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Cartographier l'Autre

Cartographier l'Autre

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Yannick Blec)

Cartographier l’Autre

AAC Quaderna

Deutsch unten ; Scroll dow for English ; Español abajo ; Italiano di seguito ; Português abaixo

L’Autre à l’aune de la réflexivité du sujet-observant

Dans les approches disciplinaires[i], l’Autre est observé au prisme de la différence, de l’écart, de l’éloignement. Bien qu’elles soient le plus souvent nuancées dans leur acception, certaines conceptions de l’altérité sont obtuses. Aussi, quand elle ne se limite qu’aux archétypes et aux stéréotypes, celle-ci est perçue, construite et reconnue de façon étroite, à la lumière d’un solipsisme opposant le soi à l’Autre, quoiqu’il faudrait, au contraire, les lier pour les définir l’un avec l’autre[ii]. Lorsqu’elle est essentialisée, l’identité autre devient monolithique alors même qu’elle est tout à la fois semblable et différente, faite de complexité et d’intersections. 

L’identité autre exprime une expérience vécue propre, mélange d’aspirations et de désirs divers qui fondent son ipséité et son humanité. Malgré la prise en compte de l’intersectionnalité qui peut lui être inhérente, l’identité perd fréquemment son altérité dans les discours universitaires et sociétaux pour se retrouver à nouveau figée, voire sclérosée. Le « “risque” de l’essentialisme »[iii] lorsque l’on parle « d’identité », notamment dans les sciences humaines, est de conceptualiser cet Autre à travers une réification commode pour l’analyse – une chosification qui omettrait de prendre en compte cette expérience vécue et sa complexité, tant au sein des sociétés occidentales que par la vision propre du sujet-observant. L’Autre ne doit pas, en ce sens, être « théorisé comme un a priori », mais bien « replacé dans une humanité dont on [le sujet-chercheur, et a fortiori le sujet-observant] fait l’expérience »[iv].

Néanmoins, c’est autour de ce vécu, toujours mouvant, que l’identité autre se construit, en lien avec sa capacité d’agir (« agency »), dans un cadre donné, généralement un espace désigné où cet Autre est circonscrit. Dans ces cas, puisqu’il se retrouve restreint dans l’espace (dans lequel il est étranger ou, au contraire, qui lui devient indissociable), il est abordé par « surdétermination », notamment quand il est issu des minorités[v] : l’Autre est privé de sa liberté de se définir, son humanité lui est soustraite[vi], le menant à l’aliénation mise en exergue par Fanon.   

Espace et domination

L’Autre peut, en conséquence, être fabriqué via un éloignement, qu’il soit réel ou symbolique, qui se traduit par la distance/distanciation géographique, laquelle est corrélée aux différences ethno-raciales, linguistiques, et/ou culturelles que cette distance peut impliquer. Cet Autre s’écarte alors de la norme sociale dominante pour occuper une ou plusieurs positions minoritaires (identités de genre, sexuelles, ethno-raciales, culturelles, etc.) qui marquent l’écart – un écart d’autant plus important que les catégories se croiseront dans son identité. À l’époque coloniale par exemple, les sociétés non-européennes ont été hiérarchisées et/ou méprisées[vii] selon une territorialisation exotique de l’Autre : l’ailleurs lui est devenu « consubstantiel »[viii], sa position géographique devenant un facteur d’identification que les mouvements migratoires n’effacent pas.

Dans les sociétés patriarcales et/ou hétéronormées occidentales contemporaines, les revendications des personnes minorisées (personnes racisées, LGBTQ+, femmes, « étrangers », etc.) sont éprouvées comme autant d’attaques des normes morales et sociales par le corps dominant. Cette marginalisation (qui ne prend pas en considération les intersections de leurs identités) entraîne la création de lieux autres, de nouvelles « hétérotopies »[ix], qui deviennent des espaces d’échanges et des sanctuaires de développement identitaire. Il s’agit pour ces Autres de se forger des identités selon leurs propres termes, parfois en usant de l’autonarration[x] pour se réinventer. L’Autre, perçu dans les groupes dominants comme sujet de haine, d’exclusion, et d’autres discriminations, se repense ainsi de manière plus complexe, lorsque sont associées altérité et identité. Il s’éloigne de la marchandisation de son identité – acceptée seulement dans certains domaines (« l’Entertainment » des populations d’Amérique Latine aux États-Unis par exemple[xi]) – pour revendiquer sa complétude. C’est en ce sens que le territoire géographique peut être corrélé à la construction de l’Autre, puisqu’il permet la fabrication d’identités individuelles intersectionnelles, qu’elles soient nationales, narratives, de genre, de sexualité, d’ethnie et de race, de classe, d’orientation sexuelle, d’âge, de couleur, de cultures et traditions, de religion, d’intégrations, d’exclusions, etc.[xii] S’il est possible de penser l’Autre au prisme des relations de domination dans les sociétés occidentales, la notion d’espace est fondamentale dans sa création. Les espaces géographiques bien sûr, mais également les espaces sociaux, moraux, politiques, culturels ou même temporels sont autant de facteurs qui contribuent à la fabrication de la notion d’altérité ; l’espace est, par conséquent, « en même temps qu'un moyen de production, un moyen de contrôle donc de domination et de puissance »[xiii].

Identités intersectionnelles dans l’espace : les enjeux d’une cartographie 

 Dans l’espace occidental, cartographier l’Autre n’est pas une notion prescriptive d’assignation d’identités fixes. Il s’agit plutôt de s’interroger sur le lien entre ces identités intersectionnelles de l’altérité et les spécificités des différents espaces occidentaux. En d’autres termes, cela invite à reconsidérer la façon dont l’Autre se définit soi-même, de manière autonome, dans les espaces dominants et marginaux de l’« ordre normatif »[xiv] des sociétés hégémoniques, et comment il s’y insère pour le faire sien – remettant en cause les systèmes d’oppression en place. Par exemple, la théorisation de l’espace dans les communautés africaines américaines est définie à travers le ghetto comme lieu ambivalent de « haine de soi » et de fierté[xv], marquant la conception des identités africaines américaines dans ce ghetto, vu à la fois comme lieu clos contenant les parias noirs, comme lieu allégorique de l’ostracisme, comme endroit symbolique d’une cohésion communautaire, mais aussi comme espace de production du cliché du « gangster rapper » qui fascine « les adolescents de la bourgeoisie autour du monde »[xvi]. Cette théorisation de l’espace peut se retrouver dans plusieurs domaines, qu’ils soient artistiques, sociaux, politiques, ou autres.

À l’heure de la globalisation des crises migratoires, au moment où les personnes minorisées font toujours plus entendre leurs voix, alors que la notion d’Autre peut sembler datée dans les discours universitaires quand elle est opposée aux identités intersectionnelles, il semble urgent de continuer à examiner cette construction de l’Autre dans nos sociétés contemporaines. Ainsi, puisqu’elles sont en perpétuel mouvement, il faut toujours observer et étudier la façon dont ces identités se construisent, en réponse aux injonctions de la société dominante dans laquelle elles évoluent. Identités et altérité peuvent se retrouver en une union non exclusive les unes de l’autre.

