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Traduire-Réécrire les classiques grecs et latins au XXIe s. (Sorbonne Nouvelle)

Traduire-Réécrire les classiques grecs et latins au XXIe s. (Sorbonne Nouvelle)

Publié le par Marc Escola (Source : Sarah Montin)

(English version below)

Appel à communications

Colloque international : 19-20 octobre 2023

Traduire-Réécrire les classiques grecs et latins au XXIe siècle

Université Sorbonne-Nouvelle - Maison de la Recherche, 75005 Paris

T.R.A.C.T. (Prismes EA4398)

 Depuis le début du XXIe siècle, on constate un regain d’intérêt pour la traduction des poètes et dramaturges grecs et latins. La traduction que l’universitaire Emily Wilson fait de l’Odyssée en 2017 est saluée par la critique ; en 2016 paraît de manière posthume un des plus beaux extraits de l’Énéide, traduit par Seamus Heaney ; en 2009, dans An Oresteia, la poétesse Anne Carson fait jouer trois points de vue sur la tragédie des Atrides en retraçant les récits d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide. Des adaptations se succèdent : ainsi Simon Armitage qui, dans The Odyssey : A Dramatic Retelling of Homer’s Epic (2008), relate le périple d’Ulysse, ou bien encore Alice Oswald dans Memorial (2011), où le narrateur évoque tour à tour le sort de chacun des personnages de la guerre de Troie.  Traductions, versions, imitations, hommages, « recontextualisations », adaptations et réécritures, le monde classique n’a de cesse d’inspirer les traducteurs spécialistes, mais surtout les poètes et dramaturges contemporains. La source ne se tarit pas, bien au contraire.  

 Pourquoi donc retraduire ces classiques ? Certains traducteurs qui ne connaissent ni le grec, ni le latin s’attellent à la tâche d’amener ces grands textes jusqu’au public contemporain en travaillant à partir d’une traduction intermédiaire… mais quel est le statut de leur travail de recréation traductive ? L’obstacle constitué par la langue ainsi que la – probable – diminution du nombre de lecteurs capables de lire poèmes et prose dans la langue source ont-ils pour effet de libérer l’entreprise traductive ? Peut-on repenser la nature du lien entre les traductions canoniques, utilisées dans les salles de classe et alors que le cursus grec et latin s’essouffle, et les traductions plus créatives, ces « free-standing texts » comme les appelle Barbara Folkart ? Certaines adaptations relèvent de la réécriture : dans Brand New Ancients (2013), Kate Tempest tisse sa trame d’écrivaine-performeuse en allant puiser, dans le monde des anciens, des paradigmes mythiques ; très régulièrement paraissent des œuvres littéraires – « retellings » – qui retracent voire subvertissent la trame du texte source en la remodelant. Peut-on considérer que ce sont là des formes extrêmes de traduction ? Comment la traduction peut-elle se décliner en une « version » (Simon Armitage, Still, 2016), adaptation ou transmutation ? Ces écrivains-traducteurs ne bousculent-ils pas, à force, la notion même de traduction, n’en délient-ils pas le sens en posant la question du rapport entre traduction et littérature ?  Enfin ce travail de traducteur, qui les immerge dans l’univers littéraire d’un autre, n’agit-il pas sur leur propre élan créatif ? Dans Piecing Together the Fragments: Translating Classical Verse, Creating Contemporary Poetry (2013), Josephine Balmer explore les rapports qui lient la traduction et l’expression littéraire. Ses restitutions des poèmes de Catulle en anglais moderne s’accompagnent d’une réflexion théorique poussée sur sa propre démarche créative … mais il existe bien d’autres paratextes – essais, préfaces et postfaces, podcasts et documentaires – qui viennent éclairer les raisons qui poussent un auteur ou traducteur contemporain à traduire une œuvre si éloignée dans le temps : fascination langagière pour l’écriture de l’autre ?  Intérêt pour les enjeux profondément humains, culturels et sociaux qu’abordent ces œuvres ? Désir de réinvestir et de recontextualiser certaines de ces œuvres parce qu’elles ouvrent la voie à la réflexion, parce que quelque chose en elles permet de faire bouger les lignes – on pense à des retraductions plus féministes ou postcoloniales. En définitive, traduire et retraduire, n’est-ce pas toujours un peu ébranler et redensifier le capital intellectuel et humain ? 

