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Jeu en littérature, littérature en jeu (Quêtes littéraires, nº 13)

Jeu en littérature, littérature en jeu (Quêtes littéraires, nº 13)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Edyta Kociubińska)

Revue Quêtes littéraires, nº 13 : « Jeu en littérature, littérature en jeu »

 

« Les jeux sont faits ! » dit l’auteur en remettant son nouveau livre dans les mains du lecteur. En effet, une fois le produit de son imagination couché noir sur blanc, le destin de ses idées est mis en jeu : le public s’en jouera ou se laissera prendre à son jeu, cédant sous le charme de la fiction. « Les jeux sont faits ! » dit le lecteur en tournant la page de l’œuvre qu’il entame. C’est à lui de laisser son imagination entrer en jeu, s’y prendre et le jouer. En écho à l’affirmation de Georges Perec : « Écrire est un jeu qui se joue à deux, entre l’écrivain et le lecteur », on pourrait constater : ce sont les règles du jeu qu’est la littérature.

L’enjeu de ce 13e volume de la revue Quêtes littéraires est de contribuer à l’analyse du statut, des manifestations et des valeurs du jeu dans les littératures française et francophone. Plusieurs pistes se dessinent sur ce terrain vaste et riche à explorer, à commencer par la question fondamentale de savoir ce qui peut être identifié comme ludique en littérature. Tous acquiesceront que son essence dépasse largement la simple présence d’un personnage joueur dans le récit, ne fût-ce que l’étude captivante et complexe d’une intelligence brillante comme celle du Joueur d’échecs de Stefan Zweig ou bien l’histoire d’une addiction dont l’examen pénétrant nous a été donné par Erwan Le Bihan dans Requiem pour un joueur. De même, le motif littéraire du jeu mené entre plusieurs personnages s’inscrit dans la thématique sans pourtant l’épuiser, qu’elle soit conçue comme une intrigue ourdie pour l’amusement des uns et la perte des autres telles Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, ou qu’elle soit entendue comme un cirque moderne destiné aux yeux des voyeurs comme dans Acide sulfurique d’Amélie Nothomb. 

D’ailleurs, la notion de jeu s’applique parfaitement bien à chaque œuvre où une mise en scène au niveau de la diégesis ou de la mimésis est supposée. Pour exemplifier le jeu de scène, évoquons deux acceptions différentes quoique représentatives : d’un côté la forme dramatique médiévale dont Le Jeu de la feuillée d’Adam de la Halle prime dans le théâtre dit profane, de l’autre le théâtre dans le théâtre auquel excellait Jean Anouilh. Le jeu en littérature peut encore être envisagé comme un moteur de création, un procédé littéraire dont divers types servent à engendrer des textes à la manière des oulipiens, pour ne mentionner que ce groupe célèbre. Il serait intéressant aussi d’examiner dans quelle mesure le jeu ciblé sur le langage et/ou sur le style confère au texte littéraire une valeur ludique. Une autre piste de réflexion s’étend autour des différentes définitions de « jeu » : les acceptions de l’historien Johan Huizinga, du sociologue Roger Caillois, du psychologue Jean Chateau, du psychanalyste Sigmund Freud, du philosophe Jean-Bertrand Pontalis ou du linguiste Émile Benvéniste, s’appliquent-elles aux et dans les textes littéraires ? Et comment ? Finalement, la proposition de Michel Picard qui considère la lecture comme un jeu suffit-elle à définir le texte littéraire ?

Une fois les limites approximatives de la notion cernées, les questions ne manquent pas. Le jeu, conformément à son étymologie (jocus), est-il toujours une plaisanterie, un badinage ? Est-il toujours gratuit et futile et, par conséquent, opposé au sérieux ? Qu’en est-il du jeu risqué, voire dangereux ? L’écriture-jeu, la lecture-jeu peuvent-elles être mortelles ?

Questions posées, pistes indiquées, les jeux sont faits. Nous invitons les chercheuses et chercheurs à donner leurs propositions pour contribuer à la discussion sur le statut, les manifestations et les valeurs du jeu dans les littératures française et francophone. Mesdames et Messieurs, faites vos jeux !

Calendrier

La date limite pour l’envoi de la proposition (titre + résumé d’environ 300 mots, brève notice bio-bibliographique) à l’adresse quetes-litteraires@kul.pl est fixée au 1er juin 2023.
Les propositions seront examinées par un comité de lecture.
Les auteurs des propositions seront avisés le 15 juin 2023.
Langue des contributions : français.
Délai pour l’envoi des articles : le 15 septembre 2023.
Retour des évaluations en double aveugle : octobre.
Remise du texte corrigé : novembre.
La publication du 13e numéro de Quêtes littéraires est prévue le 30 décembre 2023.

Site web : https://czasopisma.kul.pl/ql
Contact pour l’envoi des résumés et pour toutes informations :
quetes-litteraires@kul.pl

Comité scientifique :

José-Luis Diaz (Université Paris Cité, France)
Giovanni Dotoli (Université de Bari, Italie)
Véronique Duché (Université de Melbourne, Australie)
Gérard Gengembre (Université Caen Normandie, France)
Pierre Glaudes (Sorbonne Université, France)
Anthony Glinoer (Université de Sherbrooke, Canada)
Philippe Hamon (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, France)
Georges Jacques (Université Catholique de Louvain-la-Neuve, Belgique)
Samia Kassab-Charfi (Université de Tunis, Tunisie)
Wiesław Malinowski (Université Adam Mickiewicz de Poznań, Pologne)
Bertrand Marchal (Sorbonne Université, France)
Paweł Matyaszewski (Université Catholique de Lublin JP II, Pologne)
Charles Mazouer (Université Bordeaux-Montaigne, France)
Zbigniew Naliwajek (Université de Varsovie, Pologne)
Catherine Nesci (Université de Californie à Santa Barbara, États-Unis)
Marc Quaghebeur (Archives et Musée de la Littérature, Bruxelles, Belgique)
Ana Helena Rossi (Université de Brasília, Brésil)
Daniel Sangsue (Université de Neuchâtel, Suisse)
Gisèle Séginger (Université Gustave Eiffel, France)
Magdalena Wandzioch (Université de Silésie, Pologne)