Revue
Nouvelle parution
Tel qu'en songe, n° 7 :

Tel qu'en songe, n° 7 : "Régnier poète"

Publié le par Marc Escola (Source : Bertrand Vibert)

Comme chaque numéro, outre l'éditorial du président de la Socité des lecteurs d'Henri de Régnier (SLHDR), celui-ci comporte un dossier, cette fois consacré à "Régnier poète" (dans la stricte acception du terme), des varia et pour finir une "promenade" de Bernard Quiriny, vagabondage littéraire sur les pas d'Henri de Régnier.


On pourra s’étonner qu’il ait fallu attendre la septième livraison de la revue pour qu’un dossier soit enfin consacré au poète que fut Régnier. Car celui-ci marqua d’abord l’histoire du symbolisme avec les recueils décisifs que furent Poèmes anciens et romanesques (1890) et Tel qu’en songe (1892), c’est-à-dire avant la prose symboliste des Contes à soi-même (1894) ou du Trèfle noir (1895). Certes, Régnier devint par la suite un prolifique romancier – de La Double Maîtresse (1900) à La Pécheresse (1920) ; et s’il s’adonna parallèlement à l’écriture critique – souvent par force –, presque toute sa vie durant il ne cessa de publier des vers, qu’il s’agisse de recueils originaux, semi-originaux ou de reprises dans des recueils collectifs, sans oublier les publications séparées de poèmes en revue. On dénombre ainsi 21 recueils, dont une auto-anthologie parue sous le nom de Choix de poèmes (1932), laquelle représente sans doute le testament poétique et l’adieu à la poésie du poète au soir de sa vie.

Or, que l’écrivain Régnier se définisse d’abord comme poète, cela va de soi pour peu que l’on songe au lignage poétique dont il est directement issu : en premier lieu, Mallarmé et Villiers de l’Isle-Adam, les mages de fréquentation assidue pendant les années d’apprentissage ; Verlaine aussi, et puis Leconte de Lisle… et Heredia chez qui devaient être adoubés les jeunes poètes du milieu des années 1880. C’est ce Régnier-là, à l’instar de toute une génération, pour lequel Coppée fait figure de repoussoir commode et de tête de Turc au moment où la bataille symboliste attise les polémiques, avant que les relations ne suivent une voie plus apaisée. Quoi qu’il en soit, en 1911, lorsque Régnier sera reçu à l’Académie française, c’est bien le poète, gendre de l’illustre auteur des Trophées, qui y trouve un fauteuil, et non le romancier qui y subit un éreintement en règle avec le discours resté fameux  – de mémoire académique – prononcé par le très prude Albert de Mun.

En examinant différents aspects de la poésie de Régnier et de sa réception, à commencer par celle d'époque, le numéro se propose de montrer ce que fut la modernité de Régnier en son temps, voire son caractère avant-gardiste, mais aussi les relations de la poésie de Régnier à sa prose. Il en ressort que c'est au prix d'un malentendu que la poésie semble aujourd'hui surannée, car elle reste plus créative et à maint égard d'un abord moins facile qu'l n'y paraît.