 Au vu de ces observations, de nombreuses questions restent en suspens : quel est le sens donné à ces espaces dans la construction des identités intersectionnelles ? Quelles ressources sont utilisées pour contrer l’aporie de la cartographie comme instrument restrictif, force de discriminations et de dominations ? De quels outils conceptuels contemporains se sert-on pour mieux comprendre le sujet autre dans l’espace ; comment les utilise-t-il pour se construire lui-même ? En quoi l’aspect performatif de ces identités[xvii] rentre-t-il en compte dans ce lien ? Ces interrogations, non limitatives, proposent des pistes pour réinterroger la relation de l’Autre à l’espace, au confluent des arts, des faits sociaux, ou encore de l’histoire et des civilisations (entre autres), afin de rendre compte de ces liens.

Quaderna étant un journal transdisciplinaire, les articles privilégieront le croisement de plusieurs disciplines, et de plusieurs aires géographico-culturelles (anglophones, francophones, germanophones, hispanophones, italophones, lusophones).  

Les propositions (250-300 mots + titre, corpus et quelques sources) ainsi qu’une courte notice biographique sont à envoyer à Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr), au plus tard le 31 mai 2023. Les articles complets (entre 3 500 et 6 000 mots) seront à remettre le 15 novembre 2023.


[i] Pour mieux comprendre la différence entre approches disciplinaires et transdisciplinaires, voir par exemple Jean-Paul Rocchi, « L’art de la discipline, une introduction », Quaderna 3, 2016. https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/  
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
[iii] Formule empruntée à Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, « En Exorde : The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre : vers une épistémologie de l’identité », Cahiers Charles V « L’objet identité : épistémologie et transversalité » 40, 2006, p. 37. En italiques dans le texte.
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, p. 93.
[vi] Ibid. p. 91-92.
[vii] Angelo Turco, « Altérité », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, dir. Jacques Lévy et Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 70.
[viii] Ibid., p. 71.
[ix] Michel Foucault, « Des espaces autres » (1984), Dits et écrits, II (1976-1988), Michel Foucault, Paris : Quarto Gallimard, [2001] 2017, p. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, « La perspective de l’autonarration », Poétique 149, 2007 1, p. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] Liste de catégories identitaires empruntée à Kimberlé Crenshaw, « Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color », Stanford Law Review 43/6, Juil. 1991, p. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1981, p. 35.
[xiv] Nicole Ramognino, « Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action », Langue et société 119 1, 2007, p. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.  
[xv] Loïc Wacquant, « Ghetto », International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition Vol. 10, Oxford, Elsevier, p. 125. Ma traduction.
[xvi] Ibid
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007. 

Die Kartografierung des Anderen

CfP der Zeitschrift Quaderna

Der Andere im Maßstab der Reflexivität des beobachtenden Subjekts

Innerhalb einer monodisziplinären Perspektive[i] wird der Andere generell durch das Prisma der Differenz, des Abstands und der Distanz wahrgenommen. Werden sie auch nuanciert verstanden, erscheinen viele Vorstellungen von Alterität doch als äußerst verkrustet. Wenn sie sich auf Archetypen und Stereotypen beschränkt, wird die Alterität auf eine zu enge Weise wahrgenommen, konstruiert und anerkannt, und zwar im Lichte eines Solipsismus, der das Selbst dem Anderen gegenüberstellt. Dabei müssten sie im Gegenteil miteinander verbunden werden, um sie als abhängig voneinander zu definieren.[ii]. Wird sie essentialisiert, wird die andere Identität zwangsläufig monolithisch,  bwohl sie in ihrer Komplexität und Intersektionalität ähnlich und different zugleich ist. 

Die andere Identität drückt eine eigene Erfahrung aus, eine Mischung aus verschiedenen Bestrebungen und Wünschen, die ihre Ipsität und Menschlichkeit begründen. Trotz der Berücksichtigung der Intersektionalität, die ihr innewohnen kann, verliert die Identität in akademischen und gesellschaftlichen Diskursen häufig ihre Andersartigkeit, um dann wieder zu erstarren oder schablonenhaft zu werden. Wenn man von „Identität“ spricht, besteht das „‘Risiko‘ des Essentialismus“[iii] – insbesondere in den Geisteswissenschaften – darin, den Anderen durch eine für die Analyse bequeme Verdinglichung zu konzeptualisieren – eine Verdinglichung, die es versäumt, die gelebte Erfahrung und ihre Komplexität sowohl innerhalb der westlichen Gesellschaften als auch durch die eigene Sichtweise des beobachtenden Subjekts zu berücksichtigen. In diesem Sinne sollte der Andere nicht „als a priori theoretisiert“ werden, sondern „in eine Menschlichkeit eingeordnet werden, die man [das Forschungssubjekt und erst recht das beobachtende Subjekt] erlebt“.[iv]

Nichtsdestotrotz wird die Identität des Anderen in Verbindung mit seiner Handlungsfähigkeit („agency“) innerhalb eines bestimmten Rahmens, in der Regel eines vorgegebenen Raums, in den der Andere eingeschrieben wird, um diese sich stets wandelnde Erfahrung herum aufgebaut. In diesen Fällen, da er sich in einen vordefinierten Raum eingesperrt sieht (in dem er fremd ist oder der im Gegenteil untrennbar mit ihm verbunden wird), wird er durch „Überdertermination“ angesprochen, insbesondere wenn er aus Minderheiten stammt.[v]  Dem Anderen wird die Freiheit genommen, sich selbst zu definieren, seine Menschlichkeit wird ihm entzogen.[vi], die zu der von Fanon hervorgehobenen Entfremdung führt.   

Raum und Herrschaft

Der Andere kann folglich über eine reale oder symbolische Entfernung konstituiert werden, die sich in der geografischen Entfernung/Distanzierung äußert, die mit den ethnisch-rassischen, sprachlichen und/oder kulturellen Unterschieden, die diese Entfernung mit sich bringen kann, korreliert ist. Dieser Andere weicht dann von der vorherrschenden sozialen Norm ab, um eine oder mehrere Minderheitenpositionen (geschlechtliche, sexuelle, ethnisch-rassische, kulturelle Identitäten usw.) einzunehmen, die den Abstand markieren – einen Abstand, der umso größer ist, je stärker sich die Kategorien in seiner Identität überschneiden. In der Kolonialzeit beispielsweise wurden außereuropäische Gesellschaften hierarchisiert und/oder verachtet[vii] auf Grundlage einer exotischen Territorialisierung des Anderen: das Anderswo ist „konsubstantiell“ für ihn geworden[viii], seine geografische Lage wird zu einem Identifikationsfaktor, der durch Migrationsbewegungen nicht ausgelöscht wird.

