Questions de société
Roald Dahl et la cancel culture :

Roald Dahl et la cancel culture : "Les grandes œuvres se récrivent toutes seules", par Alexandre Gefen (nouvelobs.com)

Publié le par Marc Escola

Roald Dahl et la cancel culture : « Les grandes œuvres se récrivent toutes seules », par Alexandre Gefen

mis en ligne sur nouvelobs.com, le 14 mars 2023.

"[…] Comment accorder à l’art la possibilité de changer nos sociétés et nos vies en modifiant nos représentations et nos cadres sensibles sans accepter qu’il puisse les changer en mal autant qu’en bien ?

Il n’y a que trois réponses possibles à ce dilemme : la première consiste à revenir à l’impunité et à l’irresponsabilité de l’écrivain et à l’indépendance complète de l’art ; la seconde consiste à penser la responsabilité de l’art à l’égal de n’importe quel discours, ce qui conduit à brimer toute expérience de pensée de l’écrivain, toute aventure mentale dans le non-conformiste ou simplement toute retranscription de discours indéfendables (pensons simplement aux affreux personnages des romans de Michel Houellebecq). C’est de cette conception que procèdent les « sensitivity readers » destinés à éviter que l’art puisse avoir des conséquences négatives sur les sensibilités.

Une troisième solution, plus audacieuse, consiste à considérer que l’art est un lieu de catharsis et de transformation, où les discours les plus archaïques et les pulsions les plus profondes peuvent être retravaillés, contestés, inversés mentalement par le lecteur : même négatifs et choquants, les contenus de l’art sont toujours bénéfiques au lecteur ou au spectateur et un potentiel subversif peut naître des contenus les plus réactionnaires. Un tel parti-pris suppose assurément une éducation et un discours d’accompagnement, qu’il s’agisse de présentations ou de notes en bas de page, mais dans nos sociétés démocratiques modernes, une telle position est tenable. […]"

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