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Différence(s) et singularité dans les arts (Sousse, Tunisie)

Différence(s) et singularité dans les arts (Sousse, Tunisie)

Publié le par Marc Escola (Source : colloque jeptav)

Colloque international

Organisé par le Centre International de Recherche et de Documentation sur les Arts Vivants (CIRDAV),

l’association « Radhedh » méditerranéen pour les arts

et l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Sousse.

Différence (s) et singularité dans les arts

à Sousse (Tunisie), les 4 et 5 mars 2023.

Il est parfois vain de vouloir définir certains concepts et d’en fixer définitivement le sens. L’homme par exemple change à peine on en a donné une définition. Il est déjà autre que ce qu’il était il y a quelques instants. Il en est de même de l’absurde qui cesse d’être absurde une fois défini. Le concept de différence n’échappe pas à cette loi. Souvent associé à la dissemblance, à la disparité, à la distinction et à un écart par rapport à ce qui est admis, il fait germer dans l’esprit de celui qui médite sur son sens et sur ses acceptions une forme de comparaison et une volonté de se démarquer favorablement des autres pour acquérir une certaine singularité (individus, courants de pensée, arts, pratiques culturelles, etc.). C’est ce qui fait que son sens demeure difficile à cerner et qu’il change constamment selon le contexte dans lequel il est utilisé. Dans la philosophie grecque, particulièrement dans la pensée d’Aristote et de Platon, la différence renvoie à la négation de l’identité et elle est rattachée à la question de l’altérité. Dans L’Écriture et la différence (1967), Jacques Derrida « déconstruit » le clivage entre différence et altérité et lance le concept « différance ». De même, dans Totalité et infini (1961), Emmanuel Lévinas soutient la thèse selon laquelle il y a une différence originaire et une différence ontologique, une différence entre la totalité et l’infini.  De plus, différence et singularité semblent former une entité sémantique dans la mesure où chaque concept renvoie par ricochet à l’autre et en complète le sens.

Associé au verbe être, l’adjectif différent renvoie souvent à un caractère négatif ou à une donnée inacceptable. Ainsi « être différent » signifie-t-il être à part ou à l’écart de ce qui est connu. La différence est parfois difficile à accepter et elle est sévèrement sanctionnée. Elle porte préjudice du moment qu’elle annonce une donnée nouvelle susceptible d’ébranler les certitudes et d’introduire des faits nouveaux sur lesquels les gardiens zélés de la tradition n’ont encore aucune prise. Elle lèse les intérêts et bouleverse les habitudes de ceux qui œuvrent ardemment à maintenir l’ordre établi. La différence est annonciatrice de renouvellement accompagné d’un appel à établir une comparaison entre ce qui est et ce qui sera.

Dans le domaine des arts, différence et singularité semblent marquer les tendances nouvelles, celles qui s’écartent délibérément des sentiers battus, des styles connus  et des techniques usuelles. Art classique, art nouveau, art moderne, art contemporain, etc. sont irrémédiablement marqués par la différence d’avec ce qui était établi et communément admis. Le concept art nouveau, par exemple, est paru pour la première fois dans le magazine L’Art Moderne en 1894. Il a été utilisé par Edmond Picard, un critique d’œuvres d’art, pour souligner la différence entre la production artistique d’Henri Van De Velde et celle des artistes de son temps. La qualification a été à l’origine de vives polémiques et a suscité un débat autour des styles et des techniques auxquels les artistes ont eu recours et qui ont été à l’origine de leur singularité et de leur différence d’avec leurs contemporains et de leurs prédécesseurs. Quand Matisse, Vlaminck et Derain ont exposé leurs œuvres au Salon d’Automne en 1905 et ont opté pour des couleurs primaires et brutes ainsi que pour des formes simples suggérées par de larges touches, les critiques de l’époque -Louis Vauxelles notamment- les ont qualifiés de « fauves ». Leur différence et leur singularité leur ont valu cette « insulte » qui a été à l’origine de tout un mouvement artistique, le « fauvisme ».

Art nouveau, fauvisme, expressionnisme, cubisme, futurisme, etc. se distinguent par leur écart par rapport aux normes fixées par l’art classique. Ces courants artistiques transgressent délibérément les normes déjà instituées. C’est en ce sens qu’ils se présentent comme singuliers et marqués par la différence d’avec les pratiques artistiques du siècle qui a précédé. Sont-ils l’expression d’un malaise social qui a marqué la société européenne d’avant-guerre, celle de 1914 ? Les œuvres qui sont souvent agressives, oppressantes et parfois choquantes renvoient-elles à une angoisse qui a habité les esprits et qui a généré des expressions artistiques singulières ? James Ensor, Van Gogh, Edvard Munch, Marinetti, Georges Braque, Pablo Picasso et tant d’autres artistes de la fin du XIXème et du début du XXème siècle ont contribué, chacun à sa façon, à mettre en avant une conception autre de l’art et un style différent des autres peintres. Sont-ils pour autant anti-traditionnalistes, singuliers et originaux ou renvoient-ils plutôt à des expériences variées dans le même champ assez vaste, celui de l’art ? La différence signifie-t-elle immanquablement la singularité ? Est-elle perçue comme un rejet des carcans qui jadis galvaudaient l’expression artistique, laquelle expression ne peut être conçue que comme un acte libre quand bien même celui-ci ne répondrait pas à l’attente du public ?