In den zeitgenössischen westlichen patriarchalen und/oder heteronormativen Gesellschaften werden die Forderungen von minorisierten Personen (Rassisten, LGBTQ+, Frauen, „Ausländer“ usw.) als Angriffe auf die moralischen und sozialen Normen durch den dominanten Körper erfahren. Diese Marginalisierung (die die Intersektionalität ihrer Identitäten nicht berücksichtigt) führt zur Schaffung anderer Orte, neuer „Heterotopien“[ix], die zu Räumen des Austauschs und zu Zufluchtsorten von Identitätsentwürfen werden. Es geht darum, dass die Anderen nach ihren eigenen Begriffen Identitäten bilden, manchmal unter Verwendung von Autonarration,[x] um sich neu zu erfinden. Der Andere, der in den herrschenden Gruppen als Subjekt von Hass, Ausgrenzung und anderen Diskriminierungen wahrgenommen wird, wird auf komplexere Weise neu gedacht, wenn Andersartigkeit und Identität miteinander verbunden werden. Er entfernt sich von der Kommerzialisierung seiner Identität, die nur in bestimmten Bereichen akzeptiert wird (z. B. im „Entertainment“ der lateinamerikanischen Bevölkerung in den USA[xi]) – um ihre Ganzheit zu beanspruchen. In diesem Sinne kann das geografische Territorium mit der Konstruktion des Anderen korreliert werden, da es die Herstellung intersektionaler individueller Identitäten ermöglicht, seien es nationale, narrative, geschlechtliche, sexuelle, ethnische und rassische, klassenspezifische, sexuelle Orientierungen, Alter, Hautfarbe, Kulturen und Traditionen, Religionen, Integrationen, Ausschlüsse etc.[xii] Auch wenn es möglich ist, den Anderen durch das Prisma der Herrschaftsbeziehungen in den westlichen Gesellschaften zu denken, ist der Begriff des Raumes für seine Entstehung von grundlegender Bedeutung. Geographische Räume, aber auch soziale, moralische, politische, kulturelle und sogar zeitliche Räume sind Faktoren, die zur Herstellung des Begriffs der Andersartigkeit beitragen; der Raum ist daher „gleichzeitig ein Produktionsmittel, ein Mittel der Kontrolle und somit der Herrschaft und der Macht“.[xiii]

Intersektionale Identitäten im Raum: Dimensionen der Kartierung 

Im westlichen Raum ist die Kartierung des Anderen an sich kein präskriptiver Begriff für die Zuweisung fester Identitäten. Es geht vielmehr darum, die Verbindung zwischen diesen intersektionalen Identitäten des Anderen und den Besonderheiten der verschiedenen westlichen Raumformationen zu hinterfragen. Mit anderen Worten sind wir dazu aufgefordert, die Art und Weise zu überdenken, wie der Andere sich selbst autonom in den dominanten und marginalen Räumen der „normativen Ordnung“ der hegemonialen Gesellschaften definiert[xiv], und wie er sich in sie einfügt, um sie sich zu eigen zu machen - und dabei die bestehenden Unterdrückungssysteme in Frage stellt. Beispielsweise wird die Theoretisierung des Raums in den afrikanisch-amerikanischen Gemeinschaften über das Ghetto als ambivalenten Ort des „Selbsthasses“ und des Stolzes definiert[xv], die Konzeption afrikanisch-amerikanischer Identitäten in diesem Ghetto prägen, das sowohl als geschlossener Ort, der schwarze Ausgestoßene enthält, als allegorischer Ort der Ächtung, als symbolischer Ort des gemeinschaftlichen Zusammenhalts, aber auch als Produktionsstätte des Klischees vom „Gangsterrapper“, der „bürgerliche Teenager rund um die Welt“ fasziniert, gesehen wurde[xvi]. Diese Theoretisierung des Raums lässt sich in verschiedenen Bereichen wiederfinden, sei es in der Kunst, im Sozialen, in der Politik oder in anderen Bereichen. 

In einer Zeit der Globalisierung der Migrationskrisen, in der minorisierte Personen immer mehr ihre Stimme erheben, in der der Begriff des Anderen in den akademischen Diskursen datiert erscheinen mag, wenn er intersektionalen Identitäten gegenübergestellt wird, scheint es dringend geboten, diese Konstruktion des Anderen in unseren zeitgenössischen Gesellschaften weiterhin zu untersuchen. Da sie sich also ständig in Bewegung befinden, muss man immer beobachten und untersuchen, wie diese Identitäten als Reaktion auf die Anweisungen der dominanten Gesellschaft, in der sie sich bewegen, konstruiert werden. Identitäten und Andersartigkeit können sich in einer nicht ausschließlichen Verbindung zueinander wiederfinden. 

Auf Grundlage dieser Beobachtungen bleiben viele Fragen offen: Welche Bedeutung wird diesen Räumen bei der Konstruktion von intersektionalen Identitäten beigemessen? Welche Ressourcen werden genutzt, um der Aporie der Kartografie als  Instrument der Einschränkung, als Vektor der Diskriminierung und der Herrschaft entgegenzuwirken? Welche zeitgenössischen konzeptuellen Werkzeuge werden verwendet, um das andere Subjekt im Raum besser zu verstehen; wie nutzt es sie, um sich selbst zu konstruieren? Inwiefern ist der performative Aspekt dieser Identitäten[xvii] spielt er in dieser Beziehung eine Rolle? Diese Fragen, die nicht einschränkend sind, zeigen Wege auf, um die Beziehung zwischen dem Anderen und dem Raum neu zu beleuchten, indem man die Künste, die sozialen Tatsachen, die Geschichte und die Zivilisationen zusammenführt (neben anderen Dingen), um diese Verbindungen zu erfassen.

 Da Quaderna eine transdisziplinäre Zeitung ist, sollten die Artikel möglichst mehrere Disziplinen und verschiedene geografisch-kulturelle Bereiche (englischsprachige, französischsprachige, deutschsprachige, spanischsprachige, italienischsprachige, portugiesischsprachige) abdecken.  

 Die Beitragsvorschläge (250-300 Wörter + Titel, Korpus und einige Quellen) sowie eine kurze biografische Notiz sind bis spätestens bis zum 31. Mai 2023 an Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr) zu senden. Die fertigen Artikel (zwischen 3 500 und 6 000 Wörter) müssen bis zum 15. November 2023 eingereicht werden.


[i] Zum Unterschied zwischen mono- und transdiszipinären Ansätze siehe u. a. Jean-Paul Rocchi, „L’art de la discipline, une introduction“, Quaderna 3, 2016. https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/  
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
[iii] Nach einer Formulierung von Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, „En Exorde : The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre : vers une épistémologie de l’identité“, Cahiers Charles V « L’objet identité : épistémologie et transversalité » 40, 2006, S. 37. Im Text kursiv.
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, S. 93.
[vi] Ibid. S. 91-92.
[vii] Angelo Turco, „Altérité“, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, hrsg. v. Jacques Lévy, Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, S. 70.
[viii] Ibid., S. 71.
[ix] Michel Foucault, „Des espaces autres“ (1984), Dits et écrits, II (1976-1988), Michel Foucault, Paris : Quarto Gallimard, [2001] 2017, p. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, „La perspective de l’autonarration“, Poétique 149, 2007 1, S. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] Liste zitiert nach Kimberlé Crenshaw, „Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color“, Stanford Law Review 43/6, Jul. 1991, S. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1981, S. 35.
[xiv] Nicole Ramognino, „Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action“, Langue et société 119 1, 2007, S. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.  
[xv] Loïc Wacquant, „Ghetto“, International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition Vol. 10, Oxford, Elsevier, S. 125.
[xvi] Ibid
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007. 

Mapping the Other

CFP Quaderna

The Other in the Light of the Reflexivity of the Subject-Observer

In disciplinary practices[i], the Other is observed through the prism of difference, deviation, and distance. If they are mostly nuanced in their acceptation, some conceptions of alterity are obtuse. When it is not limited to archetypes and stereotypes, otherness is perceived, constructed, and recognized in a narrow-minded way, in the light of a solipsism that opposes the self to the Other, when, on the contrary, they should be linked to be defined one with the other[ii]. When it is essentialized, the identity other becomes monolithic even though it is similar and different at the same time, made of complexity and intersections. 

