Traduit de l'allemand et suivi de Le Cabinet du docteur Kubin par Christophe David. Édition illustrée
Voilà pourquoi il est si important que chacun fasse attention à ses désirs et à ses craintes. Si on les partage complètement avec un ou plusieurs de ses semblables, ils peuvent alors d’un coup prendre corps. Cela, les plus judicieux d'entre nous le savent et c'est ainsi qu'ils expliquent que l'on croie aux sorcières et autres choses de ce genre.
"Je suis l'organisateur de l'incertain, du tremblant, de la pénombre, de l’onirique", écrivait Kubin. Le Cabinet de curiosités se compose de huit brèves nouvelles, qui s'inspirent chacune d'un dessin de l'auteur, reproduit en amont du récit. L'image accède ainsi à un statut tout à fait particulier, puisque c’est le texte qui vient l'illustrer et non l'inverse. Elle devient paradoxalement la garante de l'histoire qu’elle inspire. Ce petit volume original, au contenu aussi inquiétant que poétique, voire parfois ésotérique, témoigne d’une même invention et d'un même sens de l'humour noir que L'Autre Côté. Du pari suicidaire au profanateur de sépultures, il déploie une imagination sans borne, souvent macabre, parfois drôle, quand deux demoiselles anglaises traquent le militarisme de l'Allemagne, le découvrant en la personne d'un petit garçon jouant au soldat... Alfred Kubin est là, il nous ouvre son carton à dessins et nous entraîne dans ses souvenirs et ses rêveries, berceaux de l'illusion désertés par la raison.