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La liberté de conscience dans l’Asie moderne et contemporaine : appropriations et circulations d’une notion et d’un droit (Bordeaux & en ligne)

La liberté de conscience dans l’Asie moderne et contemporaine : appropriations et circulations d’une notion et d’un droit (Bordeaux & en ligne)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Eddy Dufourmont)

La liberté de conscience dans l’Asie moderne et contemporaine : appropriations et circulations d’une notion et d’un droit

Université Bordeaux Montaigne et en ligne 

Les 24-25 novembre 2023. 

Organisateur :  Eddy Dufourmont

Contact : eddy.dufourmont@u-bordeaux-montaigne.fr

Date limite de remise des candidatures (à envoyer à l’adresse de contact) : 1er février 2023.

Le point de départ de la réflexion qui motive le futur colloque est l’ouvrage de Dominique Avon, paru en 2020, La liberté de conscience. Histoire d’une notion et d’un droit. Dans cette somme monumentale, l’auteur brosse une histoire de ce mot qui correspond à une liberté et un droit, posant dès le départ le problème de la distinction du terme avec ceux de liberté de religion ou de liberté religieuse (la liberté de conscience étant plus large que celles-ci puisqu’elle pose la possibilité de quitter une religion). L’apport principal de l’ouvrage est de poser la place centrale du rapport triangulaire entre sujet individuel, autorité politique et autorité religieuse.  

 Comme toute synthèse, la limite de la démarche repose sur les travaux cités qui fondent la réflexion sur un pays ou une aire géographie précise, trop peu nombreux au regard de ceux-ci. Dans le cas de l’Asie, il apparaît ainsi que l’ouvrage de Dominique Avon est avant tout un point de départ et une invitation à tout asiatisant à s’interroger sur la place de cette notion dans la formation des Etats et sociétés contemporains sur lesquels il travaille. C’est pourquoi, dans la continuité de l’ouvrage et en dialogue avec Dominique Avon lui-même, nous souhaitons inviter les spécialistes de l’Asie, qu’ils relèvent de l’histoire, des sciences politiques ou encore de la sociologie religieuse, à mener une recherche sur la problématique appliquée à leurs pays respectifs. Nous pourrons ainsi, à terme, questionner la périodisation adoptée par l’auteur, qui distingue une époque de « conscience des Lumières » (1720-1880), « des luttes pour l’imprescriptibilité de la liberté de conscience » (1880-1945) et celle d’« une conscience en doute, sa liberté en question » (1968-2018) d’où l’Asie de l’Est est du reste quasiment absente. 

 S’il est indéniable qu’une histoire mondiale de cette notion est possible la réflexion doit être fondée en termes d’appropriation et de circulation et non en terme de réception et d’influence. L’histoire intellectuelle, dans ses avancées récentes, a repensé l’analyse scientifique de ce type de phénomène et offre des outils qui peuvent intéresser toutes les disciplines. Michel Espagne, avec l’historiographie du transfert culturel, a montré que le déplacement d’une idée s’inscrit dans un contexte dont la recherche ne saurait épuiser les contours, puisque les questions de traduction, d’appropriation sous ses formes très variées, sont des problèmes et non des évidences. L’histoire sociale des idées politiques, par son caractère systématique, envisage un projet global distinguant quatre contextes permettant de saisir la production, la circulation et l’usage d’une idée (contextes sémiotique, matériel, social et individuel). Dans ces perspectives, il est possible d’analyser la circulation de la notion de liberté de conscience en problématisant le processus de traduction, ainsi que la circulation entre Europe et Asie et la circulation intraasiatique par une identification des acteurs (individuels et collectifs). Les pistes suivantes pourraient être explorées pour structurer la réflexion et fédérer les recherches : 

1)     Autour de la notion même de liberté de conscience (historiciser le processus, problématiser la traduction)

-La traduction du terme depuis les langues européennes vers les langues asiatiques : 

-La distinction du terme avec « liberté de religion »/ « liberté religieuse ». 

-Circulation de la notion et des textes/documents la portant vers l’Asie (notamment les Lumières) et en Asie. On pourra traiter par exemple des textes de Kant (Qu’est-ce que les Lumières ?; La religion comprise dans les limites de la seule raison) ou Locke (Lettre sur la tolérance), ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. 

2)     La liberté de conscience en pratique

-La liberté de conscience et ses acteurs (identifier les acteurs individuels et collectifs qui en Asie la porte ou s’y opposent).

-Analyser le cadre politico-légal les rapports individu/ Associations, groupes religieux avec l’Etat.

-L’impact sur les pratiques religieuses et le rapport individu-autorité religieuse.               

Envisagé dans la continuité des travaux qui ont mené à l’ouvrage Asia and the secular. Francophone Perspectives in a Global Age (De Gruyter, 2022), le colloque visera surtout, comme première étape, à réunir les chercheurs francophones intéressés à la question.