The identity other expresses a lived experience that mixes sundry aspirations and desires on which its ipseity and humanity are grounded. Despite taking into account the intersectionality that is inherently inscribed in it, identity often loses its alterity in academic and societal discourses to be, once again, fixed, even fossilized. The “‘risk’ of essentialism”[iii] when the topic is “identity,” especially in the humanities, is the conceptualization of that Other through a reification that would be useful for the analysis—an objectification that would fail to consider this lived experience and its complexity, both within Western societies and from the point of view of the subject-observer. Thus, the Other must not be “theorized as a priori,” but as “replaced in a humanity that is experienced [by the subject-researcher and a fortiori by the subject-observer]”[iv]. 

However, it is on this always changing lived experience that the identity other is built, correlated with its agency, in a given framework, generally a designated space to which the Others are circumscribed. In these cases, since they find themselves restrained in space (one where they are foreigners, or that, on the contrary, becomes inseparable from them), they are “overdetermined,” particularly when they come from minorities[v]: the Others are deprived of their freedom to define themselves, their humanity is taken away[vi], leading to the alienation highlighted by Fanon. 

Space and Domination

The Others can therefore be fabricated via a separation, whether real or symbolic, that is reflected in geographical distance/distancing, which in turn is connected to the ethno-racial, linguistic, and/or cultural dissimilarities that this distance may imply. These Others then deviate from the dominant social norm to occupy one or more minority positions (gender, sexual, ethno-racial, cultural identities, etc.) that denote the gap—a gap that is all the more important as the categories intersect in their identity. In the colonial era for instance, non-European societies were hierarchized and/or despised[vii] according to an exotic territorialization of the Others: the elsewhere has become “consubstantial”[viii] to those Others, their geographical position has turned into an identification factor, something that migratory flows do not expunge.  

In contemporary Western patriarchal and/or heteronormative societies, the claims of minoritized groups (racialized people, LGBTQ+, women, “outsiders,” and so on) may be experienced as attacks on moral and social norms by the dominant body. This marginalization—that does not consider the intersections in their identities—leads to the creation of other spaces, new “heterotopias,”[ix] that become spaces of exchange as well as sanctuaries of identity development. For these Others, it is a matter of forging new identities on their own terms, sometimes using autonarration[x] to reinvent themselves. Thus, the Others, perceived by the dominant groups as subjects of hatred, exclusion, and other discriminations, think of themselves in more complex ways when otherness and identity are associated. They move away from the commodification of their identities—accepted only in certain domains (the “entertainment” provided by Latin populations in the United States, for instance[xi])—to declare their completeness. It is for this reason that the geographical territory can be correlated to the construction of the Others, given that it allows for the production of intersectional individual identities, whether they are national, narrative, ethno-racial, of gender, sexuality, class, sexual orientation, age, color, cultures and traditions, religion, integration, exclusion, etc.[xii] Though it is possible to think about the Others through the prism of relations of domination in Western societies, the notion of space is fundamental to their creation. Geographical spaces, of course, but also social, moral, political, cultural, or even temporal spaces that are so many factors which contribute to the production of the notion of alterity—space is therefore “at the same time a means of production, a means of control, thus of domination and power.”[xiii]
 
Intersectional Identities in Space: The Challenges of Mapping

In Western space, mapping the Other is not a prescriptive notion to assign ossified identities. Rather, it is about questioning the link between these intersectional identities of otherness and the specificities of the various Western spaces. In other words, it invites a reconsideration of how the Others autonomously define themselves in the dominant and marginal spaces of the “normative order”[xiv] of hegemonic societies, and how they integrate them to make them theirs—therefore challenging the systems of oppression implemented. For example, the theorization of space in African American communities is defined through the ghetto as an ambivalent place of “self-hatred” and pride,[xv] evaluating the conception of African American identities in this ghetto that is perceived at the same time as an enclosed place containing Black outcasts, as an allegorical place of ostracism, as a symbolic space of community cohesion, but also as a space of production of the cliché of the “gangster rapper” that fascinates “bourgeois teenagers around the world.”[xvi] This theorization of space can be found in several areas, be they artistic, social, political, or otherwise.

At the time of the globalization of migration crises, just as minoritized people are making their voices heard more and more, even though the notion of “Other” may seem dated in academic discourses when it is contrasted with intersectional identities, it seems urgent to continue to examine this construction of the Other in our contemporary societies. Since they are always changing, we must always observe and study the way these identities are constructed, in response to the injunctions of the dominant society in which they develop. Identities and alterity can be found, one with the other, in a non-exclusive union.

Given these observations, many questions remain: What meaning is given to these spaces in the construction of intersectional identities? What resources are used to counter the aporia of mapping as a restrictive instrument, a force of discriminations and domination? What contemporary conceptual tools are used to better understand the subject-other in space: How does this subject use these tools to construct their own identity? How does the performative aspect of these identities[xvii] enter this link? These queries, which are not exhaustive, suggest ways to reinterrogate the relation of the Other to space, at the junction of arts, philosophy, social phenomena, or even history and civilizations (among other things), in order to account for these links.

Quaderna being a transdisciplinary journal, the articles will favor the intersection of several disciplines and of several geographic and cultural areas (English-, French-, German-, Italian-, Portuguese-, and Spanish-speaking).

Proposals (250–300 words + title, corpus, and some sources) as well as a short biography should be sent to Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr), no later than May 31, 2023. The complete articles (between 3,500 and 6,000 words) should be submitted by November 15, 2023.  


 
[i] To better understand the difference between disciplinary and transdisciplinary approaches, see for instance Jean-Paul-Rocchi, “L’art de la discipline, une introduction,” Quaderna 3, 2016. https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre [One as Another], Paris, Seuil, 1990.
[iii] Phrase borrowed from Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, “En Exorde : The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre : vers une épistémologie de l’identité,” Cahiers Charles V “L’objet identité : épistémologie et transversalité” 40, 2006, p. 37. Emphasis in original. My translation.   
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs [Black Skin, White Masks], Paris, Seuil, 1953, p. 93.
[vi] Ibid., p. 91-92.
[vii] Angelo Turco, “Altérité,” Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, ed. Jacques Lévy and Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 70.
[viii] Ibid., p. 71.
[ix] Michel Foucault, “Des espaces autres” [“Of Other Spaces”] (1984), Dits et écrits, II (1976-1988), Michel Foucault, Paris : Quarto Gallimard, [2001] 2017, p. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, “La perspective de l’autonarration,” Poétique 149, 2007 1, p. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] List of identity categories borrowed from Kimberlé Crenshaw, “Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color,” Stanford Law Review 43/6, Jul. 1991, p. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace [The Production of Space], Paris, Anthropos, 1981, p. 35. My translation.
[xiv] Nicole Ramognino, “Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action,” Langue et société 119 1, 2007, p. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.  
[xv] Loïc Wacquant, “Ghetto,” International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition Vol. 10, Oxford, Elsevier, p. 125.
[xvi] Ibid
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007



Cartografiar al Otro
Llamado a contribuciones para la revista Quaderna

 
El Otro a la luz de la reflexividad del sujeto-observador

En los enfoques disciplinarios[i], se observa al Otro a través del prisma de la diferencia, el desvío y la distancia. Aunque en la mayor parte de los casos el concepto de alteridad presenta matices, algunas de sus acepciones resultan burdas, simplistas. Así es como, al limitarlo a los arquetipos y a los estereotipos, el concepto de alteridad se percibe, se construye y se reconoce en un sentido muy acotado, un sentido ligado a un solipsismo que contrapone el yo y el Otro, cuando sería necesario, por el contrario, vincular estos dos términos y definir al uno con el otro[ii]. Al esencializarla, la identidad otra se vuelve monolítica, cuando en realidad se trata de una identidad que es al mismo tiempo similar y diferente, hecha de complejidad e intersecciones. 

