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L'imposture dans la littérature et les arts contemporains (Université Ibn Tofail, Maroc)

L'imposture dans la littérature et les arts contemporains (Université Ibn Tofail, Maroc)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Sanae El Ouardirhi)

L’imposture dans la littérature et les arts contemporains

Colloque à la Faculté des Lettres, des Langues et des Arts- Kénitra

Université Ibn Tofail (Maroc)

14 et 15 novembre 2023


L’imposture est l’action de tromper, d’en imposer ; l’action délibérée de se faire passer pour ce qu’on n’est pas ou de faire passer une chose pour ce qu’elle n’est pas, « c’est la prétention d’être ce que l’on n’est pas, de posséder ce que l’on ne possède pas, de savoir ce que l’on ne sait pas », selon Kundera. Elle est, communément définie comme une hypocrisie, une tromperie dans les mœurs et dans la conduite : « L’imposture est[…] chose ennemie de notre nature, qui nous appelle à la franchise et à la simplicité », recommande Montaigne. L’imposture, c’estdonc l’illusion, mais c’est aussi la mystification en bonne ou en mauvaise part ; les impostures nationales notamment pouvant s’avérer utiles pour la cohésion sociale, semble-t-il. C’est le cas aussi dans d’autres situations où la vérité peut être dangereuse ou préjudiciable.

L’imposture a tout de mêmeune progéniture ; elle enfante les escrocs de la confiance, ceux qui trompent ou qui manipulent, ceux qui usurpent une place ou ceux qui laissent croire qu’ils sont ce qu’ils ne sont pas. Faussaires, imposteurs, plagiaires, escrocs, tartuffes, menteurs et bouffons, usurpateurs, scientifiques douteux, faux princes et chefs d’états corrompus… ; les imposteurs se déclinent en plusieurs versions, mais curieusement quidde l’équivalentféminin pour l’imposteur puisque la langue française n’en possède pas. 

Les imposteurs ont toujours été un sujet de prédilection dans la littérature et les arts. Ils fascinent et intriguent, car ils mettent en lumière la complexité de la nature humaine et soulèvent de nombreuses interrogations sur l’identité, l’intégrité et la vérité. Qu’ils s’appellent Tartuffe, 'Abū Zayd, le Revizor, Knock ou Frank Abagnale, les imposteursont inspiré de nombreux artistes et continuent à irriguer leurs imaginations jusqu’à nos jours ou plutôt davantage qu’auparavant. 

En effet, si les imposteurs ont toujours existé, il semblerait que la société d’aujourd’hui en « fabrique » de plus en plus et que nombreux sont ceux qui rejoignent le panthéon des imposteurs. « Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs », affirme Roland Gori dans La Fabrique des imposteurs.

Pareille floraison amène à s’interroger sur le sens de cette prolifération, sur le renouvellement de la figure de l’imposteur et à tenter de définir sa particularité au fil des siècles.Bien entendu, si l’imposteur a de tout temps été présent, il a évolué de telle manière qu’il arbore aujourd’hui de nouvelles enveloppes formelles et qu’il présente des symptômes différents.

L’évolution de cette figure dans la littérature et les arts est saisissante dans la mesure où elle révèle le plus souvent que l’environnement familial, social et même national est pour quelque chose dans la fabrique de cette entité. En effet, la société contemporaine où se propagent la tromperie, la duperie, la mascarade et l’appât du gain représente un terrain de jeu privilégié pour l’imposteur.

Ce colloque souhaiterait interroger les fonctionnements, les mécanismes et l’évolution de l’imposture de nos jours, et ce dans l’optique de faire le point sur cette notion connaissant un regain d’intérêt ces dernières années. Les contributions à ce colloque, résolument pluridisciplinaire, pourront développer les questions soulevées autour de la notiond’imposture afin de tenter de dérouler les différents noms y afférant, ses façons d’être et ses visages nombreux.

Le colloque que nous organisons sur le thème compte développer les axes suivants :

-          L’imposture décoloniale : l’imposture des travaux archéologiques, ethnologiques et géographiques occidentaux…

-          L’imposture au féminin : le syndrome de l’imposteur chez les femmes, les préjugés et les clichés genrés…

-          Les impostures scientifiques, académiques, intellectuelles…


Les propositions de communication (environ 300 mots) accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique sont à envoyer d’ici le 30 septembre 2023 à l’adresse suivante : sanae.elouardirhi@uit.ac.ma

Bibliographie sélective :

Arlette Bouloumié (dir.), L’imposture dans la littérature, Rennes, Presses de l’université de Rennes, 2011.

Jean-Charles Darmon, Figures de l'imposture. Entre philosophie, littérature et sciences, Paris,Desjonquères, 2013.

Maxime Decout, Pouvoirs de l’imposture, Paris, Minuit, « Paradoxes », 2018.

Roland Gori, La Fabrique des imposteurs, Actes Sud, « Babel », 2015.

Claude Mossé, Les Impostures de l’Histoire. Néron, saint Louis, Guillaume Tell, Jeanne d'Arc, Louis XI, Christophe Colomb, Lucrèce Borgia, Alphonse Daudet, Paris, Le Rocher Poche, 2021.