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Pensées du Grand océan : mythes et mythifcations dans l'océan Indien

Pensées du Grand océan : mythes et mythifcations dans l'océan Indien

Publié le par Esther Demoulin (Source : Elisa Huet)

Colloque international

Pensées du Grand océan : mythes et mythifications dans l’océan Indien

La Réunion, 8-10 novembre 2023

Guilhem Armand, Élisa Huet, Jean-Claude Carpanin Marimoutou (org.)

DIRE – LCF – OSOI 




Dans ses Révélations du grand océan, le Réunionnais Jules Hermann esquisse un passé commun reliant la Réunion, les Mascareignes, Madagascar, ou encore l’Inde. L’océan Indien est ainsi conçu comme un continent autrefois habité et pratiqué par une civilisation dite lémurienne. Si ce mythique continent est désormais enfoui dans les profondeurs de l’océan, suite à une catastrophe géologique sans précédent, des traces de ce passé lémurien seraient encore décelables de façon fragmentaire dans les paysages des Mascareignes et à traquer dans les plis de nos langues peuplées de spectrales racines proto-malgaches. Ces volumes fondateurs pour une pensée du « grand océan », ne restèrent pas lettres mortes trouvant des émules dans l’île sœur, comme en témoigne ce « texte oraculaire » (Mathieu-Job ; Joubert) qu’est le Petrusmok de Malcolm de Chazal ou encore Les méditations du bienheureux Pierre Flandre de Robert-Edward Hart. 

Dans un article datant de 1976, Jean-Louis Joubert appelait à entreprendre l’étude systématique des constructions lémuriennes telles qu’elles se déclinent chez Jules Hermann, Robert-Edward Hart, Malcolm de Chazal ou, selon lui, chez Bernardin de Saint-Pierre dont il pressent les prémisses lémuriens dans ses Harmonies de la Nature. La volonté d’explorer les mythes sur lesquels repose l’océan Indien est à l’origine de ce colloque. Il s’agit à la fois de relancer le programme proposé par Jean-Louis Joubert en explorant les ramifications contemporaines de ces mythes et la cartographie des imaginaires qu’elles permettent d’établir, mais aussi d’étendre cette « étude systématique des constructions » aux mythes portant sur l’océan Indien ou ayant une genèse indiaocéanique, s’ancrant dans cet espace civilisationnel. Les propositions pourront ainsi porter sur les ramifications de ce mythe dans l’imaginaire et l’écriture contemporaine : Boris Gamaleya et ses rivages lémuriens, les courbes féminines du relief mauricien sous la plume d’Ananda Devi et de Nathacha Appanah dans la droite ligne des descriptions chazaliennes… 

La prospérité d’une telle pensée — lémurienne — s’illustre par des entreprises littéraires et picturales. La récente réédition au corridor bleu des Révélations du Grand océan par l’hermannologue, selon sa propre définition, Nicolas Gérodou est exemplaire d’une Lémurie travaillant toujours les imaginaires et la pensée insulaire. L’existence de l’INcyclopédie consacrée à l’histoire — mythique — du « continent réunionnais » témoigne de la fécondité et de l’empreinte de ce mythe dans l’imaginaire contemporain. Il est encore possible de mentionner la revue Lettres de Lémurie. Réunissant des auteurs du Sud-Ouest de l’océan Indien, celle-ci ancre les auteurs et les lieux dans cette pensée mythique et fédératrice. La Lémurie devient ainsi une terre d’amarres littéraires et un ferment pour ces productions. Les éditeurs mentionnent parmi les principes de publication cette règle sans équivoque : « toutes les langues lémuriennes sont acceptées avec une traduction française ». Est ainsi immédiatement posée l’idée que l’océan Indien fait continent, permettant de penser un « continent littéraire » sous le lémurien patronage de Jules Hermann. La littérature de l’océan Indien — pour le moment le Sud-ouest de celui-ci — se voit ainsi dotée d’une origine tout aussi mythique. Dans une perspective sensiblement différente, mais tout aussi parlante, les deux volumes de la bande dessinée Voyages en Lémurie ont leur couverture ornée d’un portrait de Jules Hermann. Les recherches portant sur les lignes éditoriales, l’aspect fécond et fondateur de ce mythe dans les entreprises littéraires, artistiques, cinématographiques font partie des axes que les organisateurs de ce colloque invitent à étudier.

