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Formes et expressions du temps long dans les albums de jeunesse anglophones d’aujourd’hui

Formes et expressions du temps long dans les albums de jeunesse anglophones d’aujourd’hui

Publié le par Marc Escola (Source : Élise Ouvrard)

À la fois objet commercial et œuvre d’art, l’album de jeunesse se fabrique, se vend, s’achète, s’offre, s’emprunte dans les bibliothèques, se découvre en ligne, se prête ou se collectionne. Il est lu et regardé, re-lu et re-regardé, feuilleté à l’envers, touché et manipulé, comme y invite la dimension multi-sensorielle associée à la matérialité de l’objet livre (Van der Linden, 2006 ; Ouvrard, 2022).

Dans certains cas, le contenu est uniquement pictural (livres sans texte). Ce sont de fait les illustrations qui fondent la nature du genre « album » (Mickenberg et Vallone, 2011). Le temps nécessaire pour s’imprégner des détails d’une image ou d’un tableau est d’ailleurs souligné par Felski (2020) dans son ouvrage consacré aux liens affectifs que les individus tissent avec l’art. Browne évoque lui aussi la complexité des images dans Playing the Shape Game (2011), tout comme Bang plus récemment (2016).
Les créateurs d’albums gardent en tête qu’ils s’adressent à des enfants mais, on le sait, ils pensent également aux adultes (Nodelman, 2008) : le parent qui lit à voix haute des histoires à ses enfants ; l’adulte qui lit pour lui-même parce qu’il/elle est bibliothécaire, libraire, critique, enseignant(e), qu’il/elle travaille avec des enfants, et qu’il/elle se familiarise avec le contenu d’un livre nouvellement arrivé.

L’album de jeunesse, comme rappelé par plusieurs chercheurs dans ce domaine (Prince, 2021 ; Mickenberg et Vallone, 2011), a pour but d’instruire et d’amuser les enfants. Il transmet des valeurs (modifiées au fil des époques), des façons d’envisager le monde et d’être au sein du monde, de percevoir les autres avec leurs manières de vivre ou de se comporter. Il constitue un accompagnement à l’expérience vécue.

Régulièrement, les créateurs et les éditeurs qui travaillent ensemble perçoivent la nécessité de faire évoluer les contenus et les styles des albums à la lumière des changements qui se font jour dans la société (Prince et Thiltges, 2018).

Le colloque propose de réfléchir à la place qu’occupe le TEMPS LONG dans l’album de jeunesse contemporain, depuis 2000, en anglais. Ce temps long, ce « temps lent », pour reprendre l’expression de Keats, s’oppose au temps fractionné par les micro-tâches et fragmenté par les sollicitations qui s’accumulent, au temps consacré à « lutter contre le temps » (Chalanset et Danziger, 1994). Plusieurs pistes d’analyse de corpus pourraient alors être envisagées en ce qui concerne ce TEMPS LONG qui peut impliquer le temps comme thématique et/ou comme esthétique au cœur même des albums mais aussi le temps associé aux moments de lecture, d’observation et d’échanges entre l’adulte et l’enfant, ou encore la qualité, la profondeur, le rayonnement de ce temps-là.

Nous aimerions susciter la réflexion à partir d’exemples d’albums de jeunesse singuliers ou de la mise en réseau d’albums d’un même auteur ou de plusieurs auteurs, illustrant une autre façon de faire l’expérience du temps – étendu, contemplatif, silencieux, inventif, et ainsi une autre expérience du monde et des autres.

On peut penser à l’analyse d’un titre en particulier avec des albums tels que Fletcher and the Caterpillar (2021), Little Sap (2021), Another (2019) ou encore Watercress (2021).

On peut également songer par exemple aux œuvres de Julie Fogliano, Lane Smith, Kevin Henkes ou encore Nikki McClure (la liste est loin d’être exhaustive).

Le colloque est aussi potentiellement ouvert à des traductions d’albums en français vers l’anglais ; Notre cabane de Marie Dorléans (2020) a par exemple été traduit sous le titre Our Fort en anglais (2022).



Les propositions de communication (en français ou en anglais) devront être envoyées à

Véronique Alexandre (veronique.alexandre@unicaen.fr) et Elise Ouvrard (elise.ouvrard@unicaen.fr) avant le 31 janvier 2023

et seront accompagnées d’une courte bio-bibliographie d’une quinzaine de lignes.