La construction prédicative à l'oral et à l'écrit : maîtriser la posture de locuteur et de scripteur (Paris)
Parce qu’elle détermine l’élaboration du sens à partir des formes linguistiques, la construction des prédications met en œuvre à la fois la syntaxe, le choix du lexique, certaines régularités morphologiques mais également la cohérence sémantique au sens large. La construction prédicative présente des caractéristiques propres à la langue parlée et à la langue écrite. Même si la grammaire de l’oral et celle de l’écrit sont en grande partie les mêmes (Cappeau, 2018 ; Ibrahim, 2014), l’organisation prédicative qu’adopte un locuteur pour raconter une histoire se réalise différemment selon que le récit est produit à l’oral ou à l’écrit (Koch et Oesterreicher, 2001 ; Berrendonner, 2004). Cette journée scientifique a pour objectif de mettre en perspective la comparaison oral/écrit du point de vue de leur construction prédicative et d’envisager de nouvelles pistes pédagogiques, en langue maternelle, seconde ou étrangère (Barré-de Miniac, 2000 ; Dormoy, 2004).
L’axe 1 tentera de dégager les spécificités des constructions prédicatives relevant des modalités orale et écrite à travers différents types de corpus.
Les constructions prédicatives observées à l’oral relèvent-elles de la même complexité que celles mises en œuvre à l’écrit ? (Havu et Pierrard, 2012). Relevant du choix inconscient des apprenants et dépendant uniquement de leurs compétences langagières, leur analyse permettrait d’obtenir des informations importantes sur le degré de maîtrise de la langue parlée et écrite des locuteurs-scripteurs. Si les enfants de moins de 10 ans différencient peu la construction prédicative de leurs énoncés oraux et écrits (Martinot et al, 2018), ce n’est plus le cas dans la majorité des cas chez les adultes (Martinot et Lambert, 2022). Il conviendra donc d’observer cette organisation prédicative en français langue maternelle mais aussi chez des apprenants de français langue seconde ou étrangère (Perdue, 2000). Une description précise du mode d’organisation prédicative à l’oral et à l’écrit, permettrait de comprendre la manière dont ils élaborent leurs phrases, « d’appréhender leur conception particulière d’un fait de langue » (Doquet, 2013) et éventuellement de distinguer ce que est formulé comme une prédication (ex. Cet enfant est petit) et ce qui est formulé comme une information (ce petit enfant est bien gentil).
L’axe 2 sera consacré aux applications didactiques.
Rendre compte de la construction prédicative à l’oral et à l’écrit chez des locuteurs-scripteurs en français langue maternelle, seconde ou étrangère permettrait la mise en place d’activités de remédiation ou de renforcement en envisageant notamment l’interaction oral/écrit : dans quelle mesure l’exercice de la parole orale peut-il améliorer les productions écrites ? La question de l’utilisation d’un déjà-là (Plane & Rondelli, 2017) par les scripteurs experts (Berissi, 2012) ou non-experts n’est pas nouvelle. Cette question est abordée, le plus souvent, sous l’angle lexical (Vénérin, 2017) ou sous l’angle thématique (Similowski, 2018), mais n’a pas fait l’objet d’une comparaison oral /écrit. Par ailleurs, l’entrainement des élèves à la reformulation, sous toutes ses formes paraphrastiques, pourraient également constituer une piste à exploiter dans la pratique de l’écrit. Enfin, du point de vue de l’enseignement de la langue, il apparaît qu’un travail de l’expression orale est également nécessaire (Béguelin, 1998). Aussi pourrait-on envisager que la rédaction d’un texte écrit puisse constituer un point d’appui très bénéfique à la pratique de l’oral.
Références bibliographiques :
BARRÉ-DE MINIAC, Christine. 2000. Le Rapport à l'écriture. Aspects théoriques et didactiques. Lille : Presses Universitaires du Septentrion.
BÉGUELIN, Marie-José. 1998. Le rapport écrit-oral. Tendances dissimilatrices, tendances assimilatrices. Cahiers de linguistique française, 20, 229-253.
BERISSI, Marianne. 2012. Littérature sans mémoire : lecture d’enfance de Michel Leiris. Arras : Artois Presse Université.
BERRENDONNER, Alain. 2004. Grammaire de l’écrit vs grammaire de l’oral : le jeu des composantes micro- et macro-syntaxiques. Interactions orales en contexte didactique. Lyon : PUL, 249-262.
