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Traductions, traductrices et femmes (re)traduites : la place des re(s)-sources (Saint-Étienne)

Traductions, traductrices et femmes (re)traduites : la place des re(s)-sources (Saint-Étienne)

Publié le par Marc Escola (Source : Marian PANCHÓN HIDALGO)

Journée d’étude internationale (24 février 2023)

Structure Fédérative de Recherche ALLHiS (Approches Littéraires, Linguistiques et Historiques des Sources)

Université Jean Monnet, Saint-Étienne
 
Traductions, traductrices et femmes (re)traduites : la place des re(s)-sources

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À la suite du premier séminaire jeunes chercheur·es organisé le 14 avril 2022 par ALLHiS intitulé « Genre et sources. Lecture, relecture, mélecture », cette journée d’étude internationale vise à poursuivre la réflexion sur les études de genre et les sources, mais en intégrant la question de la traduction à travers l’Histoire.

Comme l’indique Jean Delisle, l’Histoire de la traduction constitue la « branche de la traductologie dont l’objet est l’étude de tous les aspects de l’activité de traduction au cours des âges » (2021 : 157). Elle nous facilite donc l’accès aux grand·e·s traducteur·trice·s du passé, leur vision de la traduction, leurs écrits, les raisons pour lesquelles elles/ils ont traduit tel ou tel ouvrage (Delisle 2003 : 222). Lieven D’hulst, pour sa part, explique que l’Histoire de la traduction représente « pratiquement le seul moyen de retrouver l’unité d’une discipline, en montrant les parallèles et les regroupements entre des traditions de pensée et d’activité divergentes, en rapprochant le passé et le présent » (1994 : 12-13). Cette discipline est certes très liée aux études de genre et aux études féministes, qui se sont de plus en plus développées depuis les années 1970. Ce mouvement a permis de se pencher davantage sur les rapports entre le genre et l’Histoire de la traduction. En effet, dès la seconde moitié du XXe siècle, des études historiques ont commencé à être menées sur les femmes traduites, les traductrices ou les relations de pouvoir existantes entre les sexes, ce qui a indéniablement affecté la littérature traduite. Ceci implique non seulement la censure ou le silence du travail effectué par les écrivaines et les traductrices, mais aussi le manque de reconnaissance des femmes en tant que protagonistes du champ culturel (von Flotow 2011 : 2). De fait, le contexte politique et culturel, à travers la traduction, décide délibérément quel·le écrivain·e traduire et quelles idées étrangères diffuser.

Dans la lignée des différents événements scientifiques tenus en France ces cinq dernières années autour de la traduction et du genre (FELiCiTE 2018-2022 ; « Traduire le genre » 2020-2021 ; « Voix réduites au silence dans l’Histoire : traduction, genre et (auto)censure » 2022) ainsi que des publications éditées depuis ces dix dernières années (Castro & Ergun 2017 ; Dictionnaire du Genre en Traduction 2021- ; von Flotow & Farahzad 2017 ; von Flotow & Kamal 2020 ; von Flotow & Scott 2016 ; La main de Thôt 2013, Yu 2015), notre objectif est de proposer une journée d’étude où le traitement des re(s)-sources occupe une place prépondérante dans le domaine de l’Histoire de la traduction et des études de genre/féministes afin de continuer à rendre ces autrices et traductrices visibles aujourd’hui.

Par « source » nous entendons non seulement les matériaux à l’origine d’une œuvre, mais aussi les traductions et documents afférents, qui constituent à leur tour un matériau. Celui-ci vient remodeler le texte et lui apporter une vie nouvelle en suscitant sa lecture et sa réception dans des sociétés autres que celle d’origine, par des publics différents eux aussi. En cela, ces sources peuvent devenir re(s)-sources (Nicou 2019). C’est pourquoi cette journée d’étude abordera, entre autres, la question des femmes (re)traduites ou traductrices par le biais des re(s)-sources archivistiques relatives aux ouvrages écrits ou traduits par elles (brouillons de traductions, correspondance), des re(s)-sources journalistiques en rapport avec l'édition de leurs traductions (entretiens, comptes rendus, critiques), des re(s)-sources littéraires en elles-mêmes (traductions, retraductions, paratextes) ou même des re(s)-sources liées à la non-traduction ou à la mutilation de leurs publications (dossiers de censure dans des contextes dictatoriaux, voire théoriquement démocratiques). 

Les communications seront en français mais toutes les langues et sphères culturelles pourront être étudiées. Merci d’envoyer votre proposition (environ 400 mots) avant le 19 décembre 2022 à Marian Panchón Hidalgo (mpanchon@go.ugr.es), membre du bureau d'ALLHiS.

Une publication sera prévue dans la collection les Cahiers d’ALLHiS (Éditions Chemins de tr@verse). 

Références bibliographiques :

Castro, Olga et Emek Ergun (Éds.) (2017) : Feminist Translation Studies: Local and Transnational Perspectives, New York, Routledge. 

CNRS - UMR LEGS (2021-) : Dictionnaire du Genre en Traduction [en ligne] : https://worldgender.cnrs.fr/

Delisle, Jean (2003) : « L’Histoire de la traduction : son importance en traductologie, son enseignement au moyen d’un didactiel multimédia et multilingue », FORUM, 1(2), pp. 1-16.  

Delisle, Jean (2021) : Notions d’histoire de la traduction, Laval, Presses de l’Université de Laval.

D’hulst, Lieven (1994) : « Enseigner la traductologie : pour qui et à quelles fins ? », Meta, 39(1), pp. 8-14. 

Fillière, Carole (Dir.) (2013) : « Genre et traduction », La main de Thôt, 1. 

Flotow, Luise von (Éd.) (2011) : Translating Women, Ottawa, University of Ottawa Press.

Flotow, Luise von et Joan W. Scott (2016) : « Gender studies and translation studies: “Entre Braguette” – Connecting the Transdisciplines », Yves Gambier et Luc van Doorslaer (Éds.), Border Crossings: Translation Studies and other disciplines, Amsterdam/Philadelphia, John Benjamins Publishing Company, pp. 349-374.

Flotow, Luise von et Farzaneh Farahzad (Éd.) (2017) : Translating Women. Different Voices and New Horizons, New York, Routledge. 

Flotow, Luise von et Hala Kamal (Éd.) (2020) : The Routledge Handbook of Translation, Feminism and Gender, New York, Routledge. 

Nicou, Pascaline (Éd.) (2019) : Sources ou re(s)-sources, Neuville-sur-Saône, Éditions Chemins de tr@verse. 

Yu, Zhongli (2015) : Translating Feminism in China. Gender, Sexuality and Censorship, New York : Routledge. 



Derniers événements scientifiques autour du genre et traduction en France :

Projet FELiCiTE : Féminismes En Ligne : Circulation, Traductions & Éditions (2018-2022). Labex COMOD et Laboratoire Triangle (UMR 5206). ENS de Lyon. https://felicite.hypotheses.org/a-propos

Séminaire d’équipe « Traduire le genre » 2020-2021. Laboratoire d’études de genre et de Sexualité (LEGS). UMR 8238. Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis/Université Paris Nanterre. https://legs.cnrs.fr/seminaires/seminaire-dequipe-traduire-le-genre-2020-2021

Colloque international. Voix réduites au silence dans l’Histoire : traduction, genre et (auto)censure. 13-15 juin 2022. Organisé par l’Université de Tours et l’Université de Grenade. https://voix-traduction.sciencesconf.org

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[Image : Resting, c. 1880-1890. John Singer Sargent. National Gallery of Art]