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Disparition et mutation du monde connu. Approches identitaires, postcoloniales et écocritiques (revue Cadernos de Literatura Comparada, nº 48, juin 2023)

Disparition et mutation du monde connu. Approches identitaires, postcoloniales et écocritiques (revue Cadernos de Literatura Comparada, nº 48, juin 2023)

Publié le par Jean-Christophe Corrado (Source : José Almeida)

Cadernos de Literatura Comparada, nº 48 (Juin 2023)

Disparition et mutation du monde connu

Approches identitaires, postcoloniales et écocritiques

Date-limite : 26 février de 2023

Bien plus qu’avant, nos sociétés ont à présent pris toute la conscience de la 
possibilité concrète de la disparition ou de la simple mutation. Elles se savent 
changeantes, même si elles ont souvent du mal à l’admettre et manquent de
recul pour le penser, ce que Paul Valéry traduisait dans le contexte de son 
époque par "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles".
En effet, à une perception stable et immuable des choses, fondée sur une
ontologie figée, se sont historiquement opposées des approches dynamiques du 
cours de l’Histoire, que l’on songe à la conception héraclitienne du perpétuel 
changement et du renouvellement du cosmos, relayée par Camoens dans son 
célèbre "Changent les temps, changent les volontés", ou à la méfiance par rapport à la 
métaphysique occidentale dont Édouard Glissant est, plus près de nous, le 
théoricien héritier, quand il développe le concept opératoire de « chaos-monde »
(Glissant, 1997) ou de « Poétique de la Relation » (Glissant, 1990), réinterprété 
dernièrement à partir de la lecture des complexités du contemporain proposée 
par Dominique Viart (2019), notamment au croisement du concept d’inséparé
mis en orbite par Dominique Quessada (2013).

De même, la tension messianique judéo-chrétienne, en introduisant dans le 
récit eschatologique l’espérance d’une nouvelle terre, d’une terre promise, a 
activé la perception de la mutation nécessaire, voire souhaitable du monde, dont 
la modernité a pris la relève en hypostasiant, dans ses différents métarécits, les 
catégories de la révolution et du progrès (Lyotard, 1979).
De fait, l’Histoire, tragique parce qu’inachevée, n’a cessé d’illustrer cette 
dynamique de mutation des empires, des peuples et des nations dont découle 
forcément, et selon les lieux et les circonstances, la disparition du monde connu. 
Celle-ci s’est historiquement traduite par la succession des puissances, 
l’enchaînement des grandes religions et spiritualités, les entreprises
évangélisatrice et islamisatrice, la consolidation des colonisations consécutives 
depuis les Découvertes, la complexité et l’interconnexion de la traite négrière et 
du commerce triangulaire.

En effet, il en a toujours résulté des migrations, des déplacements de
frontières, des conversions plus ou moins forcées, des déracinements culturels, 
des pertes de repères identitaires et d’habitats. De sorte que tout souci de 
préservation et de pérennisation d’un monde se heurte à des dynamiques qui
vouent ce monde connu à la disparition, ou à une mutation radicale. Il suffit 
pour s’en rendre compte de se projeter sur l’histoire du Maghreb, des 
Amériques ou, plus récemment, de l’Europe post-communiste. 
Si le dynamisme historique induit des réactions idéologiques et des 
réticences sociales extrêmes et opposées, comme on le voit en Europe 
aujourd’hui, lesquelles vont du tout multiculturel à la revendication identitaire
nationaliste, ou du ressenti nostalgique de certitudes et de repères effondrés, 
comme par exemple le phénomène d’« Ostalgie » (Ahbe, 2005), ou le vécu 
traumatique postmémoriel (Hirsch, 2008), il a également motivé et mobilisé des 
approches théoriques du fait littéraire qui, à partir des études postcoloniales
(Bhabba, 2007 ; Amar, 2008), des études décoloniales (Mignolo, 2013), des 
études culturelles (Baetens, 2003 ; Engel, 2008), des études régionales et 
atlantiques (Gilroy, 1993 ; Schäfer, 2010) à l’écocritique (Barry, 2009) décrivent 
les complexités du monde présent à partir d’un point de vue mobile, global et 
problématisant (Damrosch, 2003).

Mais la disparition et la mutation du monde connu touchent aussi d’autres 
questions et phénomènes contemporains comme la migration numérique 
(Doueihi, 2013) et le changement structurel de la sphère publique et politique 
provoqué par le recours aux moyens numériques (Han, 2021). Elle s’inscrit 
également dans le démantèlement du prolétariat (Ellul, 1982), des classes 
moyennes (Gaggi et Narduzzi, 2006) et de certains métiers au profit de 
nouvelles professions, ainsi que dans l’irreconnaissabilité de certains quartiers 
des villes-monde (Sassen, 1991), redéfinis comme lieux de métissage, de 
créolisation, de cosmopolitisme ou d’une nouvelle acculturation de l’autochtone
face au contexte diversitaire.

C’est à la réflexion sur ces problématiques, historiques ou en cours
interrogées par la littérature, que nous invitons les chercheurs à se pencher, dans 
un cadre comparatiste, à partir des axes suivants, en rapport avec les enjeux de 
la disparition et mutation :

1. du territoire et des repères socioculturels ;
2. de l’habitat humain ou écologique ;
3. des repères identitaires personnels ou collectifs ;
4. des assises identitaires nationales ;
5. du cadre traditionnel et analogique du fait de la numérisation.

Tous les articles doivent nous parvenir par courriel à cadernos.peerreview@gmail.com jusqu’au 26 février 2023.

Les articles soumis  doivent respecter les normes de publication de Cadernos de Literatura  Comparada, disponibles sur :

https://ilc-cadernos.com/index.php/cadernos/about/submissions 

(Si l’article n’observe pas le protocole de rédaction de la revue, les organisateurs du volume se réservent le droit de le refuser en ne le soumettant pas à la procédure d’expertise en double aveugle).

Les travaux inédits seront acceptés dans les langues suivantes : portugais, anglais, espagnol et français.

Ce numéro 48 de Cadernos de Literatura Comparada est supervisé par :

Maria de Fátima Outeirinho & José Domingues de Almeida