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Traductologie et sciences du langage (Fès, Maroc)

Traductologie et sciences du langage (Fès, Maroc)

Publié le par Marc Escola (Source : M. El-Himer)

                                                         La Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar -El Mehraz

                                     Le Laboratoire des Sciences du Langage, Littérature, Arts, Communication et Histoire, (SLLACH)

                                                                                                                    et

                                                                                                   l’Atelier Conte et Contage

                                                                                       organisent un colloque international

                                                                                                      sous le thème

                                                                                       Traductologie et Sciences du Langage

                                                                                                    17 et 18 janvier 2024

 
La diversité linguistique de l’après Babel a été considérée aussi bien un bienfait qu’une malédiction. Face à cette pluralité des langues et des cultures, deux stratégies ont été développées à travers l’histoire : soit adopter une langue commune, soit consentir à la réalité et opter pour une approche multilingue. 

La première stratégie vise à unifier les langues. La tendance à parler une seule langue a donné naissance à un pouvoir universalisant du logos. Des langues unes s’inventent et se profilèrent successivement comme il en est des tentatives de création de bon nombre de langages formels, mais qui sont toutes vouées à l’échec. Ainsi l’échec leibnizien est-il remplacé par la tentative de Gottlob Frege (1848-1925). Les ersatz pragmatiques, comme l’espéranto ou « désespéranto », pour emprunter le mot à Michel Deguy, langue maternelle de (presque personne) faite en mode indo-européen, mais ô combien exclusivement fabriquée, n’ont connu aucun succès. 

A partir du XIXè siècle, cette première solution prend une autre forme. Aussi l’anglais commence-t-il à imposer son hégémonie au monde et acquérir de plus en plus le statut de véritable lingua franca mondiale. Toutefois, si la prééminence de ladite langue dans le monde ne se heurte dans l’immédiat à aucun obstacle, il n’empêche de prévoir que les nouveaux changements n’affecteront pas cette domination. D’ailleurs, nous vivons dans un monde VICA (volatile, imprévu, complexe et ambigu) où rien n’est garanti De surcroît, l’histoire nous a fourni de multiples exemples où la suprématie d’une communauté et de sa langue finit par reculer face à l’émergence d’autres sociétés plus dynamiques.

La deuxième stratégie consiste à préserver les différences et les particularités linguistiques et culturelles tout en adoptant la traduction comme formule magique à toutes les différences et à tous les différends. Certains pensent « que la traduction peut servir comme modèle de savoir-faire avec les différences » (Barbara Cassin, 2016 : 105). Toutefois, il ne faudrait pas attendre jusque-là pour montrer l’importance de la traduction dans la vie des sociétés. L’histoire de l’Islam reposait sur la traduction depuis le 3e H./9e ap. J.-C. jusqu’au 5e H./11e ap. J.-C. Les califes, conscients du rôle de la traduction dans le développement de la société, ont créé des Bayt al- hikma (maison de la sagesse), qui deviennent très vite de grands centres intellectuels. Elles rassemblaient à la fois philosophes, astronomes, mathématiciens, linguistes et bien d’autres spécialistes, mais d’abord et avant tout des traducteurs, qui parcouraient le monde en long et en large pour transvaser le tout dans le système linguistique arabe. La maison de la sagesse était un espace réel, multi et interdisciplinaire des savoirs, des cultures et des langues, mais le focus en est la traduction vers l’arabe.

En Europe, plusieurs voix revendiquent la même solution.  « La langue de l’Europe, c’est la traduction » dixit Umberto Eco. On se sert de cette parole pour rappeler l’Europe à sa devise, « In varietate concordia » (en français : « Unie dans la diversité »).  Elle incite les Européens à unir leurs efforts en faveur de la paix et de la prospérité et à faire de la diversité linguistique et culturelle un atout pour le continent.  

D’autres voix recommandent de construire un universel latéral qui passe par la traduction en tant que partage, rencontre et décentrement, s’élèvent. Cette déclaration d’Umberto Eco, « la langue de l’Europe, c’est la traduction » a été reformulée par Barbara Cassin « qu’elle fasse donc dire : la langue du monde, c’est la traduction ! » (Barbara Cassin, 2017 : 154) et par Ngugi Wa Chion’go «la traduction est la langue des langues, une langue au moyen de laquelle les langues peuvent se parler » (Bachir Diagne, 2022 : 207-208).