La identidad otra expresa una experiencia vivida propia, mezcla de aspiraciones y deseos diversos que fundan su ipseidad y su humanidad. Aunque se tenga en cuenta la interseccionalidad que puede ser inherente a ella, la identidad suele perder su alteridad en los discursos universitarios y sociales que, una vez más, la fijan e incluso la esclerosan. El "riesgo" del esencialismo[iii], cuando se habla de "identidad", especialmente en las ciencias humanas, reside en conceptualizar a ese Otro a través de una reificación que resulta conveniente para el análisis, una cosificación que aparentemente pasa por alto la experiencia vivida y su complejidad, tanto dentro de las sociedades occidentales como a través de la propia visión del sujeto-observador. En este sentido, el Otro no debe ser "teorizado como un a priori", sino que debe ser "colocado nuevamente dentro de una humanidad que uno [sujeto-investigador y, a fortiori, sujeto-observador] experimenta"[iv].

Sin embargo, es en torno a esta experiencia vivida, siempre movediza, como se construye la identidad otra, en relación con su capacidad de actuar ("agency") en un marco dado, generalmente un espacio determinado al que se circunscribe a ese Otro. En estos casos, en tanto está restringido su espacio (un espacio dentro del cual él es extranjero o un espacio que, por el contrario, se vuelve indisociable de su persona), el Otro resulta objeto de la "sobredeterminación", especialmente si procede de una minoría[v]: se lo priva entonces de su libertad para definirse, se le arrebata su humanidad[vi] y esto lleva a la alienación que Fanon ha subrayado en sus trabajos.


Espacio y dominación

El Otro puede entonces fabricarse a través de un distanciamiento que puede ser real o simbólico y  que se traduce en la distancia o el distanciamiento geográfico, en correlación con las diferencias etnorraciales, lingüísticas y/o culturales que esta distancia puede implicar. Ese Otro se aparta así de la norma social dominante y ocupa una o varias posiciones minoritarias (identidades de género, sexuales, etnorraciales, culturales, etc.) que marcan la brecha, brecha tanto más importante cuanto que las categorías van a cruzarse en su identidad. En la época colonial, por ejemplo, las sociedades no europeas se vieron jerarquizadas y/o menospreciadas[vii] en función de una territorialización exótica del Otro: la alteridad geográfica se volvió entonces "consustancial"[viii] y la posición en el espacio se convirtió en un factor de identificación que los movimientos migratorios no han logrado borrar. 

En las sociedades occidentales contemporáneas patriarcales y/o heteronormativas, el cuerpo dominante vive las reivindicaciones de las personas minorizadas (personas racializadas, LGBTQ+, mujeres, "extranjeros", etc.) como ataques a las normas morales y sociales. Esta marginación (que no tiene en cuenta las intersecciones de sus identidades) lleva a la creación de lugares otros, nuevas "heterotopías"[ix] que se convierten en espacios de intercambio y santuarios de desarrollo identitario. Para esos Otros, se trata de forjar identidades según sus propios términos y eso suele pasar por la utilización de la autonarración[x] como modo de reinventarse a sí mismos. El Otro, percibido en los grupos dominantes como objeto de odio, exclusión y otras formas de discriminación, vuelve a pensarse entonces de un modo más complejo, al asociarse alteridad e identidad. El Otro se aleja de la mercantilización de su identidad -que es aceptada solo en determinados ámbitos (el Entertainment de las poblaciones latinoamericanas en Estados Unidos, por ejemplo[xi])- y reivindica su plenitud. En este sentido el territorio geográfico puede correlacionarse con su construcción, ya que permite la fabricación de identidades individuales interseccionales, tanto nacionales, narrativas, de género, sexualidad, etnia y raza, como de clase, orientación sexual, edad, color, culturas y tradiciones o religión, integración, exclusión, etc.[xii]  Si es posible pensar al Otro a través del prisma de las relaciones de dominación en las sociedades occidentales, la noción de espacio es fundamental en su creación. Los espacios geográficos, por supuesto, pero también los espacios sociales, morales, políticos, culturales o incluso temporales son factores que contribuyen a la fabricación de la noción de alteridad. El espacio es, por lo tanto, "al mismo tiempo que un medio de producción, un medio de control y, por eso, un medio de dominación y de poder"[xiii].


Identidades interseccionales en el espacio: los retos de la cartografía

En el espacio occidental, cartografiar al Otro no significa forjar una noción prescriptiva de asignación de identidades fijas. Se trata más bien de cuestionar el vínculo entre estas identidades interseccionales de alteridad y las especificidades de los distintos espacios occidentales. En otras palabras, esta cartografía invita a volver a considerar el modo en que el Otro se define a sí mismo de forma autónoma en los espacios dominantes y marginales del "orden normativo"[xiv] de las sociedades hegemónicas y a ver cómo se inserta en dichos espacios para hacerlos suyos, poniendo en tela de juicio los sistemas de opresión vigentes. Por ejemplo, la teorización del espacio en las comunidades afroamericanas se define a través del gueto entendido como un lugar ambivalente de "odio a sí mismo" y de orgullo[xv], un lugar que marca la concepción de las identidades afroamericanas dentro de ese gueto, al que se percibe al mismo tiempo como un lugar cerrado que contiene a los parias negros, como un lugar alegórico del ostracismo, como un lugar simbólico de cohesión comunitaria, pero también como un espacio de producción del cliché del "rapero gángster" que fascina a los "adolescentes de la burguesía en todo el mundo"[xvi]. Esta teorización del espacio puede volver a encontrarse en ámbitos diversos, tanto artísticos como sociales, políticos o de otro tipo. 

En un contexto de crisis migratorias globalizadas, en un momento en el que las personas minorizadas hacen oír cada vez más su voz, un momento en el que la noción del Otro puede parecer anticuada en el discurso académico en oposición a las identidades interseccionales, parece urgente seguir examinando esta construcción del Otro en nuestras sociedades contemporáneas. Puesto que están en perpetuo movimiento, es necesario entonces observar y estudiar el modo en que se construyen estas identidades en respuesta a los mandatos de la sociedad dominante en la que evolucionan. Identidades y alteridad pueden encontrarse en una unión no excluyente. 

Teniendo en cuenta estas observaciones, quedan muchas preguntas por responder: ¿qué significado se les da a estos espacios en la construcción de identidades interseccionales? ¿Qué recursos se utilizan para contrarrestar la aporía de la cartografía como instrumento restrictivo, fuerza de discriminación y de dominación? ¿Qué herramientas conceptuales contemporáneas se utilizan para comprender mejor al sujeto otro en el espacio? ¿Cuál es el uso que ese sujeto da a esas herramientas para construirse a sí mismo? ¿Cómo interviene el aspecto performativo de estas identidades[xvii] en este proceso? Estas preguntas, que no son limitativas, sugieren pistas para replantear la relación del Otro con el espacio, en la confluencia de las artes, los hechos sociales, o también la historia y las civilizaciones (entre otras cosas), con el objeto de dar cuenta de estos vínculos.

