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Nouvelles représentations de la nature dans la francophonie (Halifax)

Nouvelles représentations de la nature dans la francophonie (Halifax)

Publié le par Esther Demoulin (Source : Christina Brassard)

Nouvelles représentations de la nature dans la francophonie
 
Université Dalhousie
Département d’études françaises
Halifax, Nouvelle-Écosse
Canada
 
Colloque international
13 et 14 octobre 2023

 
Problématique
 
Au sein des sociétés occidentales, la nature a souvent été représentée de façons simpliste, essentialiste et binaire : renvoyant à un féminin et un masculin traditionnels. Pourtant, tout comme les genres, la nature est une construction sociale, une idée que l’on a articulée autour d’une masculinité hégémonique dans les sociétés occidentales – pensons aux représentations québécoises du voyageur, du bucheron ou du draveur, l’homme allant chasser et pêcher dans toute sa virilité, la femme restant au foyer pour préparer son retour. La nature – les arbres, les forêts, les rivières, les océans, les plantes, les animaux, les montagnes – a ainsi été genrée et stéréotypée. 
 
Or, on voit bien depuis quelques années l’aspect subversif de la nature dans les représentations littéraires et culturelles féministes et queer. En effet, on remet en question les aspects binaires qui lui ont été attribués ; on déconstruit les idées préconçues attachées aux espaces ruraux ; la nature n’est plus représentée comme un simple décor d’arrière-plan, mais comme un environnement vivant et divers où des enjeux autres qu’humains ont cours. Les œuvres comme Les vents de Memramcook de Sarah Marylou Brideau (2022), Fif et sauvage de Shayne Michael (2020), Été 85 de François Ozon (2020), le vidéo clip de Lesbian Break-Up Song de Safia Nolin (2019), Roadkill de Lex Vienneau (2019), Cette blessure est un territoire de Billy-Ray Belcourt (2017) ou encore Bleuets et Abricots de Natasha Kanapé Fontaine (2016) repensent notre rapport à la nature. Ces œuvres ouvrent ainsi des pistes fertiles pour ne plus percevoir la nature comme un espace à dominer ou dont les ressources peuvent être exploitées, mais plutôt la concevoir comme un espace de réflexion, un refuge identitaire, un lieu de (ré)création et de découverte, surtout pour les communautés marginalisées. Ces nouvelles dynamiques de représentation bousculent les paradigmes binaires et rendre à la nature sa complexité et ses nuances.  
 
L’ouvrage Québecqueer : le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises (2020) montre l’actualité des recherches sur le queer dans la francophonie. D’une qualité exemplaire, l’ouvrage dresse un panorama exhaustif de différentes thématiques liées à ce champ d’études. Néanmoins, il est précisé dans l’avant-propos que ce panorama est « incomplet » (2020, 26) et que le croisement entre queer et écologie n’a pas été couvert (2020, 26). Bien que la question du croisement entre queer et écologie soit forte d’actualité dans les milieux anglophones, aux États-Unis par exemple (voir Christ 2006, Mortimer-Sandilands 2010, Barad 2011, Gandy 2012, Seymour 2013, Lousley 2014 et See 2020), elle est presque absente dans la francophonie. Il convient donc à présent de combler ce manque en ouvrant les discussions sur le sujet. Il est temps de voir la manière dont certaines représentations de la nature dans la francophonie sont féministes et queer. Analyser les œuvres ou les discours francophones qui dérangent les points de vue traditionnels sur la nature est important, car, comme le constate Nicole Seymour dans Strange Natures: Futurity, Empathy, and the Queer Ecological Imagination, « queer literature is environmental literature for how it grapples with the natural » (2013, 180).
 
Cette perspective peut également servir de tremplin à l’exploration de diverses problématiques contemporaines : du corps aux émotions en passant par la sexualité ; du care à la transculturation en passant par les enjeux autochtones ou environnementaux. À l’aune des multiples crises (climatiques et sociales) qui façonnent le présent, le rapport à l’avenir et l’horizon des possibles doivent être repensés. Au sein des diverses sciences humaines qui étudient la nature, de la psychologie à la sociologie et à l’anthropologie, qu’est-ce que, de leurs côtés, les études francophones peuvent nous révéler à travers les multiples représentations de la nature que les littératures, les cultures ou les discours évoquent ? C’est cette présence littéraire et médiatique de la nature qui pourrait être éclairée ici de façon plus profonde. 
 
Voici une liste non limitative des sujets qui pourraient être abordés :
 
Écoféminisme
Queer et écologie
Les changements climatiques
Nature vs culture 
Corps naturel
Espaces ruraux queer
(R)évolutions
Nouvelles masculinités 
Littératures autochtones des femmes 
Littérature Two-Spirit 
Solastalgie : retraite, isolement, solitude
Le respect, la vénération des animaux
Linguistiques : le pouvoir des mots 
Outdoors au féminin / les femmes chassent 
Nature comme lieu de pouvoir pour les marginalisés
Cultures matrilinéaires vs lectures occidentales de la nature 
Masculinités et sports de nature 
Écriture subversive : transgression et performativité 
Le soin et l’environnement
La nature d’un point de vue transculturel 
Corps, cœur et esprit : la nature, notre nature, notre matrice 
Fluidité identitaire : au-delà des catégories binaires coloniales
Le deep time
Intérieur/Extérieur
 
Responsables du colloque 
 
Christina Brassard – christina.brassard@dal.ca (Université Dalhousie)
Sophie Beaulé – sophie.beaule@smu.ca (Université Saint Mary’s)
 
Date limite pour l’envoi des propositions (250-300 mots) : le 15 avril 2023
 
Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message du comité organisateur du colloque avant le 15 mai 2023 les informant de leur décision. Nous aimerions créer un dossier de publication thématique en lien avec le colloque international. 
 
