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De la perméabilité des frontières : penser la fluidité contemporaine (collectif Frontières, Aix-Marseille Univ.)

De la perméabilité des frontières : penser la fluidité contemporaine (collectif Frontières, Aix-Marseille Univ.)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Cavallari Santa Vanessa)

 « De la perméabilité des frontières : penser la fluidité contemporaine »

Journée d’étude organisée par le collectif Frontières (Aix-Marseille Université),

20 avril 2023


Le collectif Frontières (https://frontieresamu.hypotheses.org) né en 2018 sous l’initiative de doctorant·e·s d’Aix-Marseille Université, a eu pour ambition dès le début de 
constituer un lieu d'échanges et de partages de savoir pour les doctorant·e·s et jeunes chercheur·euses de deux écoles doctorales (Langues, Lettres et Arts ; Espaces, Cultures, 
Sociétés) en les rassemblant autour d'une question transversale et particulièrement riche, celle de la frontière.

À l’occasion de sa prochaine journée d'étude, le collectif vise à explorer la manière dont le concept de fluidité s’installe dans les sociétés modernes et constitue un outil d’analyse 
du contemporain. La fluidité caractérise notre époque marquée par le décloisonnement : transferts culturels et linguistiques, théorie du genre et « genderfluid », flux d’informations, réseaux sociaux et télescopage du privé et du public... Cette dynamique se reproduit dans les arts par une tendance accrue à l’interdisciplinarité, un essor de l’intermédialité. Ces diverses « contaminations » du champ artistique contemporain peuvent être les reflets d’une réalité qui  tend à se reconfigurer harmonieusement au-delà de la biunivocité. Dans un monde où les frontières géographiques et culturelles sont de plus en plus perméables, comme conséquence des flux migratoires multiples et de la globalisation, c’est aussi l’identité même qui est mise en question en tant qu’unité. Participant de la restructuration d’une multitude de caractères et d’expressions, la notion de fluidité appliquée au contemporain traduit ainsi un nouveau mode d’appropriation des frontières. En effet, les frontières, devenues poreuses, sont le lieu où penser ces multiples dissolutions. Mieux que d’observer un simple « dépassement » des frontières, nous voudrions réserver cette journée d’étude à une réflexion sur ce mouvement 
fluide – son rythme, son endurance, sa continuité – qui redessine la carte des frontières géographiques, sociales, politiques, linguistiques, symboliques et artistiques.

Contamination du mythe et continuités de l’archétype dans le théâtre contemporain

Dans la fluidité qui caractérise notre quotidien, il n'est pas anodin de remettre en cause
le mythe et de discuter son influence dans notre réalité contemporaine. Si le tumulte dans 
lequel nous vivons nous conduit à une léthargie qui nous éloigne des points d’ancrage de la 
conscience, de son côté l’art nous retient à une réflexion, à une observation, à une prise de 
parti, et même à un engagement pour des causes réactivant le mythe. Dans le théâtre 
contemporain, les personnages mythologiques deviennent profondément humains dans un 
continuum entre deux polarités : celle symbolique, mythique et transcendante de la figure 
mythologique et celle parfaitement contingente de l’être humain. L’acteur est un pont entre 
ces deux pôles, son rôle est de déconstruire le stéréotype du héros mythique pour le faire 
flotter vers une identité plus proche de la nôtre, non-stéréotypée et permettant un 
rapprochement intime entre personnage et spectateur. Grâce à la perméabilité de son corps, 
l’acteur réactive des archétypes narratifs qui glissent de façon fluide dans le mythe grec, et du 
mythe grec arrivent directement à notre quotidien.

Dynamiques du logos, perméabilités linguistiques et prisme traductologique 

Dans le contexte culturel globalisé d'aujourd'hui, le monolinguisme n’est plus 
envisageable (Derrida : 1996), ainsi, même les supposées barrières du bi et plurilinguisme 
semblent amplement dépassées. La contamination transculturelle (Ortiz et Wilson) par l’issue 
des migrations et des médias sociaux ont fait que chacun d’entre nous flotte dans au moins 
deux dimensions linguistiques. Contre toute rigidité et fixité identitaire, les espaces traversés 
par les sujets « migrants » de notre siècle s’empressent tous sur nous, rendant l’outil 
linguistique polyédrique et l’usage du monolinguisme purement conventionnel. La 
conséquence immédiate de ce translinguisme est fortement impactante sur la traductologie, 
qui ne peut plus se conformer au modèle biunivoque proto-texte/méta-texte, langue 
source/langue cible, mais qui devient elle-même prismatique. Permettant la coexistence de la 
dimension de départ et de celle d’arrivée, l’autotraduction se configure alors comme la version 
poreuse de la traduction, avec un basculement des Translation Studies en Self-translation 
Studies. Même le logos est affecté par cette fluidité, il peut se déployer comme un courant et 
la parole (au sens saussurien) se décloisonne. Sans compter, d’ailleurs, que le mouvement 
de la langue même est indispensable à la communication, que toute parole est polyphonique, 
dialogique (Bakhtine : 1929) et conative à la fois, rendant tout signifiant fluctuant.