Dado que Quaderna es una publicación transdisciplinaria, los artículos privilegiarán el cruce de diversas disciplinas y ámbitos geográfico-culturales (anglófonos, francófonos, germanófonos, hispanoparlantes, ítaloparlantes o lusófonos).

 Las propuestas (250-300 palabras + título, corpus y algunas fuentes) y una breve nota biográfica deberán ser enviadas a Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr), como máximo el 31 de mayo de 2023. Las versiones definitivas (de entre 3 500 y 6 000 palabras) deberán ser enviadas el 15 de noviembre de 2023. 

 
[i] Para comprender mejor la diferencia entre los enfoques disciplinarios y transdisciplinarios, ver por ejemplo Jean-Paul Rocchi, “L’art de la discipline, une introduction”, Quaderna 3, 2016. https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/  
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
[iii] Fórmula que tomamos de Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, “En Exorde : The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre : vers une épistémologie de l’identité”, Cahiers Charles V « L’objet identité : épistémologie et transversalité » 40, 2006, p. 37. En bastardilla en el texto.
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, p. 93.
[vi] Ibid. p. 91-92.
[vii] Angelo Turco, “Altérité”, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, ed. Jacques Lévy y Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 70.
[viii] Ibid., p. 71.
[ix] Michel Foucault, “Des espaces autres” (1984), Dits et écrits, II (1976-1988), Michel Foucault, Paris : Quarto Gallimard, [2001] 2017, p. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, “La perspective de l’autonarration”, Poétique 149, 2007 1, p. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] Lista de categorías identitarias que tomamos de Kimberlé Crenshaw, “Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color”, Stanford Law Review 43/6, Jul. 1991, p. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1981, p. 35.
[xiv] Nicole Ramognino, “Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action”, Langue et société 119 1, 2007, p. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.  
[xv] Loïc Wacquant, “Ghetto”, International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition Vol. 10, Oxford, Elsevier, p. 125. La traducción es nuestra.
[xvi] Ibid
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007. 



Per una cartografia dell’Altro
Call for papers «Quaderna»

 

L'Altro alla luce della riflessività del soggetto-osservatore

Negli approcci disciplinari[i] l'Altro è osservato attraverso il prisma della differenza, dello scarto, della distanza. Sebbene siano spesso sfumate nel loro significato, alcune concezioni dell’alterità sono ottuse. Pertanto, se ci si attiene ad archetipi e a stereotipi, l’alterità viene percepita, costruita e riconosciuta in modo limitato, alla luce di un solipsismo che contrappone il sé all'Altro – due nozioni che andrebbero, al contrario, ricollegate e definite insieme[ii].

Se essenzializzata, l’identità altra si fa monolitica, mentre andrebbe indagata come un insieme di similitudini e di differenze, frutto di complesse intersezioni.

L’identità altra esprime una propria esperienza vissuta, un coacervo di aspirazioni e desideri diversi che costituiscono il fondamento della sua ipseità e della sua umanità. Nonostante si tenga conto dell’intersezionalità che può essere insita in essa, l’identità tende spesso, tanto nel dialogo accademico quanto nel discorso sociale, a perdere la propria alterità per essere ridotta a una forma stereotipata, persino sclerotizzata.

Laddove si parla «di identità», il «“rischio” dell'essenzialismo»[iii]», soprattutto nel campo delle scienze umane, è quello di concettualizzare l’Altro attraverso una reificazione comoda per l'analisi – un’oggettivazione che non terrebbe conto di questa esperienza vissuta e della sua complessità, sia all’interno delle società occidentali che attraverso la visione del soggetto-osservatore stesso. L’Altro non va, in questo senso, «teorizzato come un a priori», bensì «ricollocato in una umanità di cui fa esperienza [il soggetto-ricercatore nonché il soggetto-osservatore]»[iv].

Tuttavia, è proprio intorno a questa esperienza vissuta e sempre in divenire che l’identità altra si costituisce, in relazione alla sua capacità di agire ("agency") in un quadro dato, generalmente in uno spazio designato in cui questo Altro viene circoscritto. In tali casi, trovandosi chiuso in uno spazio determinato (in cui è estraneo o che, al contrario, diventa da lui indissociabile), l’Altro viene considerato in modo «sovradeterminato», soprattutto quando è originario di una minoranza[v]: l’Altro, essendo privato della propria libertà di autodefinirsi e depredato della sua umanità[vi], viene pertanto condotto all’alienazione evidenziata da Fanon.

 
Spazio e dominazione

 Di conseguenza, l’Altro può essere plasmato attraverso un allontanamento, reale o simbolico, che si traduce in una distanza/un distanziamento geografico, in correlazione con le differenze etniche, razziali, linguistiche e/o culturali che tale distanza può comportare. L’Altro si discosta quindi dalla norma sociale dominante per assumere una o più posizioni minoritarie (identità di genere, sessuali, etniche, razziali, culturali, ecc.) che segnano un divario – tanto più marcato quanto sono numerose le categorie che si intersecano nella sua identità.

In epoca coloniale, ad esempio, le società non europee sono state gerarchizzate e/o disprezzate[vii] in base a una territorializzazione esotica dell’Altro, ricondotto a un altrove «consustanziale» [viii] e la cui posizione geografica è divenuta un fattore di identificazione indelebile nonostante i movimenti migratori.

Nelle società occidentali contemporanee patriarcali e/o eteronormative, le rivendicazioni delle persone minoritarie (persone razzializzate, LGBTQ+, donne, “stranieri”, ecc.) vengono recepite da parte della categoria dominante come un attacco alle norme morali e sociali. Questa emarginazione (che non tiene conto delle intersezioni delle loro identità) porta alla creazione di luoghi altri, di nuove «eterotopie»[ix], che diventano spazi di scambio e santuari dello sviluppo identitario. Si tratta, per questi Altri, di costruire un’identità propria alle proprie condizioni, reinventandosi anche attraverso l’autonarrazione[x].

L’Altro, percepito nei gruppi dominanti come oggetto di odio, di esclusione e di altre discriminazioni, viene così rielaborato in modo più complesso quando alterità e identità vengono associate. Può rivendicare la propria compiutezza, mentre viene meno il rischio della mercificazione della propria identità, accettata solo in alcuni ambiti («l’Entertainment» tra le popolazioni di origine latinoamericana negli Stati Uniti, ad esempio[xi]). Va messo in correlazione in tal senso il territorio geografico con la costruzione dell’Altro, poiché consente la produzione di identità individuali intersezionali, siano esse nazionali, narrative, di genere, sessuali, etniche e razziali, di classe, di orientamento sessuale, di età, di colore, di cultura e tradizione, di religione, di integrazione, di esclusione, ecc.[xii] Se è possibile pensare all’Altro attraverso il prisma delle relazioni di dominazione nelle società occidentali, la nozione di spazio è fondamentale nella sua elaborazione. Gli spazi geografici, ovviamente, ma anche gli spazi sociali, morali, politici, culturali o persino temporali sono altrettanti fattori in grado di contribuire alla costruzione della nozione di alterità; lo spazio è, di conseguenza, «allo stesso tempo un mezzo di produzione, un mezzo di controllo e quindi di dominazione e di potere»[xiii].