Les artistes qui se réclamaient de l’art moderne et ceux qui ont évolué en pleine période surréaliste comme Salvador Dali, Marcel Duchamp, René Magritte et tant d’autres, peuvent-ils être considérés aujourd’hui comme les ancêtres de l’art contemporain dans la mesure où ils ont présenté des expérimentations singulières et ont ciblé la différence d’avec les expressions artistiques habituelles ? Il est licite de se demander si l’art contemporain, né après les années 80, n’est en réalité que le fruit ou la résultante de différentes expérimentations. Le mérite de l’art contemporain n’est-il pas dans le travail acharné pour briser les chaines institutionnelles et se démarquer des lieux traditionnels (musées, galeries d’art, etc.) ?

Par ailleurs, différence et singularité sont manifestes dans les productions littéraires et cinématographiques. En effet, l’art cinématographique ne se réduit pas à un simple spectacle présenté au public sous forme d’une histoire ou d’un récit (fiction ou documentaire). La différence avec le récit littéraire et avec la scène théâtrale est évidente vu que cet art s’appuie sur l’image pour faire passer un contenu (scientifique, idéologique, ou autre). Si le théâtre est un art vivant, le cinéma est un spectacle enregistréet présenté en différé. La singularité de celui-ci réside dans sa capacité à refléter les données d’une culture spécifique –il en est l’expression- . Elle réside aussi dans la richesse et la variété des palettes esthétiques dont la singularité et le maître-mot.

Comme il y a un cinéma différent de ce qui est connu par le large public et qui est entrain de gagner la sphère culturelle, une littérature de la différence a vu, elle aussi, le jour en Espagne dans les années quatre-vingt et a été à l’origine de tout un courant littéraire appelé Literatura de la diferencia.Cette production littéraire, poétique essentiellement, rejette les canons de la littérature officielle, casse les moules, évite les sentiers battus et construit des univers bien siguliers. Elle s’inscrit dans une esthétique nouvelle et la différence n’y est pas qu’un simple thème. 

Différence et singularité sont aussi remarquables dans l’architecture et l’ornementation, dans le design image et le design produit, dans l’installation et les autres arts éphémères, dans le théâtre, le cinéma, la littérature et les arts de la rue, dans les chorégraphies et les différentes formes de danse artistique, dans les scénographies les décors nouveaux (recours à l’éclairage artificiel et ses nouveaux ressors, à la vidéo et aux autres supports numériques), et tous les champs de la création qui sont apparus, dictés, probablement, par les exigences d’un mode de vie nouveau.

Les axes de réflexion :

-Différence (s) entre art classique, art moderne et art contemporain : assises théoriques et singularité de certaines expériences plastiques (peinture, sculpture, etc.), littéraires, cinématographiques…

- Art éphémère, installation, sreet art, etc. : formes artistiques singulières et rapports particuliers à l’espace.

- Théâtre et spectacles de rue : évolution, différence de style et singularité de certaines expériences.

-Le design, un art singulier ?

-Spécificités et singularité de l’art architectural. 

-Différence (s) entre les scénographies anciennes et contemporaines : l’apport des nouvelles technologies. 

-Le cinéma, un art singulier par essence ?

-Littérature de la différence et littérature sur la différence. Singularité de certaines écritures. 

Dates clés du colloque :

* 20 janvier 2023: dernier délai pour envoyer des propositions de communication (intitulé et résumé (300 mots/Format WORD) + CV sommaire).

*30 janvier 2023 : dépouillement et sélection des communications par le comité scientifique.

* 01mars 2023 : dernier délai pour envoyer le texte complet de la communication.

* 01 avril 2023 : dernier délai pour envoyer le texte complet pour la publication.

* 01 mai 2023 : publication des actes du colloque.

Frais de participation pour les intervenants étrangers (hébergement (2 nuitées) + restauration+ kit du colloque + pause-café + souscription à la publication des Actes du colloque au cas où la communication serait retenue par le comité de lecture): 150 Euros.

Frais de participation pour les Tunisiens (kit du colloque + pause-café + déjeuner + souscription à la publication des Actes du colloque au cas où la communication serait retenue par le comité de lecture): 150 DT.

Comité scientifique :

HafedhDjedidi : Pr. de l’Enseignement supérieur: études théâtrales et arts du spectacle, Université de Sousse.

Faten Chouba Skhiri : Pr. de l’Enseignement supérieur en arts plastiquesUniversitéde Sousse.

Fetah Ben Ameur :Pr. de l’Enseignement supérieur en arts plastiques, Université de Sfax.

Adel Ben Youssef : Pr. de l’Enseignement supérieur en histoire contemporaine, Université de Sousse.

Samir Becha : Pr. de l’Enseignement supérieur en musique et musicologie, Université de Tunis.

Raif Malek: Pr . de l'Enseignement supérieur en design, Université King Abdulaziz Arabie Saoudite

Ali Aoun : HDR en littérature comparée, Université de Tunis Al-Manar.

Président du colloque : Hafedh Djédidi

Coordinateur du volet arabe :  Abdelkrim Kraïem

Coordinateur du volet français : Sonia Daou

Comité d’organisation :

-Ali Aoun

-Sadok Zayène

- Mariem Karrout

Les propositions de communication  en français sont à envoyer avant le 20 janvier 2023, à l’adresse suivante :  soniadaou2008@yahoo.fr

Les propositions de communication  en langue arabe  sont à envoyer avant le 20 janvier 2023, à l’adresse suivante : kraimabdelkarim@hotmail.fr