Nouvelle Revue d’Esthétique, Presses Universiatires de France
Appel à articles : « Esthétiques artificielles »
Numéro dirigé par Alexandre Gefen
Le projet d’œuvres produites par des machines circule depuis longtemps dans l’histoire culturelle — pensons aux trois automates d’art d’Henri-Louis Jaquet-Droz et Jean-Frédéric Leschot produits 1767 et 1774, la Musicienne, le Dessinateur et l’Écrivain, ou à la manière dont le rêve d’une littérature artificielle hante les écrivains depuis la « machine à écrire » du troisième Voyage de Gulliver de Swift (1721). Mais avec la naissance de la cybernétique puis de l’Intelligence Artificielle, les machines créatrices sont devenues des dispositifs réels, qui commencent à peupler nos musées et nos ventes aux enchères depuis le Portrait d’Edmond Belamy, réalisé par le collectif Obvious en 2018. Que nous dit cette aspiration à dépasser l’humain de l’histoire de la littérature et de l’art ? Quelles en sont les sources et les jalons d’une telle aspiration, de l’influence de la cybernétique sur la French theory au posthumanisme contemporain ? À quoi bon vouloir voir avec les yeux de réseaux de neurones, faire produire des œuvres par des GAN (Generative Adversarial Network) et faire écrire par des LLM (Large Language Models) qui sont capables d’une étonnante réflexivité ? Comment la philosophie esthétique contemporaine se doit-elle de réagir face à de telles créations, qui remettent radicalement en question les concepts traditionnels d’originalité et d’auctorialité et l’ensemble des valeurs esthétiques anciennes centrées sur l’humain ? Comment analyser, attribuer, juger de telles œuvres qui nous font entrer dans ce que l’on a décrit comme « la vallée de l’étrangeté » (Masahiro Mori), mais que l’on a pu inversement réduire à une extension mécanique d’œuvres humaines ? Peut-on simplement les aimer et en être ému ? Quelles philosophies esthétiques et quelles théories littéraires peuvent accueillir et comprendre de telles innovations, quels aménagements ou quelles révolutions doivent s’opérer ? Quelles sont en retour les conséquences de telles innovations sur notre compréhension du champ artistique dans ses rapports de complicité et d’opposition avec la question technique ? Notre appréhension de la création humaine est-elle changée par la comparaison possible avec les créations artificielles et l’invasion de métaphore issues de la théorie de l’information et de la cybernétique pour la décrire, dans une jonction possible avec les approches cognitivistes de l’esthétique (programme artistique, logiciel créatif, etc.) ?
Modalités de soumission
Les propositions d’article pour ce n° 33 de la Nouvelle Revue d’Esthétique, "Esthétiques artificielles", seront envoyées par mail au format Word avant le 20 décembre 2023 à Alexandre Gefen (pour tout renseignement complémentaire s’adresser également à lui) : gefen@fabula.org et à Dominique Chateau : chateaudominique@mac.com.
Plus précisément, l’envoi comprendra :
- le texte d’un article de 25 000 signes, espaces compris, sans compter les notes ; celles-ci, en nombre le plus restreint possible, devront être limitées à l’indication des références ;
- un résumé de 300 mots maximum en français et en anglais ;
- une présentation succincte de l’auteur(e) ou des auteur(e)s de 100 mots maximum.
Les articles reçus pour cette rubrique « Études » seront anonymés en vue d’une double évaluation par le comité de rédaction de la Nouvelle Revue d’Esthétique. À l’issue de cette expertise, les auteur(e)s des propositions recevront l’avis du comité éventuellement assorti de remarques.
Calendrier :
- Remise des propositions 20 décembre 2023
- Retour d’évaluation : courant janvier 2024
- Remise des textes définitifs : 15 mars 2024
- Parution : juin 2024