La Société des amis de Bussy-Rabutin organise avec le soutien du CEREC (équipe de Plurielles, UR 24142, université de Bordeaux Montaigne) une journée d’étude consacrée aux horizons culinaires.
Bussy-Rabutin se définit comme « un brutal de la table ». De fait, il consacre peu de développements à la table, et représente peu la nourriture, sauf quand elle est rare !, comme en témoigne le récit du dîner lors de sa fuite avec la comtesse de Busset qui est une scène d’anthologie. Ce qui l’intéresse c’est la conversation que l’on y tient ; aussi dîners ou soupers sont-ils des moments de parole, et l’occasion de rencontres et d’anecdotes dans les Mémoires (les vantardises de Créquy après la bataille des Dunes) comme dans l’Histoire amoureuse des Gaules. Inversement Mme de Sévigné décrit de grands banquets pour souligner la profusion et l’abondance exceptionnelles, mais révèle aussi un rapport plus intime avec la nourriture, la voilà mangeant dit-elle « mes petits œufs frais à l’oseille » (17 avril 1671) évoquant sa brouille avec le chocolat (16 sept 1671) ou sa crainte des carpes et des arêtes (31 mars 1694). Quant à Tallemant des Réaux il s’amuse des étourderies de table : ce pauvre abbé de Retz, distrait, crache les plumes d’une tête de perdrix qu’on lui a mise dans son assiette… Le même, devenu mémorialiste, se rappelle avoir souvent donné à dîner, mais ne dit mot des repas, exception faite de la mention de la vaisselle d’argent du pape Alexandre VII, qui s’était fait l’apôtre du dénuement avant d’être élu. Les horizons culinaires des écrivains ouvrent ainsi des perspectives variées allant des festivités collectives, aux petites dégustations familiales voire personnelles, des banquets protocolaires aux soupers libertins, de l’évocation d’un dîner à la mise en scène de la table avec ses décors et sa vaisselle.
Les rapports des écrivains avec la table et plus largement les représentations historiques, littéraires et iconographiques de la table, tel est l’objet de la rencontre à laquelle convient les Horizons culinaires autour des auteurs et artistes de la période moderne.
L’on apportera une attention particulière à la nature génériques et textuelles des scènes de repas : poésie, chanson, libelles, lettres, romans, Mémoires, histoire, journaux ; récit, description, portrait, excursus. L’on pourra étudier les modalités de leur insertion ainsi que leur fonction.
Dans une démarche plus globale l’on s’attachera également au retour du thème voire d’un motif alimentaire chez un auteur et à la variété de son traitement dans son œuvre.
Les approches socio-historiques sont également bienvenues, qu’il s’agisse d’essais sur la table à l’époque moderne ou des usages différenciés à la cour, à la ville et à la guerre, ou encore des pratiques culinaires provinciales. L’on se demandera en quoi la table est un lieu de civilité particulier et quel parti les textes tirent des usages sociaux. Enfin, l’on pourra se demander comment les historiens sélectionnent et font usage des textes littéraires pour reconstituer l’histoire de l’alimentation.
L’iconographie de la table est extrêmement développée. L’on se concentrera donc sur les scènes de genre ainsi que sur les gravures illustrant des ouvrages littéraires depuis Rabelais. L’on pourra encore présenter la symbolique spectaculaire de la table et la présence de ses ornements nécessaires dans l’emblématique.
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La journée d’étude se tiendra au château de Bussy-Rabutin le 9 septembre 2023
Les communications, d’une durée de vingt-cinq minutes, seront publiées dans Rabutinages, la revue de la Société, en décembre 2022.
Les propositions de communication (titre et une quinzaine de lignes) sont à envoyer avant le 30 mai 2023 par mail à : myriam.tsimbidy@u-bordeaux-montaigne.fr