Philosophe déclaré et sémioticien sans le dire, compagnon du club de pensée réuni par Greimas dans les années 1970-80, et depuis lors tout proche témoin de ses prolongements, Herman Parret publiait en 2018 La main et la matière. Jalons d'une haptologie de l'œuvre d'art, dont Florence Baillet avait aussitôt donné une lecture dans Acta fabula sous le titre "À rebours de l’oculocentrisme : le toucher en esthétique".
Herman Parret fait aujourd'hui paraître La délicatesse des sens (Presses du Réel) : trois nouveaux essais d'esthétique, entre arts visuels et littérature, qui offrent une réflexion sur la « délicatesse » dans les divers domaines de la sensorialité (le visible, le sonore, le gustatif et le tactile), d'Aristote à Gerhard Richter en passant par Léonard de Vinci, Rameau, Nietzsche, Proust et Marcel Duchamp – une lecture des plus suggestives pour la construction ou le développement d'une sémiotique (du) sensible. Herman Parret nous rappelle avec force que l'esthétique s'enracine dans une expérience corporelle, qui n'est pas moins perspicace que l'esprit. Notre aisthèsis gagne en finesse quand elle se perd, sans finalité ni idéal, dans les mailles de la matière. La jouissance : tout un art. Celui auquel s'entraîne, dans ses vagabondages toujours exigeants, le felix aestheticus. Fabula vous invite à découvrir des extraits de l'ouvrage sur le site de l'éditeur…
Paraît dans la même temps dans la collection "La République des lettres" (Peeters) sous le titre Felix Aestheticus. Pour Herman Parret, un volume d'hommages réuni par Sémir Badir, Vlan Ionescu, et Nathalie Kremer : si le felix æstheticus est cet être sensible qui expérimente le monde de manière haptique, il est aussi l’artiste qui travaille la matière de ses mains, ou le spectateur de l’art lorsqu’il est touché par l’impulsion émotive, ou encore l’intellectuel dont l’éthos s’ancre dans une sensibilité ouverte au monde.
Félicitons au passage la revue lyonnaise Textimage qui fêtait récemment ses quinze ans, avec un sommaire composé par Marcela Scibiorska et Corentin Lahouste et également consacré à l'"Hapticité. Quand l’image touche la littérature".