Avec la publication en 2018 du Revenant, l’anthropologue Éric Chauvier revendiquait ouvertement la part de fiction de son écriture. On aurait pourtant tort d’y voir une forme de dérive par rapport au sérieux du travail sociologique dont rend compte une œuvre qui se développe pour l’essentiel chez l’éditeur Allia sous la forme de textes brefs, incisifs, qui deviennent la scène d’une épreuve du monde social que les enquêtes de Chauvier ne cessent d’interroger dans ses (im)possibilités. À l'initiative de Peter Frei & Thomas Hunkeler, la revue suisse Versants consacre un sommaire au travail de l'anthopologue, sous le titre "Éric Chauvier. Une poétique de l'intervention". Il s’ouvre sur la contribution de Laurent Demanze qui s’intéresse au « réajointement entre littérature et anthropologie » dans ce qu’il nomme, avec Chauvier, la « raison littéraire » d’une écriture de l’ordinaire. Jean-Pierre Bertrand et François Provenzano en interrogent ensuite « l’agentivité proprement littéraire » dans sa capacité à dire, aux interstices mêmes des « faillites du langage », la « crise de l’expérience » qu’après Walter Benjamin Chauvier permet d’identifier dans notre rapport au monde. Peter Frei, Julia Gelshorn et Thomas Hunkeler se penchent dans leurs contributions respectives sur la notion de « fiction » que les dispositifs d’écriture d’Éric Chauvier permettent précisément de penser comme réponse à cette crise à la fois de l’expérience et du langage. Sophie Jaussi la met, quant à elle, à l’épreuve d’une expérience critique particulière : celle de la lectrice, du lecteur des fictions d’Éric Chauvier. Marc-Henry Soulet montre enfin que ce travail de et sur la fiction d’une "enquête fictionnelle" n’est justement pas, chez Chauvier, une sortie de l’anthropologie, mais au contraire une confrontation avec les "contradictions internes" de sa discipline. Fabula vous invite à parcourir ce sommaire en libre accès…
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Publié le par Faculté des lettres Université de Lausanne