La Lémurie, telle que l’a élaborée Jules Hermann, s’est théorisée au confluent d’héritages, de mythes, de pensées et de notions. Elle dérive sans doute du Kumari Nadu ou Kumari Kandam — expression faisant référence à la plus grande partie des terres du pays tamoul désormais enfouie sous les eaux de l’océan Indien —, dialogue avec le mythe d’Atlantide, celui du continent de Mu ou du Gondwana et semble bien constituer un avatar de la Terre Australe. Autant de mythes qui portent sur et naissent dans l’océan Indien, et que ce colloque se propose d’explorer. Nous invitons à penser les mythes témoignant d’une pensée de l’océan Indien ou participant à constituer l’océan Indien comme un espace pensable et/ou habitable. Les mythes « d’avant les origines dans l’île » (Matiti-Picard) et ceux faisant de l’océan Indien une genèse pour le lieu et les humains doivent être envisagés. Un accent particulier pourra être mis sur les mythes portant sur l’espace marin. Les hylogénies marines en tout genre nées de et/ou dans l’océan Indien appartiennent aux éléments que ce colloque souhaite permettre d’envisager. Comment cet espace fait-il fondation ? Comment se construit un espace mythique, mythifié ou en voie de mythification ? Nous invitons à croiser les regards sur les mythes de et dans l’océan Indien depuis l’ensemble des littoraux et des lieux autour de cet espace. Les contributeurs de tous les rivages sont ainsi invités à penser ce qui fait mythe dans cet espace marin et civilisationnel. Comment se cristallise une pensée mythique du « oldest human ocean » ? Un des objectifs de ces rencontres sera de tracer une cartographie mythique et des mythes de l’océan Indien. Seront ainsi interrogés les itinéraires des mythes et encouragée toute recherche à caractère généalogique portant sur les origines d’une pensée mythique. Si le comparatisme entre différents supports d’expression de ces pensées mythiques ou en voie de mythification est à envisager, une attention particulière pourra être donnée aux déclinaisons d’un même mythe et à ses variations d’un rivage à l’autre de l’océan Indien. Il s’agira aussi d’interroger au prisme de la Lémurie la généalogie de projets littéraires, comme celui forgé par le critique littéraire Camille de Rauville : Quelle épistémologie indiaocéanique avant la lettre proposait Jules Hermann ? Comment a-t-il pu participer à constituer une pensée indiaocéanique depuis les îles créoles de l’océan Indien ? À quel point ce mythe a-t-il façonné la pensée « indianocéanique » de Camille de Rauville ?

Les propositions pourront s’orienter vers des mythes davantage ancrés dans les terres en pensant leur rapport à l’océan Indien. Ce mythe sous serre que Michelle Warren relève et qualifie de « creole medievalism », né dans la société coloniale blanche de l’île de la Réunion, alors Bourbon, se cristallisant autour de la figure de Jospeh Bédier ou la pensée de Léoville Lhomme et du rapport de ce « poème ambitieux » que fut Le Rock de Cirné à l’océan Indien constituent autant de pistes que nous invitons à explorer. Les excursus vers les mythes ou pensées à caractère mythifiant dans des espaces spécifiques (Mascareignes, Réunion, Maurice, Tamil Nadu, Madagascar…) sont encouragés afin de saisir le foisonnement que suscite l’océan Indien. Nous invitons les perspectives comparatistes au sein de l’océan Indien mais aussi entre les différents océans. Toutes les démarches visant à faire entrer en dialogue ou à négocier la spécificité d’un mythe ou, au contraire à mettre l’accent sur l’irréductible particularisme d’une pensée s’inscrivent dans la perspective de recherche de ce colloque. Tout ce qui fait de l’océan Indien un espace mythique – ou en voie de mythification – pourra être envisagé, aussi bien à travers la question du lieu et des espaces que celle des êtres vivants : habitants réels ou imaginés, créatures spécifiques à cet espace, terrestres ou maritimes.  

Les contributions sont ouvertes à toutes les disciplines et aux perspectives pluri/transdiciplinaires. Les langues d’expression du colloque sont l’anglais et le français. 



