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La poésie au carré
Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Trames, tables, échiquiers… Dans La Lettre au carré, poésie et permutations (Sens&Tonka), Emmanuel Rubio s’attache à la poésie à la lettre, et nous invite à rencontrer, du IVe siècle jusqu’à nos jours, un ensemble de carrés de signes pour le moins spectaculaires. Éloges de l’empereur, rêves sur la croix, nomenclatures fantasmées… Tout se passe comme si cette mise au carré de l’écriture laissait percer un idéal : l’avènement d’un ordre, réunissant en une forme parfaite, éternelle, le poème et son inscription graphique. À l’épreuve, la perfection en tous sens du carré favorise pourtant une étrange propension : à élargir les directions de lecture, d’écriture. Car il s’agit bien de retrouver les grandes figures régulatrices de la cosmologie, des calendriers ; mais pour les relire, les redistribuer ou plutôt : les remettre en mouvement et en jeu. La poésie, si elle jette sur la feuille de merveilleuses constellations habitables, n’a de cesse de rendre au ciel étoilé ses infinies possibilités de lecture… De Trithème à Tristan Tzara, de Maurice Scève à Jacques Roubaud, de Jean-Edouard Du Monin à Ghérasim Luca, de Raban Maur à Michèle Métail, courent ainsi des fils qui, de siècles en siècles, dessinent une véritable continuité. Lire ces auteurs, les confronter avec les philosophes, les kabbalistes ou les linguistes de leurs temps, c’est retrouver le temps long de la poésie comme un de ses horizons inexpugnables : le rêve d’une langue qui bougerait si vite, si constamment, qu’elle continuerait à parler mais sans figer la moindre découpe. Fabula donne à lire le début de l'ouvrage…

Illustr.: Iacobus Nicholai de Dacia, Liber de distinctione metrorum (XIVe s.).