 
Identità intersezionali nello spazio: le sfide di una cartografia

Nel mondo occidentale, proporre una cartografia dell’Altro non significa ascriverlo a un’identità prescrittiva e fissa. Si tratta, piuttosto, di interrogarsi sui nessi tra queste identità intersezionali dell’alterità e le specificità dei diversi spazi occidentali. Va cioè riconsiderato il modo in cui l’Altro definisce autonomamente se stesso negli spazi dominanti e marginali dell’«ordine normativo»[xiv] delle società egemoniche, e la maniera in cui esso si inserisce in questi spazi per farli propri, sfidando i sistemi di oppressione esistenti. Ad esempio, nelle comunità afroamericane, la teorizzazione dello spazio si opera attraverso il ghetto, luogo ambivalente dell’ «odio di sé» e di orgoglio[xv], che incide sul modo di concepire le identità afroamericane nel ghetto stesso, percepito al tempo stesso come un luogo chiuso di emarginazione per i Neri reietti, un’allegoria dell’ostracismo, nonché un simbolo di coesione comunitaria e luogo dell’affermazione del cliché del «gangster rapper» che affascina «adolescenti borghesi nel mondo intero» [xvi]. Questa teorizzazione dello spazio si ritrova in diversi ambiti, siano essi artistici, sociali, politici o di altro tipo.

In un’epoca di crisi migratorie globalizzate, e in un momento in cui le minoranze fanno sempre più sentire la propria voce, mentre in ambito accademico la nozione dell’Altro può sembrare datata rispetto alla questione delle identità intersezionali, appare invece urgente continuare a esaminare la sua costruzione nelle nostre società contemporanee. Pertanto, poiché esse sono in perpetuo movimento, è sempre necessario osservare e studiare il modo in cui tali identità vengono costruite, in risposta alle ingiunzioni della società dominante nella quale evolvono. Identità e alterità possono combinarsi a vicenda per formare unioni non esclusive.

Alla luce di queste osservazioni, rimangono aperte molte domande: qual è il significato attribuito a questi spazi nella costruzione delle identità intersezionali? Quali risorse vanno utilizzate per contrastare l'aporia di una cartografia intesa come strumento restrittivo, forza di discriminazione e dominazione? Quali strumenti e quali concetti contemporanei possono contribuire ad agevolare la comprensione del soggetto altro nello spazio? E come possono intervenire nel processo di autodefinizione del soggetto altro? In che modo la dimensione performativa di queste identità[xvii] influisce su questo legame? Questo elenco, non tassativo, di interrogativi suggerisce delle piste di ricerca per poter reinterpretare il rapporto tra l’Altro e lo spazio e dar conto di questi legami, all’incrocio tra le arti, i fatti sociali, la storia e le civiltà.

Essendo «Quaderna» una rivista transdisciplinare, i saggi privilegeranno l’intersezione di più discipline e di più aree geografiche e culturali (in lingua inglese, francese, tedesca, spagnola, italiana, portoghese).

Le proposte (250-300 parole + titolo, corpus e alcune fonti) e una breve nota biografica dovranno pervenire a Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr) entro il 31 maggio 2023. I saggi (compresi tra le 3500 e le 6000 parole) andranno consegnati entro il 15 novembre 2023.
 


[i] Per una tematizzazione delle differenze tra approcci disciplinari e approcci transdisciplinari, si veda, ad esempio, Jean-Paul Rocchi, L’art de la discipline, une introduction, «Quaderna», 3, 2016, https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/.
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
[iii] Espressione mutuata da Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, En Exorde: The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre: vers une épistémologie de l’identité, «Cahiers Charles V. L’objet identité: épistémologie et transversalité», 40, 2006, p. 37. Il corsivo è nel testo.
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, p. 93.
[vi] Ibid., pp. 91-92.
[vii] Angelo Turco, Altérité, in Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, a cura di Jacques Lévy e Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 70.
[viii] Ibid., p. 71.
[ix] Michel Foucault, Des espaces autres (1984), in Id., Dits et écrits, II (1976-1988), Paris, Quarto Gallimard, [2001] 2017, pp. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, La perspective de l’autonarration, «Poétique», 149, 2007 1, p. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] Queste categorie identitarie vengono elencate da Kimberlé Crenshaw in Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color, «Stanford Law Review», 43/6, Jul. 1991, p. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1981, p. 35.
[xiv] Nicole Ramognino, Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action, «Langue et société», 119, 1, 2007, p. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.
[xv] Loïc Wacquant, Ghetto, in International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition, vol. 10, Oxford, Elsevier, p. 125. La traduzione è a mia cura.
[xvi] Ibid.
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007.



Cartografar o Outro
Chamadas para contribuições Quaderna

 
O Outro visto à luz da reflexividade do sujeito-observante 

Nas abordagens disciplinares[i], o Outro é observado a partir da diferença, do desvio e do distanciamento. Certas concepções de alteridade, embora frequentemente matizadas na sua acepção, são obtusas. Aalteridade, quando se limita a arquétipos e estereótipos, é vista, construída e reconhecida de forma estreita, à luz de um solipsismo que opõe o “eu” ao “Outro”, ainda que se impunha, ao contrário, ligá-los para os definir um com o outro[ii]. Quando é essencializada, a identidade “outra” torna-se monolítica, ainda que seja simultaneamente semelhante e diferente, composta de complexidade e de intersecções. 

A identidade Outra exprime uma experiência própria vivida, uma mistura de aspirações e de desejos diversos, base da sua ipseidade e humanidade. Apesar de ter em conta a interseccionalidade que lhe pode estar inerente, a identidade perde frequentemente a sua alteridade nos discursos académicos e societais, para se encontrar de novo estática, ver esclerosada. O "risco" que corre o essencialismo[iii], quando se fala de "identidade", nomeadamente  nas ciências sociais, é de conceptualizar este Outro através de uma coisificação cómoda para a análise - uma coisificação que omitiria considerar esta experiência vivida e a sua complexidade, tanto no seio das sociedades ocidentais como através da sua própria visão do sujeito observante. O Outro não deve, neste sentido, ser “teorizado como um a priori", mas sim “re-colocado numa humanidade que [o sujeito-estudo, e a fortiori o sujeito-observante] experimentou"[iv]. 

No entanto, é em torno desta vivência, sempre movediça, que a identidade Outra se constrói, em ligação com a capacidade de agir ("agency") num quadro determinado, geralmente num espaço dado ao qual este Outro está circunscrito. Nestes casos, uma vez que o Outro se encontra contido no espaço (ao qual é estranho ou, pelo contrário, do qual é inseparável), é abordado através da "sobredeterminação", nomeadamente quando é oriundo de minorias[v]: o Outro é privado da sua liberdade de se definir, é-lhe retirada[vi] a humanidade, conduzindo-o à alienação referida por Fanon.   

 
Espaço e dominação

O Outro pode, por conseguinte, ser fabricado através de um afastamento, real ou simbólico, que se traduz pela distância/distanciamento geográfico, o qual está correlacionado com as diferenças étnico-raciais, linguísticas e/ou culturais que esse desvio pode implicar. Este Outro desvia-se então da norma social dominante para ocupar uma ou várias posições minoritárias (identidades de género, sexuais, étnico-raciais, culturais, etc) que marcam o desvio - um desvio que é tanto mais importante quanto as categorias se cruzarem na sua identidade. Na época colonial, por exemplo, as sociedades não europeias eram hierarquizadas e/ou desprezadas[vii] em função de uma territorialização exótica do Outro:  o espaço exterior (ailleurs) tornou-se-lhe “consubstancial”[viii], e a sua posição geográfica um factor de identificação que os movimentos migratórios não apagam. 