Trois axes, sans pour autant qu’ils soient restrictifs, sont au cœur de ce colloque  : 



Axe 1 : La Lémurie 

Ce premier axe est consacré à l’étude de La Lémurie et de sa fortune, ses avatars/cousins et ses ancêtres (plus ou moins directs) : Atlantide, Terres Australes, Kumari Kandam, Mu, Gondwana… Au-delà des pistes suggérées dans l’argumentaire de cet appel, pourront être interrogées la genèse d’un tel mythe, ses implications, ses résurgences contemporaines, son influence dans la trame des conceptions et concepts modernes, ses déclinaisons d’un lieu à l’autre, d’une idiosyncrasie à l'autre  (Jules Hermann, Malcolm de Chazal, Robert Edward-Hart…), mais aussi d’un support à l’autre (peinture, récit, ligne éditoriale…). Les perspectives comparées entre la Lémurie et des mythes fondés sur des catastrophes géologiques pourront être questionnés. L’accent pourra être mis sur la particularité de ce mythe et sa résonance indiaocéanique. Comment ce mythe permet-il de penser l’océan Indien comme espace commun ? Quels enjeux sert-il (à l’époque de Jules Hermann, de façon contemporaine) ? Comment l’océan Indien fait-il fondation ? Les propositions pourront aussi porter sur le langage mythique que Jules Hermann s’efforce de révéler et de répertorier dans ses Révélations.



Axe 2 : Les mythes dans l’océan Indien

Ce deuxième axe invite à explorer le réservoir mythique de l’océan Indien. Si les études pourront porter sur les mythes ancrés dans les terres : la prégnance du mythe de l’éden dans le discours contemporain sur les îles, la robinsonnade actualisée dans l’océan Indien ou le mythe de Libertalia, l’idée sera aussi de penser une approche des mythes qui ne sera pas exclusivement « earth-centred ». Dans cette perspective, les propositions pourront porter sur les mythes marins et sous-marins : hylogénies océaniques, êtres mi-humain mi-animal marin, l’océan comme espace mythique, la façon dont l’océan s’institue en espace mythique des origines. Tentant de cerner les mythes de et dans l’océan Indien, un intérêt particulier sera accordé aux passages et migrations des mythes entre les lieux, les imaginaires et les époques. Dans un espace marqué par les migrations passées et contemporaines, la question du rapport entre mythe et fondation (la volonté de donner une origine mythique à un lieu, un espace ou à une communauté) dans l’océan Indien et les sociétés de l’océan Indien est aussi une piste à envisager. Enfin, il s’agira d’interroger et de réinterroger des mythes et des figures mythiques à l’aune des théories contemporaines (écopoétique, zoopoétique…).



Axe 3 : Mythes et perspectives contemporaines 

Enfin, ce dernier axe tend à interroger les enjeux contemporains des mythes. Que disent ces mythes et leur permanence dans nos sociétés (celles qui se disent civilisées, rationnelles etc…) ? Produisons-nous encore des mythes ? Les propositions pourront porter sur l’étude des mythifications passées et contemporaines, favorisant des réflexions plus centrées sur le processus (création poétique, portée anthropologique). Les enjeux politiques des mythes et le rapport entre mythe et religion constituent autant d’éléments que se propose d’envisager cet axe. Les études pourront aussi porter sur la dimension créatrice et fédératrice de ces mythes, sur le rapport mythe/idéologie, mythification/réification, histoire/mythe… Que disent ces mythes de l’océan Indien et de ses sociétés ? Qui, dans cet océan, rédige des mythes ? Quand est-ce que certains mythes deviennent ceux de tous (au moins à l’échelle d’une île) ?



Soumission des propositions :

Les propositions de communications (une page, bibliographie comprise) sont à envoyer avant le 26 mars 2023 à l’adresse suivante : penseesdugrandocean@gmail.com

La réponse du comité scientifique sera fournie par le comité scientifique à la fin du mois d’avril.



Prolongement :

Le colloque, qui sera accompagné de conférences grand-public et d’une exposition artistique sur ses thèmes, s’inscrit aussi dans le projet d’écriture d’un ouvrage collectif aux Presses Universitaires Indianocéaniques (PUI). 


