Rencontres des jeunes traductologues 2023
Traduction et interprétation : entre théorie et pratique
Paris, le 4 mai 2023
Les premières Rencontres des jeunes traductologues, organisées par des doctorantes de l’école doctorale 622 – Sciences du langage (Université Sorbonne Nouvelle et Université Paris Cité), s’adressent aux étudiant.es de master, doctorant.es et jeunes docteur.es en sciences de la traduction et de l’interprétation ou dans tout autre domaine de recherche portant sur la traduction et/ou l’interprétation.
La traductologie connaît un fort intérêt depuis quelques décennies et les échanges académiques à son sujet sont de plus en plus nombreux et interdisciplinaires. Les Rencontres des jeunes traductologues offrent l’opportunité aux jeunes chercheur.es s’intéressant à des questions portant
sur la traduction, quelle que soit la combinaison linguistique, de partager leurs travaux de recherche et de discuter de l’évolution des métiers de la traduction et de l’interprétation et des enjeux contemporains qui touchent la discipline.
Berman définit la traductologie comme « la réflexion de la traduction sur elle-même à partir de sa nature d’expérience » (Berman, 1989). Pour cette première édition, nous souhaitons engager une réflexion sur les différentes approches théoriques de la traduction (stylistiques, communicationnelles, sociolinguistiques, sociologiques, idéologiques, philosophiques, politiques, technologiques, etc.) à l’épreuve de la pratique. La théorie permet de formaliser des pratiques qui elles-mêmes l’adaptent aux réalités de l’exercice.
Les communications pourront aborder les sujets suivants sans s’y limiter :
- (In)adéquation entre théories et pratiques
Une fois sur le marché du travail, les jeunes traducteurs et interprètes mettent en pratique les méthodologies enseignées dans les formations de traduction. Par exemple, depuis une vingtaine d’années, de nombreux chercheurs ont démontré l’utilité des corpus en traduction pragmatique, que ce soit pour résoudre des questions de terminologie ou de phraséologie (pour une meilleure adéquation aux genres et domaines de spécialité) rencontrées par les professionnels, pour analyser et comprendre ce qu’est la traduction (analyse de la qualité, (in)visibilité du traducteur, troisième code...) ou comme outil d’aide à la formation des traducteurs pragmatiques. Toutefois, son enseignement n’est pas généralisé et sa prise en main reste complexe. Plus récemment, l’essor de la post-édition en milieu professionnel implique l’enseignement de nouvelles compétences et s’accompagne d’une recherche active en didactique. La mise en pratique (ou non) de la théorie dans l’exercice des métiers de la traduction nous amène à nous poser les questions suivants : les bagages théoriques sont-ils assez solides pour permettre aux traducteur.trices et interprètes de tout bord d’adapter leur pratique aux exigences du marché ? Comment les chercheurs peuvent-ils adapter la théorie à la pratique ? Comment engager un dialogue entre les théoriciens et les praticiens ? Comment la didactique permet-elle de théoriser les réalités du marché afin de les intégrer aux formations ? (Ladmiral 2014 ; Kübler et al. 2018 ; Granger et Lefer, 2022)
- Évolution des pratiques
Les mutations technologiques, sociales et politiques introduisent de nouvelles problématiques auxquelles doivent faire face non seulement les praticiens, mais également les théoriciens. Les outils d’aide à la traduction (traduction automatique, corpus, logiciels de traduction, dictionnaires en ligne, etc.) participent à l’évolution des pratiques et remettent en cause plusieurs spécificités du métier : tarifs, compétences, délais, protection des données, rôle du traducteur, etc. De la même manière, la réflexion des études de genre ou des études post-coloniales, entre autres, redéfinissent la figure du traducteur littéraire et la place qu’il occupe dans le processus de traduction. Par ailleurs, l’appropriation et l’usage des outils numériques par les chercheurs (création et annotation de corpus, textométrie, systèmes de traduction automatique, enquête en ligne, stockage dématérialisé...) nécessitent aujourd’hui de prendre en considération de nouvelles questions juridiques et éthiques, en particulier lors de la collecte, du traitement et de la conservation des données de recherche. Ces évolutions donnent naissance à de nouvelles directions de recherche. Comment les théories traductologiques prennent-elles en compte ces mutations ? Que dit la théorie sur ces questions actuelles concernant la légitimité du traducteur ? (Loock, 2016 ; Ginouvès et Isabelle, 2018 ; Hernandez-Morin, 2020)
- (In)traduisibilité
L’intraduisibilité se manifeste par l’absence de concepts au sein de la langue cible, souvent symptomatique d’une asymétrie aux origines plurielles : culturelles, historiques, fonctionnelles, etc. Si des techniques pour déjouer l’intraduisible existent et s’exercent depuis toujours, elles souffrent de ne pas être formalisées et de relever ainsi davantage du choix individuel que d’une pratique professionnelle reconnue, normalisée et généralisée. Peut-on traduire tout type de textes (poétiques, juridiques, multilingues, multimodaux, etc.) ? Comment se positionne le traducteur
face aux différentes approches théoriques sur ces questions ? (Cassin, 2004 ; Apter 2005 ; Mounin 2020 [1963])
- Enjeux éthiques
La dichotomie entre théorie et pratique met également en lumière des enjeux éthiques. Les principes déontologiques (langue maternelle, tarifs, fidélité du texte, invisibilité du traducteur, partage des données et informations sensibles, etc.) transmis aux traducteurs et traductrices ne sauraient représenter la multiplicité des pratiques et leurs évolutions. Les enjeux sociologiques, politiques et technologiques liés à la traductologie poussent les chercheurs et professionnels à régulièrement questionner les principes éthiques autour de la traduction. Qu’en est-il de la responsabilité du traducteur face au public et aux clients ? La théorie peut-elle éclairer la pratique concernant les enjeux éthiques ? (Venuti, 2011 ; Baker, 2018 ; Lambert, 2020)
Ces axes sont des suggestions et nous invitons toute personne engagée autour de ces questionnements à soumettre une proposition.
Soumission et informations pratiques
Les propositions de communication doivent compter 500 mots au maximum et une liste de mots clés (dix mots clés maximum). Elles peuvent être rédigées en français ou en anglais et doivent être envoyées au plus tard le 13 février 2023 sur le site Rencontres des jeunes traductologues 2022, onglet « Mes dépôts ».
L’évaluation des soumissions par le comité scientifique étant en double aveugle, nous vous remercions de ne pas inclure dans votre document d’éléments pouvant vous identifier. Les langues du colloque sont le français et l’anglais. Les communications orales durent chacune
20 minutes suivies de 10 minutes de discussion.
Comité scientifique
BARBIN Franck, BEAUMATIN Éric, BLETON Isabelle, CECCALDI Aurélie, COLLOMBAT Isabelle, CRISTINOI-BURSUC Antonia, EL QASEM Faiza, FRŒLIGER Nicolas, GILE Daniel, KÜBLER Natalie, LEONCINI Stefano, LOOCK Rudy, MARTIKAINEN Hanna, OSTER Corinne, PLASSARD Freddie, ROSSI Caroline, ZIMINA-POIROT Maria.
Comité d’organisation
Université Sorbonne Nouvelle : Bérengère Denizeau, Valentine Pieplu, Sara Salmi
Université Paris Cité : Maud Bénard, Marie Bouchet, Anastasia Buturlakina