Nas sociedades patriarcais ocidentais contemporâneas e/ou heteronormativas, as reivindicações de pessoas minorizadas (pessoas racializadas, LGBTQ+, mulheres, "estrangeiros", etc) são sentidas pelo organismo dominante como ataques às normas morais e sociais. Esta marginalização (que não toma em consideração as intersecções das suas identidades) conduz à criação de outros lugares, de novas “heterotopias”[ix], que se tornam espaços de intercâmbio e santuários de desenvolvimento identitário. Trata-se para estes Outros de forjar identidades segundo os seus próprios termos, utilizando, por vezes, a auto-narração[x] para se reinventarem. O Outro, visto pelos grupos dominantes como sujeito de ódio, de exclusão e de outras formas de discriminação, repensa-se de forma mais complexa, quando a alteridade e a identidade estão associadas. Afasta-se da negociação da sua identidade - adoptada apenas em determinados domínios (o "entretenimento" das populações latino-americanas nos Estados Unidos, por exemplo[xi]) - para reivindicar a sua integridade. É neste sentido que o território geográfico pode correlacionar-se com a construção do Outro, uma vez que permite fabricar identidades individuais interseccionais, sejam elas nacionais, narrativas, de género, de sexualidades, de etnia e raça, de classe, de orientação sexual, de idade, de cor, de culturas e tradições, de religião, de integrações, de exclusões, etc[xii]. Se é possível pensar o Outro pelo prisma das relações de dominação nas sociedades ocidentais, a noção de espaço é fundamental na sua criação. Os espaços geográficos, claro, mas também os espaços sociais, morais, políticos, culturais ou mesmo temporais, são factores que contribuem para a criação da noção de alteridade; o espaço é, por conseguinte, “simultaneamente, um meio de produção, um meio de controle, e por isso de dominação e de poder[xiii]”.

 
Identidades interseccionais no espaço: os desafios de uma cartografia

No espaço ocidental, cartografar o Outro não é uma noção prescritiva de atribuição de identidades fixas. Trata-se antes de questionar a ligação entre estas identidades interseccionais de alteridade e as especificidades de diferentes espaços ocidentais. Noutros termos, é um convite a reconsiderar o modo como o Outro se define a si próprio, de modo autónomo, nos espaços dominantes e marginais da "ordem normativa"[xiv] das sociedades hegemónicas, e como é que se insere nestes espaços para deles se apropriar - pondo em causa os sistemas de opressão vigentes. Por exemplo, a teorização do espaço nas comunidades africanas-americas é definida pelo gueto, sendo este um lugar ambivalente de “ódio de si próprio” e de orgulho[xv], e que marca a concepção das identidades africanas-americanas nesse espaço. Gueto que é visto, simultaneamente, como um espaço fechado contendo os párias negros, lugar alegórico de ostracismo, local simbólico de coesão comunitária, mas também como um espaço de produção do cliché do “gangster rapper” que fascina “os adolescentes da burguesia do mundo inteiro”[xvi]. Esta teorização do espaço pode ser encontrada em vários domínios, sejam eles artísticos, sociais, políticos, ou outros. 

Numa época de globalização das crises migratórias, numa altura em que as pessoas minorizadas fazem ouvir cada vez mais as suas vozes, e que a noção do Outro pode parecer datada no discurso académico quando oposta às identidades interseccionais, revela-se urgente continuar a examinar esta construção do Outro nas sociedades contemporâneas. Assim, uma vez que estão em perpétuo movimento, é necessário observar e estudar a forma como estas identidades se constroem, em resposta às injunções da sociedade dominante em que evoluem. Identidades e alteridades podem-se encontrar-se numa união em que não sejam exclusivas umas das outras. 

Face a estas observações, numerosas questões permanecem sem resposta: qual é o significado dado a estes espaços na construção das identidades interseccionais? Que recursos são utilizados para conter a aporia da cartografia como instrumento restritivo, força de discriminações e de dominação? De que instrumentos conceptuais contemporâneos nos servimos para melhor compreender o sujeito outro no espaço; como é que este os utiliza para se construir a si próprio? De que modo o aspecto performativo destas identidades[xvii] entra em linha de conta nesta ligação ? Estas interrogações, que não são limitativas, propõem pistas para re-interrogar a relação do Outro com o espaço, na confluência das artes, dos factos sociais, ou da história e civilização, a fim de dar conta destas ligações.

Sendo Quaderna uma revista transdisciplinar, os artigos deverão privilegiar o cruzamento de várias disciplinas e de várias áreas geográfico-culturais (inglesa, francesa, alemã, espanhola, italiana e portuguesa).

As propostas (250-300 palavras + título, corpus e algumas fontes) e uma breve nota biográfica devem ser enviadas para Yannick Blec (yannick.blec@univ-paris8.fr), o mais tardar até 31 de Maio de 2023. Os artigos (entre 3.500 e 6.000 palavras) devem ser entregues até 15 de Novembro de 2023.  


[i] Para uma melhor compreensão  da diferença entre abordagens disciplinares e transdisciplinares cf. por exemplo Jean-Paul Rocchi, “L’art de la discipline, une introduction”, Quaderna 3, 2016. https://quaderna.org/3/lart-de-la-discipline-une-introduction/.      
[ii] Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
[iii] Segundo uma fórmula de Diana Fuss, Essentially Speaking: Feminism, Nature & Difference, NY, Routledge, 1989.
[iv] Jean-Paul Rocchi, “En Exorde : The Other Bites the Dust. La mort de l’Autre : vers une épistémologie de l’identité”, Cahiers Charles V “L’objet identité : épistémologie et transversalité” 40, 2006, p. 37. Em itálico no texto.
[v] Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952, p. 93.
[vi] Ibid. p. 91-92.
[vii] Angelo Turco, “Altérité”, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, dir. Jacques Lévy et Michel Lussault, Paris, Belin, 2013, p. 70. 
[viii] Ibid., p. 71. 
[ix] Michel Foucault, “Des espaces autres” (1984), Dits et écrits, II (1976-1988), Michel Foucault, Paris : Quarto Gallimard, [2001] 2017, p. 1574-1575.
[x] Arnaud Schmitt, “La perspective de l’autonarration”, Poétique 149, 2007 1, p. 24.
[xi] Ramón H. Rivera-Servera, Performing Queer Latinidad: Dance, Sexuality, Politics, Ann Arbor, University of Michigan, 2012.
[xii] Adoptámos a lista das categorias identitárias de Kimberlé Crenshaw, “Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color”, Stanford Law Review 43/6, Jul. 1991, p. 1244.
[xiii] Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1981, p. 35.
[xiv] Nicole Ramognino, “Normes sociales, normativités individuelle et collective, normativité de l’action”, Langue et société 119 1, 2007, p. 20. https://doi.org/10.3917/ls.119.0013.   
[xv] Loïc Wacquant, “Ghetto”, International Encyclopedia of Social & Behavioral Sciences, 2nd edition Vol. 10, Oxford, Elsevier, p. 125. Traduction nossa. 
[xvi] Ibid.
[xvii] Judith Butler, Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, NY, Routledge, (©1990), 2007.