Comité scientifique :

Mounir Allaoui, Université de la Réunion/ESA Réunion
Markus Arnold, University of Cape Town
Guilhem Armand, Université de la Réunion
Serge Bouchet, Université de la Réunion
Corinne Duboin, Université de la Réunion
Fabrice Folio, Université de la Réunion
Nicolas Gérodou, ESA Réunion
Élisa Huet, Université de la Réunion
Bernard Idelson, Université de la Réunion
Bénédicte Letellier, Université de la Réunion
Françoise Lionnet, Harvard University
Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo, Université de la Réunion
Carpanin Marimoutou, Université de la Réunion
Grégoire Molinatti, Université de la Réunion
Vijaya Rao, Jawaharlal Nehru University



 Bibliographie


- Adde, Amélie, Norbert Dodille & Vilasnee Tampoe-Hautin (dir.), Mondes Parallèles dans les espaces coloniaux XVIe-XXIe siècles. Regards croisés dans le monde indiano-océanique: histoire, patrimoine, fiction, Paris, L’Harmattan, 2013.
- Aït Aarab, Mohamed, Eileen Wanquet (dir.), Repenser les mythes fondateurs et l’écriture de l’histoire dans l’espace Océan Indien, Saint-André, Océan Éditions, 2012.
- Armand, Guilhem, « Du Mythe imposé à la mythographie revendicatrice : le cas du mythe de Libertalia, entre Histoire et mystification littéraire », Repenser les mythes fondateurs et l’écriture de l’histoire dans l’espace Océan Indien, Eileen Wanquet et Mohamed Aït Aarab (dir.), Saint-André, Océan Éditions, 2012, pp. 37-47.
- - - - - - - - - - - - - - , « Defoe et la flibuste : rendre compte ou faire des contes ? », in : Témoigner : flibuste, piraterie et autres courses (Cahiers Réforme et Contre-Réforme, no 11), Danièle Berton (dir.) Presses Universitaires Blaise Pascal, 2015, pp. 159-172.
- Beniamino, Michel, « Camille de Rauville et l’Indianocéanisme », in Kumari R. Issur et al., L’océan Indien dans les littératures francophones, Paris, Karthala, 2002, pp. 85-105.
- De Rauville, Camille, Littératures francophones de l’océan Indien, Saint-Denis Réunion, Éditions du tramail, 1990.
- Furlong, Robert, « Introduction à l’œuvre du Mauricien Léoville L’Homme à partir des notes introductives au poème Le Rock de Cirné », Continents manuscrits [En ligne], 6 | 2016, mis en ligne le 31 octobre 2016, consulté le 19 avril 2019.  
- Galibert, Nivoelisoa, « Daniel Defoe, le rêve pirate et l’océan Indien : un siècle de distorisions (1905-1998) », in : Les Tyrans de la mer. Pirates, corsaires et flibustiers, Sylvie Requemora et Sophie Linon-Chipon (dir.), Paris-Québec, Presses de l’Université Paris-Sorbonne – CLAT, 2002, pp. 265-281.
- Girault-Fruet, Arlette, Les Voyageurs d’îles. Sur la route des Indes aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Editions Classiques Garnier, 2010.
- Hofmeyr, Isabel, Charne Lavery, « Exploring the Indian Ocean as a rich archive of history – above and below the water line », The conversation, 7 June 2020.
- Joubert, Jean-Louis, « Pour une exploration de la Lémurie. Une mythologie littéraire de l’Océan Indien, Annuaire des Pays de l’Océan Indien, Paris, 1976, pp. 51-64. 
- Kee Mew, Evelyn, « Le mauricianisme et l’indianocéanisme : deux projets de définition de la littérature mauricienne », Loxias-Colloques, 2013.
- Magdelaine, Valérie, Jean-Claude Carpanin Marimoutou (dir.), Littératures et fondations, Paris, L’Harmattan, Études créoles vol.XXVII n°1 et 2, 2004, pp.17-38.
- Magdelaine-Andrianjafitrimo, Valérie, Marimoutou Jean-Claude Carpanin & Terramorsi, Bernard (éd.), Démons et merveilles. Le surnaturel dans l’Océan Indien, Océan Editions, Saint-André, Université de La Réunion, 2005.
- Marimoutou, Jean-Claude Carpanin, « La Lémurie : un rêve, une langue », in  Racault, Jean-Michel (dir.), Ailleurs imaginés : littérature, histoire, civilisations, Cahiers CRLH-CIRAOI n°6, Sainte-Clotilde, Université de la Réunion/Diffusion Didier — Érudition, 1990, pp.121-132.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -, « Antiquité mondes créoles », Journée de l’Antiquité et des Temps anciens 2014-2015, Facultés des lettres et sciences humaines, Apr 2015, Saint-Denis, La Réunion. pp.151–158.
- Mathieu, Martine, « Sur une Lémurie engloutie, les révélations du Grand Océan Indien », in Mondes perdus, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 1991, pp. 125-137.
- Matiti-Picard, Marie-Josée, « Une rêverie des origines : Les Révélations du Grand Océan de Jules Hermann », in Marimoutou Jean-Claude Carpanin & Valérie Magdelaine (coord.), Littératures et fondations, Paris, L’Harmattan, Études créoles vol. XXVII n°1 et 2, 2004, pp. 117-138.
- Racault, Jean-Michel, « Les origines du mythe insulaire indianocéanique » in Paola Carile (dir.) Sulla via delle Indie Orientali. Aspetti della francofonia nell’Oceano Indiano, Fasano/Paris, Schena - Nizet, 1995, pp.45-72.
- - - - - - - - - - - - - -, Mémoires du Grand Océan. Des relations de voyages aux littératures francophones de l’océan Indien, Paris, PUPS, 2007.
- Ramaswamy, Sumathi, The Lost Land of Lemuria. Fabulous Geographies, Catastrophic Histories, London, University of California Press, 2004.
- Sambo Claude, Bernard Terramorsi, Les filles des eaux dans l’océan Indien. Mythes, récits, représentations, Paris, L’Harmattan/ Université de la Réunion, 2010.
- Warren, Michelle R., Creole Medievalism. Colonial France and Joseph Bédier’s Middle Ages, Minneapolis/London, University of Minnesota Press, 2011.




