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"Claude Ollier : Cent ans de randonnée solitaire", par Christian Rosset (Diacritik.com)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Claude Ollier : Cent ans de randonnée solitaire, par Christian Rosset

en ligne sur Diacritik.com, le 17 décembre 2022

"Claude Ollier – né le 17 décembre 1922 et mort le 18 octobre 2014 – aurait eu 100 ans aujourd’hui. Ses premiers textes, du moins ceux qui ont échappé à la destruction, datent de 1950 et ont été rassemblés dans la première partie de Navettes (recueil de textes brefs publié chez Gallimard dans la collection “Le chemin” en 1967). Son journal de bord (six volumes – trois chez Flammarion, trois chez P.O.L) démarre le 21 janvier 1950 avec ce bref épisode onirique : “Rêve d’une gare. Plutôt que de suivre la route jusqu’aux quais, on coupe à travers champs, puis à travers voies et aiguillages. L’un de nous heurte un levier. De proche en proche, tous les fils métalliques se mettent en branle, nous emprisonnent. Comment s’en délivrer ? C’est une forêt de fils de fer qui nous déchirent les membres. La gare ?  On n’y pense déjà plus.” Et s’achève le 13 avril 2009 avec ce constat : “Pas seulement des douleurs au crâne : le flottement général dans une posture sans répit, précaire, instable, voire dangereuse… Il faudrait qu’une entame excitante comme tombée du ciel déclenche le processus. Ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui, où cette tête égarée commande.” Cahiers des fleurs et des fracas, son dernier livre qu’on dira “de fiction”, bien qu’il défie toute forme de classification, est achevé le 17 décembre 2008, jour de ses 86 ans. Qu’a-t-il fait des six ans (moins deux mois) qui lui restaient à vivre ? Il racontait à ses interlocuteurs qu’il regardait passer les nuages, les merveilleux nuages… Il ne sortait quasiment plus de sa maison où il vivait seul – cette maison rendue singulière par les alliages de couleurs qu’il avait appliquées lui-même sur les murs, et où il jouait Bach et Monk au piano, avant d’aller visionner un film de Fritz Lang ou de David Lynch dans la petite pièce mansardée où il avait rangé ses “archives cinéma”. […]"

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