Représentation de l’environnement naturel. Pour une écocritique des littératures et arts africains postcoloniaux
Le monde contemporain traverse une crise écologique qui se manifeste par les phénomènes tels que le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles, l’augmentation du niveau de la mer, etc. Cette question cruciale est abordée par les sciences naturelles, physiques et économiques. Les sciences humaines ne restent pas indifférentes à cette préoccupation écologique qui nourrit et alimente les conférences et débats actuels. Aujourd’hui, la littérature, entendue comme « lieu par excellence d’où l’on imagine de nouveaux modes de vivre, de nouvelles réalités et donc de nouveaux rapports au monde » (Stéphanie Posthumus, 2011, p. 86), est devenue un champ de recherche écologique et s’intéresse de plus près aux complexes rapports quotidiens entre homme et nature.
En cela, la littérature africaine, à l’instar de celle des autres aires géoculturelles, a enregistré la question des relations entre l’homme et la nature dans ses représentations du monde pour justement « répondre à la place toujours grandissante que les problématiques liées à la nature et à sa préservation [y] occupent (…) » (Pierre Schoentjes, 2015). Mais c’est à partir des années 1990, avec les études culturelles anglo-saxonnes qui voient l’émergence de l’écocritique et plus tard avec l’écopoétique en France, que les études littéraires ont eu une assise confortable dans les recherches environnementales et écologiques. Et comme le préconise Alain Suberchicot dans son ouvrage programmatique Littérature et environnement. Pour une écocritique comparée (2012), il faut sortir l’écocritique de son tropisme américain pour l’adapter à la réalité et au contexte de chaque aire géoculturelle.
Ainsi, dans le champ africain, des études ont émergé avec des critiques comme Etienne Marie-Lassi (2013, 2023), Noussi Mofin (2012), Xavier Garnier (2022) et autres, et prennent leur place dans cet univers de connaissance et de recherche.
D’autres critiques ont ouvert la recherche sur des imaginaires différents des représentations fondées sur les sciences environnementales d’obédience anglo-saxonne ou occidentale. On peut évoquer L’écologie des autres. L’anthropologie et la question de la nature de Philippe Descola (2011) qui déconstruit le dualisme nature/culture pour prendre en compte les diversités culturelles dans leur approche du milieu naturel, et Malcom Ferdinand (2019) qui se penche spécifiquement sur l’univers carïbéen.
Le constat qui se dégage est que les études littéraires assez bien vulgarisées surpassent en visibilité les études artistiques en Afrique sur les rapports de l’homme à son environnement naturel. Or que ce soit dans les médias, le cinéma, les arts visuels et vivants, et les musiques d’Afrique, le thème de l’environnement naturel et plus globalement les problématiques écologiques ont une place importante. Il est donc évident qu’une « imagerie médiatique de la crise environnementale » (Mirella Vadean et Sylvain David, 2014, p. 37) s’est aussi développée dans le monde africain.
L’objectif de cette journée d’étude est donc d’interroger, dans la continuité des travaux précurseurs, la pensée écologique dans la littérature africaine postcoloniale, mais aussi d’inciter les études artistiques à sortir de cette sorte ‘’d’invisibilité écologique’’. Appréhender l’écologie sous le prisme d’un comparatisme entre littératures et arts africains constitue l’essentiel de la réflexion envisagée lors de cette journée pour voir comment « l’imagerie se transforme en imaginaire » (Mirella Vadean et Sylvain David, 2014, p. 38) et permet l’investissement « du pouvoir créatif et poétique nécessaire au surpassement de l’inquiétude » (Mirella Vadean et Sylvain David, 2014, p. 40).
Axes de réflexion
- Mythe et représentation des rapports homme-nature : mytho-écopoétique, courant spirituel féministe et écoféminisme dans les littératures et arts africains ;
- Ecocritique, Ecopoétique, écosémiotique des littératures et arts africains ;
- Passages écopoétiques entre littératures et arts africains : Arts visuels, Arts vivants (écodramaturgies), Musique, Cinéma, Poésies (écopoésie) et représentation des rapports homme-nature ;
- Ecocritique et écopoétique comparées des littératures et arts : Afrique et Europe/Amérique/Asie.
Calendrier
- Publication de l’appel : 10 mai 2023
- Réception des propositions (Résumé d’au plus 500 mots accompagné d’une notice biobibliographique d’environ 250 mots) : 05 juillet 2023
- Réponse aux proposants : 12 juillet 2023
- Tenue de la journée d’étude (Communication et débats en présentiel et en ligne) : 27 juillet 2023
- Envoi des articles définitifs : 10 septembre 2023
- Publication des actes de la journée : fin 2023
Les propositions de communication et les articles sont à envoyer à ecologie@ufhb.edu.ci
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Responsables du projet :
Dr Amouzou Emile, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr Koffi Kouadio Hervé, Université Félix Houphouët-Boigny
Dr Cissoko Saran Epse Coulibaly, Université de Man.