Discontinuer : quels lieux d’ancrage dans la fluidité contemporaine ?

La crise sociale et écologique à laquelle l’humanité est confrontée nous laisse face à 
un constat sans appel : la préservation de l’humanité dépendra de sa capacité à discontinuer. 
Pris dans le flux de « l’accélération » générale (Rosa : 2010), il nous faut repenser nos modes 
de relation à l’oikos au-delà des principes de disponibilité et d’accessibilité. Ralentir implique 
de définir de nouvelles frontières, des lieux de résistance à la marge. Ce pas de côté n’est 
pas essentiellement un acte de rupture ; il implique d’habiter la frontière comme un lieu de 
repli intime où restaurer la « résonance » (Rosa : 2016) du monde en nous. Contre la dérive 
collective, l’humain doit créer de nouvelles hétérotopies (Foucault : 1967), des lieux d’ancrage 
où l’imaginaire reprend ses droits et creuse des canaux de résilience.

À partir de ces trois angles d’approche différents, et afin d’étudier la notion de fluidité et de 
l’illustrer dans toutes ses nuances, nous proposons plusieurs perspectives d’analyse 
possibles :

● Fluidité des frontières physiques et politiques dans un contexte de « migrance » 
(approche anthropologique de la question migratoire)
● Frontières de la fiction : la fiction comme lieu d’exil ou d’ouverture, d’ancrage dans 
l’habitat (ecocriticism, écopoétique)
● Héritage, transmission et continuité : mythe et archétype dans les arts (dans notre 
monde en évolution, comment le mythe influence-t-il notre quotidien en nous 
transmettant son héritage ?)
● (Dis)continuités, circulation des clichés et des stéréotypes dans les arts (quelle 
influence sur la représentation contemporaine ? quelles conséquences et quelles 
opportunités pour les artistes ?)
● Fluidité des genres sexuels (vers un dépassement des frontières de genre ?)
● Pour une parole liquide : vers une linguistique et une traductologie trans ? 
● Enjeux littéraires et stylistiques de la fluidité dans le récit : perspectives 
contemporaines (polyphonie, homogénéité et hétérogénéité dans le style 
contemporain, héritage du courant de conscience...)
● Transpositions et porosité des genres artistiques (d’un genre littéraire à l’autre, du 
texte écrit à la scène ou à l’écran…)
● Nouvelles technologies : nouvelles dynamiques, nouvelles frontières (transformations 
du mode de relation à l’autre et à l’environnement ; développement des humanités 
numériques ; transpositions du texte vers le numérique, comme la transformation d’un 
texte en jeu numérique, Escape Game ou applications diverses, par exemple 
récemment pour les contes de tradition orale)

Quoique non-exhaustifs, les axes thématiques proposés ci-dessus seront privilégiés. 
Cependant, toute proposition pertinente n’entrant pas précisément dans l’un de ces axes sera 
étudiée avec considération. En outre, une communication pourra recouper plusieurs axes.

Modalités d’envoi des propositions

Les propositions de 500 mots maximum (en français ou en anglais), accompagnées d’une bibliographie et d’une courte notice bio-bibliographique devront être envoyées d’ici le 28 février 2023 à l’adresse suivante : frontieresamu@gmail.com.

Merci aux auteur·e·s de préciser leur institution de rattachement, et de nommer leurs fichiers .pdf comme suit : 
NOM_JE.

Nous serons ravi·e·s d’accueillir les propositions de jeunes doctorant·e·s, docteur·e·s et chercheur·euses avec une possible prise en charge partielle des frais de déplacement.

La journée d’étude se déroulera en présentiel le jeudi 20 avril 2023 à Marseille, sur le campus Saint-Charles d’Aix-Marseille Université.

