Questions de société
Dany Laferrière, Petit traité du racisme en Amérique

Dany Laferrière, Petit traité du racisme en Amérique

Publié le par Marc Escola

Dans ce livre, le premier qu’il consacre au racisme, Dany Laferrière se concentre sur ce qui est peut-être le plus important racisme du monde occidental, celui qui dévore les Etats-Unis. Les Noirs américains  : 43 millions sur 332 millions d’habitants au total - plus que la population entière du Canada. 43 millions qui descendent tous de gens exploités et souvent martyrisés. 43 millions qui subissent encore souvent le racisme. Loin d’organiser une opposition manichéenne entre le noir et le blanc, précisément, Dany Laferrière précise  : «  On doit comprendre que le mot Noir ne renferme pas tous les Noirs, de même que le mot Blanc ne contient pas tous les Blancs. Ce n’est qu’avec les nuances qu’on peut avancer sur un terrain si miné. »

Voici donc un livre de réflexion et de tact, un livre littéraire. Mêlant des formes brèves que l’on pourrait rapprocher des haïkus, où il aborde en général les sensations que les Noirs éprouvent, et de brefs essais où il étudie des questions plus générales, Dany Laferrière trace un chemin grave, sans jamais être démonstratif, dans la violence semble-t-il inextinguible du racisme américain. «  Mépris  », «  Rage  », «  Ku Klux Klan  » alternent avec des portraits des grands anciens, Noirs ou Blancs, qui ont agi en noir ou en blanc  : Charles Lynch, l’inventeur du lynchage, mais aussi Eleanor Roosevelt  ; et Frederick Douglass, et Harriet Beecher Stowe, l’auteur de La Case de l’oncle Tom, et Bessie Smith, à qui le livre est dédié, et Angela Davis. Ce Petit traité du racisme en Amérique s’achève sur une note d’espoir, celui que Dany Laferrière confie aux femmes. «  Toni, Maya, Billie, Nina, allez les filles, le monde est à vous  ! ».

Lire un extrait et parcourir la Table des matières…

On peut lire sur Diacritik.com un article de Jean-Pierre Cescosse sur cet ouvrage…

Et sur en-attendant-nadeau.fr :

"Une conversation transatlantique", par Sophie Ehrsam (en ligne le 21 juin 2023).

On pense, à la lecture de deux romans récemment traduits en français, à la chanson To Be Young, Gifted and Black de Nina Simone (titre inspiré par celui de la pièce autobiographique de Lorraine Hansberry) : qu’est-ce que cela recouvre, d’être une jeune fille noire dans une ville américaine pendant la Grande Dépression ? Louise Meriwether a grandi à New York, Gwendolyn Brooks à Chicago ; l’une et l’autre ont écrit des romans d’inspiration autobiographique. Malgré un contexte tout sauf prometteur, ni Francie Coffin dans Papa courait les paris ni Maud Martha dans le roman éponyme ne comptent se laisser traiter comme des moins que rien ; deux récits qui résonnent encore largement aujourd’hui. Y compris avec le Petit traité du racisme en Amérique de Dany Laferrière, mais aussi avec le récit complexe d’une autrice suisse ayant passé quelques années aux États-Unis, Dorothee Elmiger, qui s’interroge sur ce que les traversées de l’Atlantique et les récits de celles-ci disent de l’Europe et des rapports humains.