 International Conference

Thoughts of the Great Ocean : myths and mythifications in the Indian Ocean

Reunion Island, November 8-10, 2023

Guilhem Armand, Élisa Huet, Jean-Claude Carpanin Marimoutou (org.)

DIRE – LCF – OSOI 




In his Révélations du Grand Océan, the Reunionese Jules Hermann sketches a common past linking Reunion, the Mascarenes, Madagascar, and India. The Indian Ocean is thus conceived as a continent formerly inhabited and practiced by a civilization known as Lemurian. If this mythical continent is now buried in the depths of the ocean, following an unprecedented geological catastrophe, traces of this Lemurian past would still be detectable in a fragmentary way in the landscapes of the Mascarenes and to be traced in the folds of our languages populated by spectral proto-Malagasy roots. These founding volumes for a thought of the "great ocean", did not remain dead letters finding emulators in the sister island, as testifies this "oracular text" (Mathieu-Job; Joubert) that is the Petrusmok of Malcolm de Chazal or Les méditations du Bienheureux Pierre de Flandre of Robert-Edward Hart. 

In an article dating from 1976, Jean-Louis Joubert called for a systematic study of Lemurian constructions as they are found in Jules Hermann, Robert-Edward Hart, Malcolm de Chazal or, according to him, in Bernardin de Saint-Pierre, whose Lemurian premises he sensed in his Harmonies de la Nature. The will to explore the myths on which the Indian Ocean is based is at the origin of this conference. The aim is to revive the program proposed by Jean-Louis Joubert by exploring the contemporary ramifications of these myths and the cartography of the imaginary that they allow to establish, but also to extend this "systematic study of constructions" to myths about the Indian Ocean or having an Indian Oceanic genesis, anchored in this civilizational space. Proposals could thus focus on the ramifications of this myth in the imagination and contemporary writing : Boris Gamaleya and his Lemurian shores, the feminine curves of the Mauritian relief under the pen of Ananda Devi and Nathacha Appanah in the straight line of Chazalian descriptions... 