 
Bibliographie
 
Barad, Karen. “Nature's queer performativity.” Qui Parle : Critical Humanities and Social Sciences 19.2 : 
121-158, 2011.
Beauvoir, Simone de. Le deuxième sexe. Paris, Gallimard, 1949 [2e éd. : 1986].
Blanc, Guillaume, L’invention du colonialisme vert, Paris : Flammarion, 2020.
Blanc, Nathalie, Denis Chartier et Thomas Pughe . « Littérature et écologie : vers une 
écopoétique », Écologie & politique, n° 36, 2008.
Boisclair, Isabelle, Pierre-Luc Landry, and Guillaume Poirier Girard. QuébeQueer: le queer dans les 
productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises. Les Presses de l'Université de Montréal, 2020.
Boucher, James, and Cynthia Laborde. "Nature, environnement et écologie: pour une approche 
écocritique de la littérature francophone." Alternative francophone 2.4 : 1-5, 2019.
Boutant, Juliette. Les Crocodiles sont toujours là. Casterman, 2019. 
Burgart Goutal Jeanne. Être écoféministe. Théories et pratiques. Paris, L’échappée, 2020.
Callon, Michel, Pierre Lascoumes et Yves Barthes. Agir dans un monde incertain. Paris, Seuil, 2001.
Christ, Carol P. “Ecofeminism and process philosophy.” Feminist Theology 14.3: 289-310, 2006.
Cukierman, Leila, Gerty Dambury et Françoise Vergès, Décolonisons les arts !, Paris : L’Arche, 2018.
Dambre (Marc) et Gosselin-Noat (Monique), L’Éclatement des genres au XXe siècle, Paris, Presses de la 
Sorbonne nouvelle, 2001.
Dubreuil, Catherine-Marie. "L'antispécisme, un mouvement de libération animale." Ethnologie française
39.1 : 117-122, 2009.
Falquet, Jules et autres. Écologie : quand les femmes comptent. Paris, Collection « Femmes et changements 
», L’Harmattan, 2002.
Ferdinand, Malcolm, Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris: Seuil, 2019.
Gandon, Anne-Line. "L’écoféminisme : une pensée féministe de la nature et de la société." Recherches 
féministes, volume 22, number 1, p. 5–25, 2009.
Gandy, Matthew. "Queer ecology: Nature, sexuality, and heterotopic alliances." Environment and 
Planning D: Society and Space 30.4 (2012): 727-747.
Héritier, Françoise. Masculin/féminin: la pensée de la différence. Odile Jacob, 1996.
Hartford, Jason. “Towards a Queer Ecology. Science and Nature in ‘Un Ruban Noir’ (Vincent 
Borel, 1995).” Revue Critique de Fixxion Française Contemporaine/Critical Review of Contemporary French Fixxion, vol. 12, 2016, pp. 34–43. 
Jandey, Brigitte. Écrire l'indicible: écriture subversive, écriture affective, écriture du corps: les facettes de l'écriture 
féminine. Lambert Academic Publishing, 2009.
Lévi-Strauss, Claude. « L'analyse structurale en linguistique et en anthropologie ». Anthropologie 
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Lousley, Cheryl. “A Feminist Carnivalesque Ecocriticism: The Grotesque Environments of Barbara 
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Mortimer-Sandilands, Catriona, and Bruce Erickson. Queer ecologies : Sex, nature, politics, desire. Indiana 
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Moscovici, Serge. « De la Nature. Pour Penser L’ecologie », Paris, Éditions Métailié, 2002.
Naess, Arne, Ecosophie pour la vie. Introduction à l’écologie profonde, Paris : Seuil, 2017.
Posthumus, Stéphanie. "Écocritique et ecocriticism. Repenser le personnage écologique." La pensée 
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Schaeffer, Jean-Marie. Petite Écologie des études littéraires : pourquoi et comment étudier la littérature, 
Vincennes, Thierry Marchaise, 2011, p. 119-121.
See, Sam, et al. Queer Natures, Queer Mythologies. Fordham University Press, 2020.
Seymour, Nicole. Strange Natures: Futurity, Empathy, and the Queer Ecological Imagination. University of 
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Vignola, Gabriel. "Écocritique, écosémiotique et représentation du monde en littérature." Cygne 
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Wa’Thiongo, N’Gugi, Décoloniser l’esprit, Paris : Heinemann Education Books, 1986.
Zabus, Chantal. “Matière Africaine et Théorie Queer: Une Interpénétration Nécessaire.” Queer: 
Ecritures de La Différence? Volume 1: Autres Temps, Autres Lieux, edited by Pierre Zoberman, Éditions L’Harmattan, 2008, pp. 261–80. 
Zipes (Jack David), Les Contes de fées et l’art de la subversion : étude de la civilisation des mœurs à travers un 
genre classique, la littérature pour la jeunesse, traduit de l’anglais par François Ruy-Vidal, Paris, éd. Payot & Rivages, Collection « Petite bibliothèque » Payot, 2007.