art, as much as harmony, and furthermore, Japanese critiques of modern technology and geopolitics in the wake of nuclear disasters have attracted considerable attention.14

How do these different attitudes manifest themselves in the art and culture of Japan and the West? And does Reunion Island, which inhabits a liminal space between East and West and which is rich in traditions with parallels to Japanese animism, show a specificity in its attitudes towards nature and technology?



Please send proposals of around 250 words to colloquejaponreunion@gmail.com. The deadline is 25th June 2023. There will be 20 minutes per paper and they can be given in either English or French.

Organising Committee :

Mounir Allaoui (École Supérieure d'Art de La Réunion, APILab, labo DIRE)
Élisa Huet (Université de La Réunion, labo LCF)
Kit Kumiko Toda (Université de La Réunion, labo DIRE)


Scientific Committee :

Carpanin Marimoutou (Université de La Réunion, labo LCF)
Jean-Michel Frodon (École d’Affaires Publiques, Sciences Po Paris)
John Solt (Independent Researcher, Japanologist)
Corinne Le Neün (École Nationale Supérieure d’Art de Paris Cergy)
Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo (Université de La Réunion, labo LCF) Cédric Mong-Hy (École Supérieure d’Art de La Réunion, APILab) Bénédicte Letellier (Université de La Réunion, labo DIRE)
Mounir Allaoui (École Supérieure d’Art de La Réunion, APILab, labo DIRE) Élisa Huet (Université de La Réunion, labo LCF)
Kit Kumiko Toda (Université de La Réunion, labo DIRE)