The prosperity of such a thought — Lemurian — is illustrated by literary and pictorial enterprises. The recent republication by the Corridor bleu of the Révélations du Grand Océan by the hermannologist, according to his own definition, Nicolas Gérodou is exemplary of a Lemuria always working the imaginary and the insular thought. The existence of the INcyclopedie devoted to the history — mythical — of the "Reunion continent" testifies to the fecundity and the imprint of this myth in the contemporary imagination. It is still possible to mention the magazine Lettres de Lémurie. Bringing together authors from the southwestern Indian Ocean, the journal anchors the authors and places in this mythical and unifying thought. Lemuria thus becomes a land of literary moorings and a ferment for these productions. Among the principles of publication, the editors mention this unequivocal rule: "all Lemurian languages are accepted with a French translation". The idea that the Indian Ocean is a continent is thus immediately established, allowing us to think of a "literary continent" under the patronage of Jules Hermann. The literature of the Indian Ocean — for the moment the South-West of it — is thus endowed with an equally mythical origin. From a slightly different perspective, but in a very speaking way, the two volumes of the comic book Voyages en Lémurie have their cover decorated with a portrait of Jules Hermann. The research on the editorial lines, the fertile and founding aspect of this myth in the literary, artistic and cinematographic enterprises are part of the axes that the organizers of this conference invite to study.  

Lemuria, as elaborated by Jules Hermann, has been theorized at the confluence of heritages, myths, thoughts and notions. It undoubtedly derives from Kumari Nadu or Kumari Kandam — an expression referring to the largest part of the land of the Tamil country now buried under the waters of the Indian Ocean —, dialogues with the myth of Atlantis, that of the continent of Mu or of Gondwana and seems to constitute an avatar of the Southern Land. So many myths that are about and born in the Indian Ocean, and that this conference proposes to explore. We invite you to think about the myths that bear witness to a thought of the Indian Ocean or that participate in constituting the Indian Ocean as a thinkable and/or habitable space. The myths "from before the origins in the island" (Matiti-Picard) and those making of the Indian Ocean a genesis for the place and the humans must be considered. Particular emphasis may be placed on myths concerning the marine space. The marine hylogenies of all kinds born of and/or in the Indian Ocean belong to the elements that this conference wishes to consider. How does this space form a foundation ? How is a mythical, mythologized or mythologizing space constructed ? We invite to cross the glances on the myths of and in the Indian Ocean from the whole of the littorals and the places around this space. Contributors from all shores are thus invited to think about what makes myth in this marine and civilizational space. How does a mythical thought of the "oldest human ocean" crystallize ? One of the objectives of these meetings will be to draw a mythical cartography and myths of the Indian Ocean. The itinerary of the myths will thus be questioned and any research of a genealogical nature on the origins of a mythical thought will be encouraged. If comparisons between different media of expression of these mythical thoughts or in the process of mythification are to be envisaged, particular attention will be given to the variations of the same myth from one shore to the other of the Indian Ocean. It will also be a matter of questioning the genealogy of literary projects, such as the one forged by the literary critic Camille de Rauville, through the prism of Lemuria : What Indian Oceanic epistemology did Jules Hermann propose before the letter ? How could he participate in the constitution of an indiaoceanic thought from the creole islands of the Indian Ocean ? To what extent did this myth shape Camille de Rauville's "Indian Oceanic" thinking ?

Proposals could be oriented towards myths that are more rooted in the land by thinking about their relationship to the Indian Ocean. This myth under glass that Michelle Warren identifies and describes as "creole medievalism", born in the white colonial society of the island of Reunion, then Bourbon, crystallizing around the figure of Jospeh Bédier or the thought of Léoville Lhomme and the relationship of this "ambitious poem" that was Le Rock de Cirné to the Indian Ocean are all avenues that we invite to explore. Excursus towards myths or thoughts of a mythifying nature in specific spaces (Mascarene Islands, Reunion Island, Mauritius, Tamil Nadu, Madagascar...) are encouraged in order to grasp the abundance that the Indian Ocean gives rise to. We invite comparative perspectives within the Indian Ocean but also between the different oceans. All approaches aiming to bring into dialogue or to negotiate the specificity of a myth or, on the contrary, to emphasize the irreducible particularism of a thought are part of the research perspective of this conference. Everything that makes the Indian Ocean a mythical space — or in the process of being mythified — can be considered, as much through the question of place and space as through the question of living beings : real or imagined inhabitants, creatures specific to this space, whether land or sea.  