 Les communications devront porter sur les (re)traductions et (ré)écritures du XXIème siècle. 

Les propositions reposant sur des analyses textuelles et stylistiques (close readings) des œuvres seront privilégiées. 

 Les propositions d’environ 250 mots accompagnées d’une courte bio-bibliographie sont à envoyer avant le 15 mai 2023 à : 

 jessica.stephens@sorbonne-nouvelle.fr
et
sarah.montin@sorbonne-nouvelle.fr


 
Call for papers

International Conference: 19-20 October 2023

(Re)translating-Rewriting the Classics in the XXIst century

Sorbonne-Nouvelle University /Maison de la Recherche, 75005 Paris

T.R.A.C.T. (Prismes EA4398)

 
The early XXIst century has witnessed a resurgence of interest in the Greek and Latin classics with new translations achieving widespread readership as well as commercial and critical success — Emily Wilson’s 2017 translation of the Odyssey is a case in point, as is Seamus Heaney’s celebrated posthumous translation of book VI of Virgil’s Aeneid (2016), read on the BBC by Ian McKellen only a few days after publication. Concurrently, these same classical texts have been reacquiring, through creative translation and adaptation, a vital place in contemporary poetry and theatre, as emblematized by Simon Armitage’s Still (2016), Alice Oswald’s Memorial (2011) or Anne Carson’s An Oresteia (2009). At a time when most of their audience cannot read Greek or Latin, when “dead languages” are disappearing from academic curricula, the wealth of recent translations, “versions”, excavations or irreverent “translucence” (Oswald), imitations, tributes, adaptations and rewritings, reveals that the classical world remains, now seemingly more than ever, a source of inspiration for specialized translators, writers, poets as well as the public at large.

Contemporary trends have been marked by an increased freedom in translation processes, even in critical or academic retranslations based on philological arguments. This “creative turn” in translation practices fruitfully blurs the lines between translation, criticism and literature (as seen in Josephine Balmer’s Piecing Together the Fragments: Translating Classical Verse, Creating Contemporary Poetry where she examines the crossovers between scholarly work and creative writing) and encourages us to explore the porous zones between retranslation, rewriting, retelling, adaptation and transmutation. Are these growing practices pushing back the boundaries of translation, subverting its meaning as they renegotiate the relationship between translation and “original literature”?  

Other questions arise when confronting contemporary versions of classical texts in English. Does a translator’s lack of training in Greek and Latin necessarily challenge their legitimacy and authority? What is the status of “intermediary translations” and cribs? What does the disappearance of the bilingual format, except for scholarly publications, mean? Does this give rise to a new form of invisibilization of the translator? How does this affect the relation between the original work and its translation? A current trope in translators’ preface is the enjoinder to “update/rejuvenate the classics”. Do we see instances of “smoothing over” problematic passages in order to correspond to more contemporary usages and mores? Is the classical source text transformed by contemporary strategies of domestication? Finally, the XXIst century has seen the growing importance of political issues in translation studies: how do questions of gender, ethnicity and class, postcolonial and decolonial issues, as well as new processes such as “eco-translation” affect, interrogate and revivify translation practices (as well as become effective marketing tools)? How do politically engaged retranslations allow for a critical revaluation and deconstruction of canonical texts (as for instance Emily Wilson’s Odyssey, or Femi Osofisan’s Tegonni, An African Antigone)?

Papers, focusing on XXIst century (re)translations and (re)creations, can address, but are not restricted to, the aforementioned topics. Preference will be given to proposals offering text-based analyses, close readings and stylistic commentary. 

Please send a 250-word proposal and a short bio-bibliography by May 15, 2023 to:

sarah.montin@sorbonne-nouvelle.fr
and
jessica.stephens@sorbonne-nouvelle.fr