Selon lui, cette déclaration de Ngugi Wa Chion’go n’est pas uniquement une extension de celle d’Umberto Eco de l’Europe à l’humanité entière, mais une invitation aux langues à se parler par la traduction. Rapprocher deux mondes par la traduction, c’est construire un monde commun. La traduction est l'art de dresser des passerelles entre des mondes différents. Aussi, le propos « traduire en présence de toutes les langues » (Bachir Diagne, 2022 : 31-39) vise-t-il à placer la traduction sous un angle humaniste qui tient compte des langues et cultures menacées.

Quoi qu’il en soit, la traduction est là, et force est de constater que les études théoriques sur le sens du « traduire », selon le mot de J.R. Ladmiral et sur l’apport de la traduction aux sciences humaines et sociales se sont multipliées. Ainsi, la réflexion sur la traduction et les tentatives de théorisation de la pratique commencent-elles à devenir affaire des recherches universitaires. C’est donc dans l’enceinte de l’université que naît la traductologie comme le précise Lavault. « Lorsque les traducteurs et interprètes professionnels ont rejoint les rangs des chercheurs universitaires, la pratique de la traduction est devenue un champ de recherche en soi, et la traductologie a pu commencer à exister » (Élisabeth Lavault-Olléon, 2007 : 50). Beaucoup de chercheurs parlent d’un « tournant traductologique », comme le note Michaël Oustinoff, en 2007. Néanmoins, du fait du visage protéiforme que peut prendre la traduction, celle-ci ne saurait être l’apanage des seuls spécialistes en traduction. Elle doit être appréhendée sous l’angle de l’interdisciplinarité la plus large.

Partant, la réflexion sur la traduction est reléguée à des domaines aussi variés que complexes, comme la littérature, la linguistique, la philosophie, l’anthropologie, et bien d’autres champs disciplinaires. Pour nous focaliser uniquement sur le rapport entre la traduction et les sciences du langage, nous déclarons avec Guidère que « la traduction a été envisagée tour à tour comme une branche de la linguistique contrastive, de la linguistique appliquée, de la linguistique textuelle, de la psycholinguistique, ou encore comme une forme de communication multilingue ou bien de communication interculturelle » (Mathieu Guidère, 2008 : 9).

Aussi de nombreuses approches théoriques se sont-elles succédées, au cours de ce siècle pour se saisir du phénomène traductif : structuralisme, générativisme, fonctionnalisme, linguistique formelle, sociolinguistique, psycholinguistique, etc. Chaque courant linguistique envisage les phénomènes observés à sa manière. Le niveau de l’analyse peut porter sur le mot, la phrase, le texte, le traducteur, voire la société, etc. Chaque courant use de ses concepts, de sa terminologie et de sa méthodologie pour appréhender un aspect de la traduction, mais sans jamais parvenir à cerner sa complexité. 

Cet évènement borne donc son ambition à débattre de la question du mariage heureux ou malheureux entre les sciences du langage et la traduction. Chercheurs et praticiens sont donc invités à réfléchir, entre autres, sur les axes suivants :

1.      Traduction et langage ;

2.      Traduction et approches linguistiques (théoriques, appliquées, psycholinguistiques, sociolinguistiques, communicationnelles, discursives et/ou autres) ;

3.      Traduction et nouvelles technologies, traduction et intelligence artificielle.

4.      Traduction et humanisme ;

5.      Traduction entre théorie et pratique ;

Bibliographie

ALBRECHT Jörn et METRICH René (2016). Manuel de traductologie, Berlin/Boston, Walter de Gruyter GmbH.

BALLARD Michel (2006). Qu'est-ce que la traductologie, Lille, Artois Presses Université.

BENSIMONE Paul (2006). Traduire ou vouloir garder un peu de la poussière, Paris, Presse Sorbonne nouvelle.

BERMAN Antoine (1984). L’Epreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard.

FOURQUET Jean (1972). La traduction vue d’une théorie du langage, Paris, Langages.