Comité d’organisation :

Clelia Paola DI PASQUALE (doctorante, CIELAM, AMU)
Santa Vanessa CAVALLARI (doctorante, CIELAM, AMU)
Adélie HUGUENIN (doctorante, CIELAM, AMU)

Comité scientifique :
Corinne FLICKER (Maître de Conférences HDR, CIELAM)
Nicole COLIN (Professeure en Études germaniques, ÉCHANGES)
Sara GREAVES (Professeure des Universités, LERMA)


Partenaires institutionnels : CIELAM, ED 354, UFR ALLSH (Aix-Marseille Université).

Bibliographie indicative

AMANIEUX, Laureline, Ce héros qui est en chacun de nous : la puissance des mythes, Paris, 
Albin Michel, 2011.
ANZALDÚA, Gloria, Borderlands / La Frontera. The New Mestiza, San Francisco, Aunt Lute 
Books, 1987.
BACHELARD, Gaston, L’Eau et les Rêves, Paris, Librairie José Corti, coll. Le Livre de Poche, 
1942. 
BAKHTINE, Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman [1975], traduit du russe par Daria Olivier, 
préface de Michel Aucouturier, Paris, Gallimard, coll. Tel, 1978.
BARTHES, Roland, Mythologies, Paris, Éditions du Seuil, 1957.
BAUMAN, Zygmunt, Liquid Modernity, Hoboken, Wiley, 2000.
BOLEN, Jean S., Artemis, l’esprit indomptable pour chaque femme, Paris, Le Courrier du 
Livre, 2018.
BORGIA, Gianpiero Alighiero, et PEDERSOLI Alessandra dir., « A cosa servono, ancora, i 
miti greci? », Engramma, vol. 194, août 2022.
BOURCIER, Marie-Hélène, Queer zones : politiques des identités sexuelles, des 
représentations et des savoirs, Paris, Balland, 2001.
CAMPBELL, Joseph, Les Mythes à travers les âges, Québec, Édition du jour, 1993.
CAMPBELL, Joseph, Puissance du mythe, Paris, Édition Oxus, 2009.
CHIARONI, Keren, “Fluid Philosophy: Rethinking the Human Condition in Terms of the Sea”, 
Performance Research, 21.2, 2016, p. 108-116.
CIXOUS, Hélène, Le Rire de la méduse et autres ironies, Paris, Galilée, 2010.
DERRIDA, Jacques, Le Monolinguisme de l’autre ou la prothèse d’origine, Paris, Galilée, 
1996.
DIDI-HUBERMAN, Georges, Ninfa fluida. Essai sur le drapé-désir, Paris, Gallimard, 2015.
ELIADE, Mircea, Aspects du mythe, Paris, Gallimard, 1963.
FOUCAULT, Michel, « Des espaces autres » [1984], Dits et Écrits, t. II, Paris, Gallimard, 2001.
GODARD, Barbara, « Translating (With) the Speculum », TTR : Traduction, Terminologie, 
Rédaction 4, no 2, 1991, p. 85‑121, https://doi.org/10.7202/037095ar.
HUGLO, Marie-Pascale, « L’art d’enchaîner : la fluidité dans le récit contemporain », Protée,
vol. 34 (n°2-3), 2006.
JUNG, Carl Gustav, KERENYI, Charles, Introduction à l’essence de la mythologie, Paris, 
Petite Bibliothèque Payot, 1953.
KELLMAN, Steven G., The Translingual Imagination, Lincoln, University of Nebraska Press, 
2000.
LIVIA, Anna, et KIRA, Hall, éd., Queerly Phrased: Language, Gender, and Sexuality (Oxford 
Studies in Sociolinguistics), New York, Oxford University Press, 1997.
PLANA, Muriel, Théâtre et féminin, identité, sexualité, politique, Édition Universitaire de Dijon, 
2012.
REYNOLDS, Matthew, Prismatic Translation, Legenda, 2019.
REYNOLDS, Matthew, Minding Borders: Resilient Divisions in Literature, the Body and the 
Academy, co-edited with Nicola Gardini, Adriana Jacobs, Ben Morgan and Mohamed-Salah 
Omri, Legenda, 2017. 
ROSA, Hartmut, Accélération, une critique sociale du temps [2010], trad. de l’allemand par 
Didier Renault, Paris, La Découverte, coll. « Théorie critique », 2013.
ROSA, Hartmut, Résonance, une sociologie de la relation au monde [2016], trad. de 
l’allemand par Sacha Zilberfarb et Sarah Raquillet, Paris, La Découverte, 2018.