Questions de société
Bertrand Tillier, La disgrâce des statues. Essai sur les conflits de mémoire, de la Révolution française à Black Lives Matter

Bertrand Tillier, La disgrâce des statues. Essai sur les conflits de mémoire, de la Révolution française à Black Lives Matter

Publié le par Marc Escola

De la Révolution française jusqu’au mouvement Black Lives Matter, en passant par la chute du communisme dans les pays de l’Est, les exactions des talibans, les révoltes des Printemps arabes et la remise en question des partisans de l’esclavagisme et du colonialisme, les sociétés n’ont cessé de maltraiter les statues des « grands hommes » que l’Histoire leur avait léguées. Ces dégradations dessinent une généalogie de la contestation doublée d’une géographie des passions citoyennes.

L’auteur s’interroge ici sur la place des statues dans l’espace public, les motifs de leur vénération comme de leur rejet, les conflits de mémoire qu’elles engendrent, le large spectre des actions perpétrées contre elles (graffiti, empaquetage, destruction, déboulonnage, transferts...), ainsi que sur la dimension symbolique de ces « vandalismes » et la fabrique d’événements désormais médiatisés et mondialisés.
Un essai d’histoire culturelle et sociale d’une actualité brûlante et à la perspective transnationale qui nous invite à réfléchir à l’avenir de ces figures d’un passé qui ne passe plus.

Professeur d’histoire de l’art à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur des Éditions de la Sorbonne, Bertrand Tillier s’intéresse à la vie publique et politique des images et des objets visuels des XIXe et XXe siècles. Il est l’auteur de Dérégler l’art moderne. De la caricature au caricatural au XIXe siècle (2021) ; Caricaturesque. La caricature en France, toute une histoire… (2016) ; Vues d’atelier, une image de l’artiste, de la Renaissance à nos jours (2014).

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"La vie sociale des statues", par Thierry Bonnot (en ligne le 5 décembre 2022).

Depuis le début de cette décennie, les statues installées dans l’espace public cristallisent les revendications de militants antiracistes et décolonialistes, principalement dans la continuité du mouvement Black Lives Matter. La statue équestre honorant Léopold II à Bruxelles, qui illustre la couverture du livre de Bertrand Tillier, est emblématique de ce moment puisqu’elle a subi à plusieurs reprises les assauts des activistes. Mais les dégradations qui se sont produites pratiquement sur toute la planète après la mort de George Floyd en 2020, si elles se rejoignent pour la plupart dans leurs motivations, doivent être inscrites dans un mouvement plus large et plus ancien de réactions face à ce type de monument.