CAPPEAU, Paul. 2018. Corpus et (ré)organisation de l’oral. Des Organisations dynamiques de l’oral. Berne : Peter Lang, 413-418.
DOQUET, Claire. 2013. Dépasser l’impossible alliance : quelles interactions entre production écrite et maîtrise de la langue, Le français aujourd’hui, 181.
DORMOY, Denis. 2004. De la réécriture comme mode d'écriture de textes. Ou apprendre à écrire en réécrivant ». Le français aujourd’hui, 144, 53-61.
HAVU, Eva et PIERRARD, Michel. 2012. Prédication seconde et subordination : à propos du degré de complexité de la connexion de prédications. La complexité en langue et son acquisition. Lublin : KUL, 37-51.
IBRAHIM, Amr H. 2014. La langue, la voix, la parole. Paris : CRL.
KOCH, Peter et OESTERREICHER, Wulf. 2001. Langage parlé et langage écrit. Lexicon der Romanistischen Linguistik, I-2, 584-627.
LAMBERT, Valérie. 2021. Reformulations orales et écrites chez des étudiants de 18 à 20 ans en français langue maternelle, langue étrangère et langue de scolarisation : méthode d’analyse et problématique. Échange Linguistique en Sorbonne (ÉLIS), Paris, volume 7, 91-109.
LAMBERT, Valérie. 2022. Étude comparative oral/écrit des procédures de reformulation effectuées par des étudiants de 18 à 20 ans (FLM, FLS, FLE). 8e Congrès mondial de Linguistique Française, section Linguistique et didactique, Orléans, volume 138.
MARTINOT, Claire, BOSNJAK BOTICA, Tomislava, GEROLOMICH, Sonia et PAPROCKA- PIOTROWSKA, Urszula. 2018. Reformulation et acquisition de la complexité linguistique – perspective interlangue. Londres : ISTE Editions.
MARTINOT, Claire et LAMBERT, Valérie. 2022. Comparaison oral / écrit dans des rappels de récits produits par de jeunes adultes scolarisés de 19 ans. Linguistique de l’écrit 3, Oral/écrit : quelles places dans les modèles linguistiques ?
PERDUE, Clive. 2000. Acquisition des langues secondes. L’acquisition du langage, II. Paris : PUF, 215-246.
PLANE, Sylvie et RONDELLI, Fabienne. 2017. Le déjà-là dans l’écriture. Pratiques, 173-174.
SIMILOWSKI, Kathy. 2018. Emprunts et reformulations dans les écrits créatifs d’apprenants : l’exemples des robinsonnades. Pratiques langagières, construction des savoirs et littéracies. Orléans.
VÉNÉRIN, Christine. 2017. Les choix lexicaux des élèves révélateurs d’un déjà-là. Pratiques, 173-174.BARRÉ-DE MINIAC, Christine. 2000. Le Rapport à l'écriture. Aspects théoriques et didactiques. Lille : Presses Universitaires du Septentrion.
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Programme :
9h30 : Accueil (self du personnel de l’INSPE)
10h -11h
Claire Doquet, INSPE de Bordeaux
Les constructions prédicatives dans les écrits scolaires : quelques repères
11h-11h45
Olivia Lewi, INSPE de Paris
Formulation et reformulation orale ou écrite en cours de mathématiques : quelles pratiques langagières privilégier ?
11h45-12h00
Discussion : Valérie Lambert
12h00-14h00 : Pause déjeuner
14h00-14h45
Claire Martinot, Kathy Similowski, Valérie Lambert, INSPE de Paris, INSPE de Cergy et Sorbonne Université
Organisation prédicative et procédures de reformulation en restitution orale et écrite chez des enfants de 10 ans
14h45-15h30
Valérie Lambert, Sorbonne Université
Étude comparative de l’organisation prédicative en restitution orale et écrite chez des locuteurs-scripteurs de 19 ans (FLM/FLS)
15h30-16h15
Sonia Gerolimich et Isabelle Stabarin, Universités de Udine et de Trieste
La construction prédicative en FLE, à l’oral et à l’écrit, chez des étudiants italophones.
16h15-16h30
Discussion : Claire Martinot
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Contact : val.lambert2003@gmail.com
La participation à l'évènement est gratuite.
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