GUIDERE Mathieu (2008). Introduction à la traductologie. Penser la traduction : hier, aujourd’hui, demain, Bruxelles, De Boeck.

LAPLACE Colette (1995). Théorie du langage et théorie de la traduction, Paris, Didier Érudition.

LAVAULT-OLLEON Élisabeth et ZIMINA Maria (éd.) (2019) Traduction et technologie : regards croisés sur de nouvelles pratiques, revue Des Mots aux Actes, n°8, Paris, Classiques Garnier.

Oustinoff Michaël, « Après Babel ou la traduction comme clé de compréhension majeure du monde contemporain », in : Hermès, La Revue 2021/1 (n° 87), CNRS Éditions, p. 253-258. 
https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2021-1-page-253.htm

POLAT Yusuf (2020). Traduction et linguistique : Les sciences du langage et la traductologie, Paris, L’Harmattan.

Coordonnateur du colloque :

Mohamed EL-HIMER

Membres du comité d’organisation :

AZEROUAL Sidi Omar (Université Cadi-Ayyad de Marrakech)

BARBARA Rahma (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

BERRADA Bouchra (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

EL-HIMER Mohamed (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

IDRISSI AYDI Ouafae (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

LAZAARE Khalid (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

MAGHRAOUI HASSANI Hanane (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

Membres du comité scientifique :

AZEROUAL Sidi Omar (Université Cadi-Ayyad de Marrakech, Maroc)

BARBARA Rahma (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

BENLAKDAR Mohyeddine (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

BENZINA Ouafae (Université Moulay Ismail de Meknès, Maroc)

BOUANANI Mostafa (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

BERRADA Bouchra (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

ELAYACHI Souad (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

ELKHADDAR Hanane (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

EL-HIMER Mohamed (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

ELMERRAHI Mohamed (Centre Régional des Métiers de l’Education et de la formation Fès-Meknès)

HASSALA Khadija (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

HEFIED Ali (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

IBEN MOULOUD Ouafe (Association LAMALIF, Fès, Maroc)

IDRISSI AYDI Ouafae (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

LACHKAR Abdenbi (RESO, Université Paul Valéry-Montpellier 3, France)

LAZAARE Khalid (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

MAGHRAOUI HASSANI Hanane (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

MADANI Alaoui Khadija (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc, Maroc)

TAHIRI Naima (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc s)

TAOUFIQ Khalid (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

Membres du comité d’organisation des doctorants-chercheurs :

Les doctorants du Laboratoire SLLACH (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, Maroc)

Les langues du colloque sont : l’arabe, le français et l’anglais 

Dates à retenir

Lancement de l’appel à communication : 14 avril 2023

Date limite de soumission des propositions de communication : 13 juillet 2023

Date de notification d’acceptation : 12 octobre 2023

Tenue du colloque : 17 et 18 janvier 2024

Publications dans un ouvrage collectif 30 avril 2024

* Choix de la maison d’édition à préciser ultérieurement

Frais d’inscriptiont

Enseignants-chercheurs : 60 euros (600 DH).

Doctorants : 20 euros (200 DH)

Les nuitées à l’hôtel sont à la charge des intervenants, (le comité d’organisation, après négociation, envoie le nom de l’hôtel et le prix/ nuitée aux intervenants. Il pourra aussi se charger de la réservation).

* Les frais de participation couvriront la navette aéroport-hôtel, l’accès à toutes les sessions, la restauration (2 déjeuners et 2 pauses-café), les documents du colloque et la publication.

Spécifications des soumissions :

Pour toutes vos soumissions, utilisez l’adresse mail suivante : colloque.traductologie2023@gmail.com

Veuillez rédiger votre proposition de communication en Word (Times New Roman, 12 p.p.), en y incluant les renseignements suivants :

·         Monsieur, Madame :

·         Prénom : Nom (en majuscule) :

·         Institution d’attache :

·         Adresse postale :

·         Numéro de téléphone :

·         Courriel :

·         Statut : Professeur, chercheur, doctorant :

·         Titre de la communication (20 mots au maximum) :

·         Résumé de la communication (250 à 300 mots) :

·         Mots-clés (5 mots au maximum) :

·         Axe choisi :