Contributions are open to all disciplines and to multi/transdisciplinary perspectives. The languages of expression of the conference are English and French. 


Three axes, without being restrictive, are at the heart of this conference: 


Axis 1 : Lemuria 

This first axis is devoted to the study of Lemuria and its fortune, its avatars/cousins and its ancestors (more or less direct) : Atlantis, Austral Lands, Kumari Kandam, Mu, Gondwana... Beyond the tracks suggested in the argument of this call, could be questioned the genesis of such a myth, its implications, its contemporary resurgences, its influence in the weave of modern conceptions and concepts, its declensions from one place to another, from one idiosyncrasy to another (Jules Hermann, Malcolm de Chazal, Robert Edward-Hart... ), but also from one medium to another (painting, narrative, editorial line...). Comparative perspectives between Lemuria and myths based on geological catastrophes may be questioned. Emphasis may be placed on the particularity of this myth and its Indian Oceanic resonance. How does this myth allow us to think of the Indian Ocean as a common space ? What issues does it serve (in Jules Hermann's time, in a contemporary way) ? How does the Indian Ocean form a foundation ? Proposals may also focus on the mythical language that Jules Hermann strives to reveal and list in his Revelations.


Axis 2 : Myths in the Indian Ocean

This second axis invites us to explore the mythical reservoir of the Indian Ocean. While the studies may focus on myths rooted in the land : the prevalence of the myth of Eden in contemporary discourse on the islands, the robinsonnade updated in the Indian Ocean or the myth of Libertalia, the idea will also be to think of an approach to myths that is not exclusively « earth-centred ». In this perspective, the proposals could focus on marine and underwater myths : oceanic hylogenies, half-human half-sea animal beings, the ocean as a mythical space, the way in which the ocean institutes itself as a mythical space of origins. Attempting to identify the myths of and in the Indian Ocean, particular interest will be given to the passages and migrations of myths between places, imaginations and times. In a space marked by past and contemporary migrations, the question of the relationship between myth and foundation (the will to give a mythical origin to a place, a space or a community) in the Indian Ocean and the societies of the Indian Ocean is also an avenue to consider. Finally, we will question and reinterpret myths and mythical figures in the light of contemporary theories (ecopoetics, zoopoetics, etc.).


Axis 3 : Myths and contemporary perspectives 

Finally, this last axis tends to question the contemporary stakes of myths. What do these myths say and their permanence in our societies (those that call themselves civilized, rational, etc.) ? Do we still produce myths ? Proposals may focus on the study of past and contemporary myth-making, favoring reflections more centered on the process (poetic creation, anthropological significance). The political stakes of myths and the relationship between myth and religion are also elements that this axis proposes to consider. Studies may also focus on the creative and unifying dimension of these myths, on the relationship between myth and ideology, mythification and reification, history and myth... What do these myths say about the Indian Ocean and its societies ? Who, in this ocean, writes myths ? When do some myths become those of all (at least on the scale of an island)?




Proposal submission :

Paper proposals (one page, including bibliography) should be sent by March 26, 2023 to :  penseesdugrandocean@gmail.com

The response from the scientific committee will be provided by the end of April 2023.


Extension :

The colloquium, which will be accompanied by conferences for the general public and an art exhibition on its themes, is also part of a project to write a collective work by the Presses Universitaires Indianocéaniques (PUI). 


Scientific Committee :

Mounir Allaoui, Université de la Réunion/ESA Réunion
Markus Arnold, University of Cape Town
Guilhem Armand, Université de la Réunion
Serge Bouchet, Université de la Réunion
Corinne Duboin, Université de la Réunion
Fabrice Folio, Université de la Réunion
Nicolas Gérodou, ESA Réunion
Élisa Huet, Université de la Réunion
Bernard Idelson, Université de la Réunion
Bénédicte Letellier, Université de la Réunion
Françoise Lionnet, Harvard University
Valérie Magdelaine-Andrianjafitrimo, Université de la Réunion
Carpanin Marimoutou, Université de la Réunion
Grégoire Molinatti, Université de la Réunion
Vijaya Rao, Jawaharlal Nehru University